Vous vous demandez sans doute comment je peux vouloir défendre Gotham. Parce que la série est mauvaise, qu'elle n'a pas répondu aux attentes, qu'elle raconte toujours la même chose. Pourtant, Gotham était au départ la série que tout le monde appréciait, que ce soit le charisme des personnages, la réalisation, le background ou la noirceur des intrigues. Seulement voilà, au retour de la coupure hivernale en saison 1, c'est la douche froide et beaucoup de personnes, notamment les lecteurs de comics, font le constat que Gotham est mauvaise. Je ne suis pas là pour dire à quel point cette série est magnifique et que l'on doit donner un Oscar à Robin Lord Taylor alias Oswald Cobblepot dit "Le Pingouin" (quoi qu'il le mérite). Non, cet article a essentiellement pour but de faire comprendre que tout n'est pas à jeter dans cette série.
Tout d'abord, je commencerai par le parcours scénaristique de la série et son univers qui a pas mal évolué depuis le pilote en septembre 2014. Enfin, je poursuivrai avec le background en lui-même et les multiples perspectives d'avenir de la série.
Attention, cet article contient beaucoup de spoilers. Si vous n'êtes pas à jour ou que vous n'avez pas vu la série, je vous déconeseille d'aller plus loin.
Gordon vs Gotham
Gotham est évidemment une série prenant place dans la célèbre Gotham City, très connue des fans de Batman. Dans certaines des meilleures histoires à propos du Chevalier Noir, la ville est un personnage à elle seule, influant sur les personnes qui y vivent, en particulier Batman, ne serait-ce que parce que sa volonté est de sauver sa ville de la corruption, de la mafia ambulante et des nombreux criminels qui sévissent. Évidemment, c'est un combat infini et Batman en a parfaitement conscience. Gotham est une cité sale, rongée, pourrie et pourtant en quête de rédemption. Certains ne croient plus en elle, d'autres comme Bruce Wayne et plus particulièrement James "Jim" Gordon (qui est héros de la série), choisissent de ne pas la laisser sombrer et de se battre pour elle.
C'est dans ce contexte que se déroule la série, à ceci près que c'est une préquelle, les événements se déroulant donc avant l'arrivée de Batman. Ainsi, le personnage principal est James Gordon, personnage iconique de Gotham. La série raconte principalement son histoire, sa place dans la police corrompue de Gotham et sa lutte pour demeurer intègre et purger la ville de ses démons. En un sens, c'est un justicier avant l'heure, bien avant le Chevalier Noir. Ce qui est intéressant dans la série, c'est qu'il y a beaucoup de nuances et assez peu de morale. Au point que nous ne savons pas faire la distinction entre le bien et le mal. Il est autant possible de condamner un personnage vertueux que d'apprécier un personnage qui ne l'est pas. L'écriture est suffisamment fine pour créer des personnages fascinants et ambigus, dont on comprend aisément les motivations, et pour lesquels nous pouvons ressentir une forte empathie.
Gotham, c'est un scénario autour du GCPD et de la corruption permanente dans les dessous de la ville. On se rend compte dès les premiers épisodes que l'on se trouve dans la ville du péché, et que tout est possible à Gotham City. On adopte rapidement le rythme d'un méchant important par épisode et une multitude de sous-intrigues, ce qui peut déranger parfois puisqu'on use une bonne partie de la base des vilains dès la première saison et que l'on survole l'origine des personnages. Mais quoi qu'il en soit, la genèse de certains vilains, les débuts d'Arkham et évidemment la folie qu'engendrent les patients retenus dans cet institut suffisent à donner envie de poursuivre. Là où le scénario devient intéressant, c'est dans l'évolution des personnages, étant confrontés à des problèmes majeurs. Nous sentons un instinct de survie se dégager avec l'envie de s'imposer dans la ville, une volonté des scénaristes de centrer l'histoire sur les méchants et non les enquêtes de Gordon.
