L’étau se resserre pour nos survivants, et alors que la menace du Gouverneur est toujours plus forte, le manque de nourriture et de munitions commence sérieusement à se faire ressentir. Rick, totalement aseptisé depuis plusieurs épisodes, reprend le destin de son groupe en main et réagit enfin : c’est à son tour de se préparer à la guerre et cela commence par une petite descente en ville afin de faire quelques provisions. L’aspect survie reprend tout son sens et c’est aussi l’occasion pour le chef de la bande et son minot de retrouver une vieille connaissance et de se révéler enfin (il était temps)… d’où l’aspect plutôt lent de cet épisode. Lent, certes, mais efficace. Depuis le début de cette saison, j’ai souvent reproché à la série de trop miser sur l’excès de violence et le bourrinage : pour une fois qu’elle prend vraiment le temps de poser pleinement son intrigue et de développer ses personnages, je ne risque donc pas de m’en plaindre. Les férus d’action et de chair fraîche seront très certainement déçus, mais les fans les plus exigeants devraient tout de même y trouver leur compte. Retour sur un épisode sans fioritures ni exagérations… Un épisode comme je les aime !
Un retour inéspéré
Clear marque surtout le retour du personnage de Morgan dans la série. Vous ne vous souvenez pas de lui ? Mais si, c’est le black que Rick avait rencontré dans le premier épisode de la série alors qu’il venait juste de sortir de son coma ! Vous savez, lorsque notre shérif découvrait impuissant le nouveau monde qui s’offrait à lui, c'est lui qui lui avait sauvé la vie et offert l'hospitalité. La dernière fois que nous l’avions rencontré, il était accompagné de son gosse et ne parvenait pas à éliminer sa femme devenue zombie. On le retrouve quelques mois plus tard, seul et désemparé, à la limite de la folie. Les temps ont semble-t-il été durs pour celui qui faisait preuve autrefois d’une sacrée hargne.
Tout commence lorsque Rick, Carl et Michonne rejoignent l’ancienne ville du shérif afin de se ravitailler en armes et en munitions. Alors qu’ils découvrent que des pilleurs sont déjà passés, ils se font tirer dessus par un individu cagoulé qui n’est autre que notre cher bon copain d’antan. Son retour dans la série est une véritable surprise tant le personnage avait été mis de côté depuis un moment. Après les retrouvailles avec Andréa dans l'épisode précédent, c’est donc au tour de Morgan de retrouver le shérif, et le moins que l'on puisse dire est que ce retour ne sera pas de tout repos !
Bah alors Momo, on a perdu le sourire !
Si les choses ont beaucoup évolué pour Rick et sa bande depuis la première saison, il en est de même pour celui qui autrefois croyait dur comme fer à un retour à la normale. On savait que le shérif était un peu frappé du bocal, mais avec son ancien partenaire de survie, c’est le pompon : Morgan est devenu carrément borderline et s’amuse à écrire des phrases morbides sur les murs. En l’espace d’un seul épisode, le personnage passe d'une colère noire, où il en veut à la terre entière et où il souhaite flinguer tout ce qui bouge, à des phrases débiles du type « Tue moi s’il te plaît ». Pour sa défense, je tiens à préciser que depuis la première saison, son fils a été tué par le zombie de sa femme qu’il se refusait à abattre : forcé de vivre avec la culpabilité de ne pas avoir su faire ce qu’il fallait au bon moment, il se retrouve isolé dans un appartement lugubre, seul avec sa conscience. Sa situation est tellement déplorable (on frôle carrément le pathos) qu’on en vient à se dire que la vie de Rick n’est pas si merdique. Après tout, le shérif peut encore se vanter d’avoir son fils et une équipe qui compte sur lui.
