Un homme sous-estimé qui à contribué à des recherches menant à un prix Nobel de Chimie mais qui mène une vie plate de professeur en lycée et qui arrondit ses fins de mois en travaillant dans un « car-wash ».
Un homme aussi qui « supporte » sa famille, sans avoir jamais réellement son mot à dire et surtout, sans jamais penser à lui.
Un homme enfin, qui encaisse depuis des années l'écroulement silencieux de sa vie sans pouvoir la redresser.
La cerise sur le gâteau sera cette nouvelle qu'il apprendra seul et qui ne le fera même pas réagir: Il à un cancer du poumon inopérable et il lui reste, avec une bonne chimio, deux ans de survie. Mais Walter décide que ces deux années ne seront pas de la survie, mais qu'il va les vivre pleinement et les mettre à contribution pour prendre ses propres décisions, comme celle de ne pas se soigner, ou celle de fabriquer de la drogue pour laisser assez d'argent à sa famille pour vivre pendant des années, ou celle enfin, de ne rien dire à personne. Walter White décide d'avoir la classe.
La réalisation.
Chaque petit détail compte, ces choses qui font qu'en revoyant la série, on s'aperçoit que certains éléments étaient déjà là, latents, attendant de jouer leurs rôle plus tard, et ce genre de détails là nous rappellent a quel point d'autres séries sans scrupules rajoutent à la pelle des éléments sans respecter l'oeil du spectateur avertit. Tout cela fait que Breaking Bad est une série qui se respecte et qui se suit, ou l'image est aussi importante que l'histoire, et ou le scénario est solidement ancré dès le départ sans avoir à nous dire parfois « ah au fait, j'ai oublié de vous dire, y a lui aussi qui est important mais on vient de l'inventer ».
Enfin, on ne se sent jamais, et c'est remarquable, pressé: si tel élément du scénario doit être posé, l'action et l'intrigue seront mis de coté l'espace d'un ou deux épisode pour appuyer et ancrer tel personnage. Mais n'allez pas croire pour autant que le rythme en pâtit! Comme dit précédemment, aucune scène n'est inutile et il en résulte que le téléspectateur ne s'ennuie jamais. Tout est savamment dosé pour nous en apporter toujours plus sur tel ou tel élément de l'intrigue.
Registre comique
Pour décrire le premier, quoi de mieux que de partir de quelques références. Le comique de situation présent dans toute la série est digne des meilleurs films de Guy Ritchie : des anti-héros, des situations cultes et des dialogues recherchés. Que ce soit avec un flic en train de se foutre de la gueule d’un cambriolage car les voleurs portent un tonneau au lieu de le rouler, on retrouve dans ces situations un humour noir et pathétique trop peu utilisé dans les séries par rapport au grand écran.
Les plans utilisés dans les premières images des épisodes sont également complètement décalés, et augmente la noirceur de la série : zoom sur une brochette dans un barbecue nous laissant croire qu’il s’agit d’un cadavre humain, œil qui flotte dans la piscine … jusqu’à apercevoir l’ours en peluche qui l’a perdu….
Il y a aussi un comique original dans les dialogues : pas ce comique gras que l’on a l’habitude d’entendre à toutes les sauces. « Pourquoi est-ce que tu ne vends pas tout le paquet en entier ? » « Est-ce que j’ai l’air de ressembler à Scarface ? ». Des dialogues bourrés de références qui arriveront à vous faire rire même lorsque nos deux protagonistes sont en train d’enlever les traces d’un cadavre décomposé à l’éponge …
Registre dramatique
Après cet aveu, quasiment deux épisodes entiers resteront dans ce registre : scènes longues, calmes (tout du moins en musique) et propice à l’émotion, et ce sont deux épisodes très bien réussis, qui ne servent pas uniquement à meubler la saison. Comment arrivent-ils à nous garder sur le navire même sans scènes d’action ? Et bien c’est un travail de longue haleine, mais quand il est aussi bien maitrisé, on en redemanderait presque.
Il va de soit que la première clé de cette réussite vient de l’acteur principal Bryan Cranston, que l’on verra plus en détail dans la suite, et qui est époustouflant dans son rôle de père malheureux.
Ensuite vient la situation familiale autour de ce père. Lui, déjà, est atteint d’un cancer et semble malheureux professionnellement (professeur de chimie obligé d’arrondir ses fins de mois dans une station d’essence). Sa femme est enceinte, et femme au foyer. Son fils est handicapé : il éprouve des difficultés à parler et ne peut pas marcher sans béquilles. Imaginez les repas à table que cela peut donner : dur de ne pas éprouver de pitié devant une telle famille … Les deux autres personnages de la série ne font pas exception : la belle-sœur de Walter est une femme assez étrange : très bavarde et assez instable, on ne comprend pas bien sa personnalité, et son mari est un agent de la DEA, cliché du bon vieux flic aux blagues salaces qui n’a pas la langue dans sa poche. Mais on intègre en un instant la vie de cette famille difficile, parce qu’elle fait vraie.