Enquêtes et grands méchants
Certes, lors de sa saison 1, nous pouvons soulever que l'enjeu est relativement classique. Outre le chemin semé d'embûches de Gordon, on assiste à une lutte entre différents clans mafieux bien connus : Maroni et Falcone. Ce qu'il faut retenir, ce sont les personnages tournant autour de ces deux familles prises dans une lutte pour le contrôle de Gotham. Oswald Cobblepot, alias Le Pingouin, est une totale réussite et bénéficie d'une évolution splendide au fil des épisodes, d'autant plus que même après avoir acquis un certain pouvoir, rien n'est aisé pour lui. S'il apparaît comme un être naïf qui ne sait pas ce qu'il fait, c'est tout le contraire. Il est intelligent, calculateur et s'est joué à merveille des caïds de la ville. Personne ne l'a vu venir, même si sa situation en saison 2 commence à battre de l'aile. Il fait partie des personnages dont on ne peut justifier certains actes, mais qui attirent une certaines sympathie. De la même manière, le traitement de Nygma (futur Homme-Mystère) constitue l'un des points forts de la série, car il bénéficie d'une vraie évolution – même si la saison 2 lui fait un peu plus la part belle – et que c'est plaisant de voir les méchants avant qu'ils ne deviennent ce que l'on connaît déjà d'eux.
Une fois encore, Gotham bénéficie d'une écriture au-dessus du lot, surtout donc en ce qui concerne ses héros. Nous pouvons citer Selina Kyle, future Catwoman, naviguant déjà entre le blanc et le noir. Bullock, qui apprend à être un bon flic en fréquentant son nouvel équipier Gordon. On peut citer également Theo Galavan et sa quête de vengeance dans la seconde saison, qui sera à l'origine d'une des meilleures intrigues de celle-ci. Si la série fonctionne, c'est parce que les personnages fonctionnent, et c'est le cas non seulement grâce à leur écriture, mais autant par l'interprétation des acteurs, la plupart étant vraiment au top, notamment Robin Lord Taylor (Pingouin), Carmen Bicondova (Selina Kyle), Jada Pinkett-Smith (Fish Mooney), David Mazouz (Bruce Wayne) et Ben McKenzie (James Gordon).
La guerre pour le contrôle de la ville fut l'un des fils rouges fascinants de la saison 1, et l'un des plus consistants. C'est donc le chaos, et Jim tente de calmer le jeu. Mais c'est sans compter sur le retour de Fish et sa tentative de putsch. À la fin, on assiste à une confrontation entre Falcone, Maroni, Fish et le Pingouin qui ont tous soif de pouvoir. Cependant, Falcone se fait vieux et perd en crédibilité. Maroni se fait tirer une balle dans la tête par Fish. Cette dernière périt à cause du Pingouin et est laissée pour morte. Avec une saison de vingt-deux épisodes, la série contient des longueurs et des épisodes de remplissage qui ne font pas vraiment avancer l'intrigue. Mais dans son ensemble, la saison était bien faite et offrait de bons arcs scénaristiques et de bonnes idées. Nous sommes dans une série policière et non procédurale avec des intrigues closes. En fin de saison, nous espérions une suite plus concise et plus centrée sur ses personnages, et ce fut le cas.
À feu et à sang
Le souci de la première saison se situe dans un schéma très classique et peu engageant choisi par le créateur et ses scénaristes, à savoir un méchant par épisode. C'est d'ailleurs un point qui a clairement été porté à l'attention des responsables et n'a pas plu aux téléspectateurs. Pour la saison 2, les scénaristes ont pris soin de corriger ce défaut. En effet, cette année, Gotham est repartie sur de nouvelles bases. Concrètement, même si ceci reste évidemment à confirmer, Gotham semble avoir adopté un système d'arcs plus que de saisons, à l'instar des mangas et des comics. En d'autres termes, cette première moitié de saison 2 constitue une histoire cohérente, homogène, logique, où après la menace Falcone et Maroni, un autre grand méchant fait son apparition. Il s'agit de Theo Galavan, venu assouvir une vengeance personnelle en prenant le pouvoir à Gotham, tout en malmenant un contexte déjà fragile, malgré l'équilibre en partie retrouvé en fin de saison 1.
Galavan et sa soeur vont mettre le désordre dans la ville en libérant des psychopathes, pour ensuite se servir d'eux à leur avantage en se faisant passer pour les gentils, et ainsi montrer aux yeux de tous l'incompétence du GCPD à assurer la sécurité de la ville. À côté de cela, nous avons eu la perte de vitesse de Pingouin et sa quête de renouveau, l'émergence de la folie de Nygma, Gordon et sa transformation en "mauvais" flic, Bruce Wayne qui se rapproche encore plus de la vérité. Ceci a eu l'avantage de sortir de la routine de la saison 1 et d'être généreux. Car cet arc comporte beaucoup de situations prenantes, de retournements de situation, affectant tous les personnages, autant Gordon que le jeune Bruce Wayne et Gotham elle-même. De plus, l'arc "Rise of The Villains" multiplie les références à l'univers Batman de manière plutôt judicieuse et habile, faisant évoluer ses personnages, en en teasant d'autres (dont un qui aura certainement son importance au cours du second arc).