Mais malgré la bonne surprise initiale, les conversations entre le chef de la bande et Morgan ont tendance à tirer un peu trop en longueur, et j’avoue qu’il m’est arrivé de bâiller devant tant de déblatérations. Les deux hommes se racontent leurs misères mutuelles et, oh révélation, ils découvrent que le monde dans lequel ils vivent est pourri et qu’ils ne sont pas en sécurité ! De vraies lumières ces types-là… Le black est franchement plombant et casse un tout petit peu mon enthousiasme pour cet épisode. Néanmoins, son retour (qui ne sert pas à grand-chose au final, étant donné qu’il ne rejoindra même pas la prison), aura au moins eu le mérite de remettre notre ami Rick sur les rails. Ce dernier semble enfin sortir de sa torpeur et retrouve l’envie de se battre : il croit en sa chance et repart revigoré en direction de la prison.
Des personnages en (r)évolution
Les retrouvailles avec Morgan offrent donc l'opportunité à Rick et Carl de se retourner vers leur passé : ils retrouvent ici leur « ancienne vie », et ce retour aux sources permet de mieux cerner leur évolution.
Le shérif sort enfin de sa prison dorée (oh le jeu de mot pourri) et cette confrontation avec son passé lui permettra sans doute d’y voir plus clair et de s’investir davantage dans ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire défendre les autres. Sa rencontre avec Morgan lui ouvre les yeux sur sa propre condition et surtout lui permet de recouvrer l’espoir et la détermination. On se rend vite compte que c’est bien la prison elle-même qui était à mettre en cause dans l'évolution de son caractère. Il était grand temps que le patron prenne un peu l’air, qu’il « lâche les rênes » comme lui avait si bien préconisé Carl dans le onzième épisode. Et rien de tel qu’une petite sortie en famille pour se ressourcer l'esprit !
D’ailleurs en parlant de Carl, cet épisode apparaît un peu comme celui de la révélation pour le benjamin du groupe. On sent que la survie l’a endurci, mais également que quelque part en lui se dissimule encore et toujours un enfant. Ainsi, il n’hésite pas à prendre des risques inconsidérés pour récupérer une photo de sa mère afin que sa petite sœur connaisse le visage de sa môman d’amour. Et il faut avouer que son inconscience est assez rassurante pour un gamin de son âge : il est vraiment intéressant de constater à quel point il apparaît parfois très immature dans ses actions et en même temps très mature dans ses intentions. Sa relation avec Michonne dans cet épisode prouve d’ailleurs qu’il a encore besoin si ce n’est d’une mère, au moins d’une figure maternelle qui le recadre. Je trouve le développement de ce protagoniste particulièrement intéressant et j’attends de voir la suite avec impatience.
Un jour petit Carl deviendra grand...
Et si Rick et Carl semblent être en pleine évolution, c’est aussi le cas de Michonne qui poursuit cette semaine son ascension. Madame « je découpe des zombies avec mon sabre » gagne vraiment en intensité et se révèle de plus en plus touchante au fil des épisodes : froide et quasi silencieuse au début de cette saison, elle prend progressivement du galon et occupe une place de plus en plus importante. Danai Gurira est de plus en plus convaincante dans son rôle et pour elle, Clear est peut-être même l’épisode de l’intégration, celui par lequel elle accédera à son statut de survivante à plein temps. Au début de l'épisode, Carl se pose beaucoup de questions la concernant et il se demande à juste titre ce qu’elle peut bien apporter au groupe : il la considère même comme une ennemie potentielle, jusqu’au moment où elle ira lui chercher la photo de sa mère dans un bar infesté de zombies. La jeune femme révèle progressivement sa personnalité : celle d’une personne à la fois dure et fragile. Et ce n’est pas son entretien avec Rick à la fin de cet épisode qui viendra nous contredire : on y découvre qu’elle a déjà été amoureuse et que son petit ami est mort. Elle et le shérif ont apparemment certaines choses en commun, ce qui lui garantit à coup sûr une place à ses côtés…
Un épisode inutile ?
