Bon, je ne suis pas vraiment ce que l’on pourrait appeler un fan de Gotham. La série se disperse beaucoup trop à mon goût, sabote certaines origin stories de méchants iconiques de l’univers de Batman – par exemple, les épisodes 5 et 6 de cette saison – et, plus généralement, n’arrive pas à trouver l’équilibre entre l’absurde de son univers néo-noir et le sérieux dont elle essaie de faire preuve.
Néanmoins, tout n’est pas sombre dans cette série ; certains personnages valent vraiment le coup, et il s’en dégage un vrai potentiel, si les scénaristes décident un jour de mettre toutes les pièces de leur puzzle ensemble. Du coup, l’attente pour cet épisode était plus que faible de mon côté : on allait assister à une énième origin story d’un méchant – Mr. Freeze, pas le plus rassurant des vilains lorsque l’on connaît sa dernière interprétation hors animation –, l’équipe créative allait faire n’importe quoi et j'allais encore râler sur la série.
Sauf que, en fait, cet épisode se révèle plutôt cool et bien ficelé. De façon à me laisser penser que le meilleur est peut-être à venir pour Gotham.
Mr. Freeze et l’augmentation du niveau des enjeux
Alors que je pensais que les scénaristes allaient louper l’origin story de Victor Fries – a.k.a. Mr. Freeze –, je fus bien surpris. Ils utilisent l’origine du personnage telle qu'elle a été réinventée dans Batman, la série animée. Victor Fries est donc un homme qui voit sa femme mourir sous ses yeux ; ne pouvant pas supporter le fait de la perdre, il part dans une croisade pour tenter de la sauver. Sauf que, pour cela, il cryogénise des gens. Il les gèle, quoi. Ce qui n’est pas génial, vous en conviendrez. Le personnage apparaît donc comme plus complexe qu’un simple vilain souhaitant détruire Gotham, et cette ambiguïté est bien retranscrite par les scénaristes. Par ailleurs, Mr. Freeze permet à ces derniers de réellement se lâcher sur les effets spéciaux : au menu, des corps qui se gèlent mais surtout, un corps qui fond ! Bien dégoûtant, mais juste dans le ton de cette série ! C’est cool lorsque les chevaux sont lâchés.
L’équipe créative effectue également un bon travail sur Jim Gordon, ou l’homme sans aucune personnalité. Suite au meurtre de Galavan, plusieurs personnes ne croient pas à la version de Jim. Dent et le capitaine Barnes n’ont jamais été autant sur les traces du futur Commissioner, ce qui augmente de fait les enjeux. Pour la première fois depuis des lustres, je suis un tant soit peu intrigué par ce qui va suivre pour ce bon Jim. En revanche, qu’on fasse quelque chose pour Leslie Thompkins. Morena Baccarin mérite bien mieux que cela. Si vous me croyez pas, allez voir Deadpool.
Le Pingouin à Arkham
Néanmoins, la partie la plus intéressante de l’épisode reste celle concernant le Pingouin. Si je suis bien moins enthousiaste au sujet de la série que mon camarade Arno, je conçois aisément que son meilleur atout se nomme Oswald Cobblepot. Tout ce qu’il touche se transforme en matériel de qualité, ce qui n’est pas peu dire concernant le manque de constance de Gotham. Le Pingouin arrive donc à un nouveau tournant dans son histoire, après avoir vengé sa mère. Déjà, il est intéressant de voir qu’il ne dénonce pas Gordon pour le meurtre de Galavan, sans doute pour lui demander une faveur qui apparaît déjà comme destructrice pour le futur. Sans doute par arrogance, le Pingouin part donc pour Arkham, un endroit iconique dans la mythologie Batman qui n’avait pas encore été bien utilisé jusqu’à présent.
Il existe une raison pour laquelle j’ai écrit « jusqu’à présent ». L’épisode utilise en effet parfaitement les possibilités que lui offre l’asile, suivant la folie des internés. Petit à petit, Oswald se rend compte des dangers de l’institut, sans doute plus grands qu’il n’avait imaginé. Mais le personnage le plus dangereux d’Arkham n’est pas un patient, mais bel et bien le psychiatre.
Bienvenue donc à Hugo Strange ! Un autre vilain iconique de Batman nous est introduit cette semaine, et le moins que l’on puisse dire, c'est qu'il envoie du lourd. B.D. Wong est parfaitement casté pour jouer le rôle du psychiatre ; en plus de sa ressemblance frappante avec le Strange des comics, il incarne son personnage tout en retenue, tel le calme avant la tempête. La discussion entre lui et Oswald représente aisément le meilleur moment de l’épisode ; j’ai hâte de voir davantage de leur relation !
Très solide épisode de reprise pour Gotham. Les scénaristes semblent avoir la main sur leurs histoires, ainsi que sur le ton employé. C’est noir, drôle et plutôt bien foutu. Comme quoi, il y a de l’espoir pour cette série !
J’ai aimé :
- Hugo Strange. Très, très crédible.
- En général, tout ce qui concerne Arkham.
- Les enjeux de l’histoire, qui sont plus grands.
- Les effets spéciaux, très cools.
Je n’ai pas aimé :
- Jim Gordon. Je suis désolé, mais je n’aime pas du tout l’interprétation de Ben McKenzie.
- Leslie ne sert à rien.
Ma note : 14/20.