La série gagne ainsi en homogénéité autant qu'en intensité. En fonctionnant de cette manière, il est possible de raconter des histoires complètes, ce qui fut le cas en cette première moitié de saison. Gotham est même assez fascinante par moments, ce qui est due en partie à son imagerie générale, le soin apporté à l'image, et qui rappelle entièrement les Batman de Tim Burton. La ville affiche encore plus cette année son côté baroque un peu crade, et pourtant foncièrement belle, amenant une sorte de fascination, faisant d'elle un personnage à part entière. En tout cas, Gotham était une série éminemment sympathique en saison 1, elle frôle le sans-faute à mi-parcours de la saison 2. C'est rythmé, drôle, cohérent, puissant, dramatique, la situation évolue ainsi que les personnages, et Gotham et Bruce sont au service de l'intrigue. Le bilan est très bon pour le moment, même si l'on assiste à quelques facilités et raccourcis scénaristiques.
Univers et perspectives d'avenir
Un des autres points forts de Gotham, c'est son background, tout simplement. Quelle joie de voir un personnage que l'on a déjà croisé dans un comic-book ou dans une série ! Quelle envie de découvrir une série qui nous replonge dans la mythologie de Gotham City, surtout avec un penchant horrifique ! Donc oui, me concernant, Gotham est plaisante à suivre pour voir comment les scénaristes arrivent à s'en sortir dans un univers aussi vaste. Gotham, ce n'est pas seulement le Chevalier Noir : il y a de la matière à exploiter l'Ordre de Saint-Dumas et Le Fils de Gotham, traité cette année, notamment avec La Cour des Hiboux, La Ligue des Assassins, et puis le magistral Joker – qui a été effleuré en début de saison. Les scénaristes ont beaucoup de possibilités et il y a de bonnes raisons de croire que l'on va pouvoir suivre Jim Gordon dans une ambiance encore plus sombre, et qu'on risque de voir des personnages passer le point de non-retour, en particulier Barbara Kane et Cobblepot.
Plus précisément, je pense que les prochains épisodes seront décisifs sur l'envie de suivre du GCPD. La série s'est largement améliorée, elle a laissé tomber la guerre contre la pègre et la prise de pouvoir, ainsi que les love story un peu ennuyeuses. Il y a encore des choses à travailler, mais elle est sur la bonne voie. C'est tellement dommage qu'elle ait perdu la moitié de son public, bien qu'elle fasse partie des séries les plus regardées de la chaîne et reviendra sans souci pour une saison 3. Dans un premier temps, il faudra créer de véritables conséquences, comme ce qui est arrivé à Barbara, Galavan ou encore la mise en danger de Bruce Wayne. Il faut arrêter avec les fins faciles, où tout s'arrange et on peut vivre en paix. Dans un second temps, ce serait bien que la série prenne quelques années de plus ; faire un bond temporel et voir les changements. Ce serait du luxe notamment pour les passages avec Bruce Wayne, Gordon et le GCPD et les vilains. Il serait intéressant de voir ceci dans une prochaine saison, le prochain arc de la saison se déroulant seulement quelques temps après les événements du fall finale.
En conclusion, Gotham est une bonne pioche, sans doute meilleure que ce à quoi l'on pouvait s'attendre, et se trouve sublimée avec le premier arc de cette saison 2, qui paraît être une voie dans laquelle s'épanouissent le créateur et les scénaristes. Il reste à espérer que le soufflé ne retombe pas par la suite, mais l'arrivée d'un nouveau personnage, et les conséquences de certains événements du premier arc, devraient être intéressants à regarder. Gotham a peut-être relativement déçu en saison 1, mais elle mérite amplement une seconde chance et les épisodes précédents ont prouvé qu'elle était une bonne série.
Gotham, deuxième partie de la saison 2, c'est à partir de ce soir sur la FOX.
Que l’on soit d’accord, la série au début tout le monde l’appréciait, que ce soit du charisme des personnages, à la petite intrigue de qui est le Joker ? Mais voilà le constat, au retour de la coupure hivernal de la série, c’est la douche froide et bon nombre de personnes (notamment des lecteurs de comics) font le constat que Gotham c’est à chier (pour ne citer que Zeppeli). Je ne suis pas là pour vous dire que cette série est Ô combien merveilleuse et que l’on devrait donner un oscar à Robin Lord Taylor pour son rôle du Pingouin (on devrait, non ?) Si je suis de retour, c’est pour vous dire pourquoi je regarderai cette saison 2, et que tout n’est pas à jeter dans cette série.
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