Critique : Breaking Bad 1.01

Le 05 octobre 2009 à 00:00  |  ~ 6 minutes de lecture
Il est des séries qui provoquent passion et fanatisme, certaines le méritent (Lost, Dexter, Desperate Housewives) et d'autres moins (Heroes, NCIS... et, oui, je sais, je suis complètement subjectif, là). Il en est d'autres encore, en revanche, qui passent presque inaperçues, car peut-être sont-elles politiquement incorrectes, ou inadaptées au public audiovisuel. Et, dans le cas de Breaking Bad, c'est ce qu'il s'est passé, et c'est bien dommage.
Par Scarch

Critique : Breaking Bad 1.01

~ 6 minutes de lecture
Il est des séries qui provoquent passion et fanatisme, certaines le méritent (Lost, Dexter, Desperate Housewives) et d'autres moins (Heroes, NCIS... et, oui, je sais, je suis complètement subjectif, là). Il en est d'autres encore, en revanche, qui passent presque inaperçues, car peut-être sont-elles politiquement incorrectes, ou inadaptées au public audiovisuel. Et, dans le cas de Breaking Bad, c'est ce qu'il s'est passé, et c'est bien dommage.
Par Scarch

American Beauty?

 

Breaking bad, c'est un peu le modèle familial d'Américan Beauty avec ce petit côté politiquement incorrect qui dérange mais sans le côté propret et aseptisé du film, sur fond de trafic de drogue. C'est une série dont l'accent pathétique est maîtrisé avec brio et dont la subtilité du scénario permet au spectateur de rester scotché sans une once d'ennui pendant 42 minutes. Comme vous l'avez compris, Breaking Bad, c'est une série à découvrir, et je suis là pour vous en convaincre. Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire l'histoire :

Walter White (Bryan Cranston, le père de Malcolm dans la série éponyme, entre autres) est prof de chimie et père de famille. Un homme sans histoires, passablement pathétique et résolument ennuyant, qui n'est respecté ni par ses élèves, ni par sa famille. Il m'a fait penser à Kevin Spacey dans American Beauty, sauf que son "pétage de câble" intervient à la suite d'une triste nouvelle : il est atteint d'un cancer du poumon qui, dans le meilleur des cas, lui laisse tout juste deux ans d'espérance de vie. Comme on peut s'en douter, cette nouvelle va quelque peu révolutionner sa vie (sinon, on en n'aurait pas fait une série) et bouleverser son quotidien. Il décide d'aller trouver un dealer et de lui proposer ses services de chimiste pour lui fabriquer de la drogue. Il s'avérera être un génie dans cet art...

 

 

Un emballage fort soigné

 

L'histoire en elle-même est déjà assez intrigante pour donner envie au plus blasé des "sériophiles" de jeter un œil ne serait-ce qu'au pilote de la série et ce premier regard sera loin d'apaiser sa curiosité. Le paysage audiovisuel américain nous livre depuis quelques années de petites séries sur lesquelles on sent un vrai travail de photographie et de réalisation - je pense notamment à Pushing Daisies ou Carnivale. Breaking Bad fait partie de ces séries dont l'identité visuelle se ressent au premier coup d'œil. Le pathétique est présent dans l'image-même, via ce côté un peu terne de l'image et ces couleurs fades qui rendent le tout extrêmement immersif et c'est fort appréciable de la part d'un réalisateur de soigner l'apparence visuelle de son œuvre. En tout cas, personnellement, j'apprécie toujours quand on peut regarder une série tant pour son histoire que pour sa réalisation, surtout lorsque cette dernière procure à chaque épisode une véritable identité qui permet ensuite de reconnaître la série au premier coup d'œil.

La trame aussi sort un peu de l'ordinaire, sans non plus être une montagne d'originalité, mais commencer l'épisode systématiquement par sa conclusion qui, dans le cas du pilote en tout cas, est assez intrigante pour nous donner envie de regarder avec attention les 40 minutes qui nous aménerons là, ce procédé de narration donc est juste assez bien ficelé pour que l'histoire se tienne. Ajoutons à cela un rythme soutenu sans être haletant, et on obtient un épisode (et j'espère pour la suite une série) où on ne s'ennuie jamais.

 

 

Bryan Cranston

L'acteur principal, Bryan Cranston mérite bien un bon paragraphe à lui tout seul. Nous le connaissions dans Malcolm en père légèrement déglingué, et je pensais vraiment que ce genre de rôle était celui dans lequel il excellait particulièrement, mais la métamorphose opérée entre Hal dans Malcolm et Walter White dans Breaking Bad est saisissante. Je vous laisse en juger par les photos, mais sachez qu'outre son apparence, ce rôle semblait particulièrement fait pour lui.

 

Quand, au début de l'article, je disais que son rôle me faisait penser à celui de Kevin Spacey dans American Beauty, il n'a également rien à envier à la prestation de l'acteur oscarisé. Rares sont les héros, ou anti-héros au choix, qui marquent réellement une série de leur empreinte dès le premier épisode, et dans Breaking Bad, même si on peut me rétorquer que c'est lui que la caméra suit du début à la fin, on ne voit quand même que lui à l'écran, quelque soit la situation. Je tenais donc à saluer la performance de cet acteur qui est donc autant capable de jouer du drame pathétique aux accents humoristiques que de la comédie pure, et qui parvient réellement à transcender son rôle de Walter White, qui n'aurait pu être qu'un élément de l'histoire.

 

 

Qu'est-ce qui ne va pas ?...

 

J'ai l'impression que jusque là, je n'ai pas encore réussi à dire du mal de la série et je m'étais dit que je pourrais éventuellement le faire à la fin, quand je serais à cours d'éloges, mais j'avoue que maintenant que j'y suis, j'ai quand même du mal. Je pourrais dire que ce petit côté pathétique et politiquement incorrect pourrait heurter ou déranger, mais il est si bien assumé que ce n'est pas du tout le cas. La scène d' "amour" avec sa femme (et en regardant, vous comprendrez les guillemets que je mets autour du mot "amour") installe un malaise tout à fait maîtrisé et juste, et cela ne fait que renforcer l'immersion. Alors pourquoi seulement 14/20? Parce que c'est un pilote et que, pour le moment, cela ne mérite pas plus car, chose bien évidemment irréprochable, l'histoire est posée, les personnages sont présentés, et on n'a pas droit à un twist renversant, ou à des révélations hallucinantes, et que je ne pourrais pas mettre plus de 20 si jamais il s'avère que la suite reste dans le même ton tout en apportant une réelle intrigue.

Cela dit, vous pouvez regarder le pilote sans hésiter, je ne vois pour le moment pas grand-chose à jeter. Je vous en dis plus dès que j'ai vu la suite.

 

 

Ce que j'ai aimé :

 

  • Bryan Cranston
  • le travail sur la photographie et la réalisation
  • l'histoire
  • l'ambiance
  • le rythme et la narration

 

 

Ce que je n'ai pas aimé :

 

  • ce qu'on peut reprocher à un pilote habituellement, donc pas grand-chose
  • à voir tout de même la prestation des autres protagonistes, pour le moment complètement éclipsés par Bryan Cranston

 

Note: 14/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Dreamsteam
Dreamsteam
La critique donne envie de voir la série même si j'ai un peu peur d'être déçu !

Image Breaking Bad
14.71
14.22
14.61

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