C’est d’ailleurs cela qui permet de vivre la plus grosse scène dramatique de la série dans le cinquième épisode comme si on y était, assis sur le canapé avec tous les membres de la famille pour leur « conseil de famille ». Conseil de famille avec pour sujet le choix de Walter de prendre son traitement contre le cancer ou non. Symbolisé par « the talking pillow » (le coussin de la parole), chacun des membres de la famille prend la parole pour exprimer ou expliquer ce que Walter devrait choisir : prendre le traitement pour gagner quelques mois, ou non. Difficile de rester de marbre dans cette scène jouée par d’excellents acteurs, des dialogues durs, et par l’intervention de son fils Walter Junior. C’est là que chaque personnage avec sa propre personnalité va essayer d’ajouter sa « plus-value » si j’ose dire à cette scène : son beau frère flic s’essaie à des métaphores douteuses sur le poker ou sur le football, sa belle sœur se dispute avec sa femme, et son fils le martèle avec des « You’re a pussy » ou « T’as peur d’une petite chimiothérapie, après tout ce que j’ai traversé ? ». Cette scène de plus de 12 minutes représente pour moi ce qu’une série peut apporter de mieux dans le registre dramatique.
Et réussir à alterner ces deux registres tient donc d’une série plutôt exceptionnelle.
Trafic de drogue.
Outre la manière de traiter le sujet, les deux « trafiquants » de la saison, à savoir Crazy 8 et Tuco sont on ne peut mieux choisis. L'un étant à l'origine d'une scène magnifique (pardon pour les superlatifs, mais j'adhère totalement) de duel psychologique entre Walter et lui qui décidera de son droit de vie et de mort, et l'autre étant un personnage mémorable et haut en couleur à lui tout seul, hyper nerveux, complètement fou, comme on les aime.
Minuscule petit reproche tout de même à ce niveau là, on aurait peut-être voulu connaître Crazy 8 autant que Tuco qui pour le coup prend une vrai personnalité, quand Crazy 8 n'est là que pour donner la réplique à Walter, ce qu'il fait d'ailleurs parfaitement.
Relation Walter/Jesse
Walter White
Walter est interprété par un Bryan Cranston incroyable. Je dois dire que je ne le connaissais que dans Malcolm, en père déjanté, ou dans sa (trop) courte apparition dans How i met your mother, mais le changement qui s'opère en lui dans la série était une gageure qu'il à parfaitement maitrisé. Aucun moment ne semble sur-joué, tout paraît juste, jusqu'à son regard qui inspire la tristesse et le pathétique au début, et qui se change doucement en détermination au fur et a mesure de son évolution.
Jesse Pinkman est quant à lui interprété par un Aaron Paul plus léger car plus jeune, mais tout aussi attachant. A l'origine de certains moment tragi-comique (comme la scène du choix du bac de dissolution ou son monologue, dans le même épisode au moment ou il déverse l'acide) il s'avère tout de même être un personnage profond et interessant. Du jeune con un peu « wesh wesh » sûr de lui à l'adulte qui s'aperçoit de ses énormes lacunes, il convainc autant quelque soit la situation.
Wallter et Jesse entretiennent une relation qui elle aussi, évolue doucement. De la relation mercantile du début, on s'aperçoit que Jesse, bien que fort réticent au départ, se retourne vers Walt quand son père n'est pas là pour le soutenir. Un destin commun se met en place naturellement sans que l'on ne s'en aperçoive réellement en tant que spectateur. Leur relation est en parfaite adéquation avec les situations qu'ils vivent: improbable. Elle permet à Walt de devenir ce qu'il à toujours voulut, et de prendre enfin les décisions qu'il veut. Jesse, lui semble rapidement considérer Walter comme celui sur qui il peu compter, et malgré toute sa réticence, cède la plupart du temps aux ordres de Walter.
Tout cela leurs créé une vie parallèle à tous les deux: Walt jonglant entre sa vie familiale politiquement correcte et sa vie déjanté avec Jesse, et ce dernier au contraire, jongle entre sa vie totalement décousue de jeune junkie et celle plus « carré » avec Walt. Ils sont au final, complémentaire l'un de l'autre.
A voir, voire même, à revoir.
- L'humour noir
- La gestion des 2 registres (comique / dramatique)
- Tous les acteurs principaux
Ce que Scarch a aimé:
- La même chose que Cad
- Tout ce qui concerne la réalisation
- Le soin apporté au scénario
- La musique!
Ce que Cad n'a pas aimé:
- C'est vraiment pour trouver quelque chose, peut être quelques longueurs
Ce que Scarch n'a pas aimé:
- On en voit pas assez sur Crazy8
- Des broutilles qu'il est inutiles de mentionner par-ci par-là
Notre note: 15/20