J’ai décidé de nommer cette dernière partie ainsi, car je dois vous avouer que c’est une question qui m’a traversé l’esprit en visionnant cet épisode. Car si on y regarde d’un peu plus près, il ne s’y passe presque rien : Rick retrouve son vieux pote Morgan devenu fou et Carl et Michonne fouillent un bar en ruine. Au final, ils ont tout de même réussi à récupérer des armes, une photo, un berceau et une statue de chat de toutes les couleurs : il ne manquerait plus qu’ils tombent sur Valérie Damidot et on se croirait presque dans Déco. The Walking Dead semble faire dans les bons sentiments et perd un peu de vue les différentes intrigues mise en place en parallèle (la guerre contre le gouverneur, la présence de Merle à la prison, le retour d’Andréa à Woodbury…). L’action à proprement parler n’avance pas vraiment et j’ai du mal à voir où est-ce que tout cela nous mène. D’ailleurs, la prison et Woodbury sont totalement absents de l’épisode et on ne sait pas trop ce que deviennent les autres membres de la bande.
Ce constat m’amène à me poser une question sur les véritables intentions des auteurs : cherchent-ils à nous convaincre qu’il se passe quelque chose là où en fait il ne se passe rien ? Peu importe la réponse, ce petit détour en extérieur est une vraie fraicheur et offre un second souffle à une saison qui commençait sérieusement à s’étouffer. Alors certes, je ne sais quand même pas trop à quoi jouent les scénaristes : après le petit détour d’Andréa à la prison dans l'épisode précédent, qui n’a finalement pas servi à grand-chose, c’est maintenant Rick qui cette fois se permet un petit crochet par sa ville natale. Et là encore, il ne se passe quasiment rien, c’est le calme plat. Seulement, je n’arrive pas à parler de remplissage lorsque j’évoque ce douzième épisode.
Cap sur l'avenir pou Rick et son fils
Comme d’habitude, il y a quelques scènes un peu racoleuses qui traînent ici et là, comme celle où Michonne et Carl s’infiltrent dans le bar : c’est l’occasion de contenter les fans de combats en leur offrant un petit moment d’action bien senti. Toutefois, on sent que l’objectif des scénaristes est ailleurs : ils cherchent à travers cet épisode et ce calme déroutant à renforcer les liens entre les personnages, à leur redonner une crédibilité et une authenticité. L’apparente froideur qui s’en dégage, autant dans la manière de filmer que dans la manière de se déplacer, vient renforcer l’impression d’une certaine banalisation.
« Certes, le monde est pourri mais maintenant nous sommes habitués et on va faire avec », tel est le message de cet épisode qui, je le sens, aura des répercussions sur la suite de la série. Il n’y a qu’à voir les scènes avec l’auto-stoppeur pour se rendre compte à quel point nos héros ont changé et à quel point le monde dans lequel ils évoluent est quasiment dépourvu d’émotion. Leurs réactions face aux événements paraissent automatisées, la mort est devenue quelque chose d’habituel et ils avancent sans se poser de questions, comme si rien ne s’était passé. Loin d’être inutile, cet épisode offre donc de nombreux ressorts scénaristiques à explorer. Maintenant sorti de son coma éveillé, Rick va enfin pouvoir revenir à l’essentiel, à savoir l’affrontement avec le Gouverneur. Et il était grand temps, j’ai presque failli oublier qu’ils étaient en guerre ces deux-là…
J’ai aimé :
- Le fait de sortir un peu de la prison
- Le personnage de Michonne en pleine évolution
- Le développement de Carl, mi-enfant mi-adulte
- Le réveil de Rick, qui reprend du poil de la bête
- Les scènes de l’auto-stoppeur
Je n’ai pas aimé :
- Le côté (trop) plombant de Morgan
- La lenteur de certaines scènes
- Les passages inutiles
Ma note : 13/20
Un épisode d’un calme surprenant dans lequel des protagonistes comme Rick, Carl ou Michonne sont pleinement explorés. On regrettera seulement le retour raté de Morgan et certains passages inutiles qui viennent quelque peu gâcher l’ensemble.