Critique : The Walking Dead 3.14 - Du rêve au cauchemar

Le 23 mars 2013 à 16:51  |  ~ 13 minutes de lecture
The Walking Dead poursuit son chemin vers le season finale avec un épisode principalement centré sur Andréa. L’occasion pour les scénaristes d’explorer un peu plus la complexité de la jeune femme et de remettre en lumière des thématiques plutôt judicieuses.
Par Cail1

Critique : The Walking Dead 3.14 - Du rêve au cauchemar

~ 13 minutes de lecture
The Walking Dead poursuit son chemin vers le season finale avec un épisode principalement centré sur Andréa. L’occasion pour les scénaristes d’explorer un peu plus la complexité de la jeune femme et de remettre en lumière des thématiques plutôt judicieuses.
Par Cail1

Autant le dire tout de suite, ce nouvel épisode de The Walking Dead ne plaira certainement pas aux anti-Andréa. En effet, tout comme dans le onzième épisode, la série lui fait une fois de plus la part belle et se tourne ici sur son réveil cauchemardesque. Le personnage prend enfin conscience que Woodbury n’est qu’un rêve illusoire et doit maintenant faire face à une réalité bien plus sombre : celle du Gouverneur et de sa folie destructrice. Au vu des différentes notes, avis et commentaires sur cet épisode, je préfère vous avertir que je serais un peu l’avocat du diable et que cette critique sera, elle aussi, tournée sur Andréa.

 

Le chat et la souris

 

Depuis le début de cette troisième saison, l’histoire « d’amour » entre Andréa et le Gouverneur occupe une place prépondérante. Certes, ce n’est sans doute pas la partie la plus intéressante de l’intrigue, mais elle est bien présente et nous sommes obligés de faire avec. Depuis quelque temps déjà, il est évident que la jeune femme se sent de moins en moins à l’aise avec son amant. Après avoir joué à touche pipi avec lui pendant plusieurs épisodes, elle a fini par se rendre compte que son namoureux n’était pas celui qu’elle pensait. C’est donc tout logiquement qu’elle prend (enfin) la décision de rejoindre ses anciens compagnons d’infortune à la prison. Pour une fois qu’Andréa décide d’agir et de reprendre son destin en main, je ne vais pas m’en plaindre.

Qu’on le veuille ou non, son parcours est l’un des enjeux de cette saison et il me semble donc tout à fait normal de la retrouver dans cette situation à ce stade de la saison. Alors oui, ce n’est pas une lumière, oui sa naïveté est plus qu’énervante, oui son histoire d’amour avec le Gouverneur était totalement absurde, mais non je ne peux pas lui reprocher de se réveiller enfin. Il faut bien avoir en tête que si les scénaristes ne passent pas par des épisodes comme celui-là, l’histoire du personnage n’avancerait pas non plus et on se serait juste retrouvé avec une histoire bâclée et sans grand intérêt. Ici ce n’est pas le cas, ils vont au bout de leur idée et c’est tant mieux. Je ne peux imaginer qu’ils puissent continuer la série sans régler le cas Andréa, et auquel cas je pense que j’aurais juste eu l’impression d’avoir été prit pour un con. Je suis d’autant plus satisfait qu’ils aillent au bout de cette histoire, car elle a le mérite d’amener avec elle des questionnements et des thématiques qui pour le coup sont pertinentes. Les auteurs évitent ainsi le néant du précédent épisode, qui définitivement n'aura servi à rien. 

 

Le Gouverneur et Andréa - The Walking Dead - S03E14

Quand le chat est là, les souris tremblent...

 

Ce qui a changé par rapport au début de la saison, c’est que le Gouverneur ne cache plus vraiment sa part d’ombre et se révèle enfin au grand jour, du moins vis-à-vis d’Andréa qui jusqu’ici ne le considérait pas comme quelqu’un de foncièrement mauvais. De ce fait, si nous téléspectateurs n’en apprenons pas plus sur la psychologie du personnage (après tout, ça fait un sacré bout de temps qu’on a conscience qu’il est clairement dérangé du ciboulot), ce n’est pas le cas d’Andréa pour qui la folie du Gouverneur éclate au grand jour. C’est en cela que je trouve que cet épisode permet une véritable évolution dans la relation entre les deux protagonistes : l’ange gardien de la jeune femme s’est transformé en démon et se met à la pourchasser.

C’est d’ailleurs intéressant de voir comment cette relation permet de mettre en lumière l’évolution même de la série : Andréa ne court pas pour échapper aux zombies comme cela aurait pu être le cas dans le passé. Non ici, elle court pour échapper au Gouverneur. Dans ce monde apocalyptique, la menace humaine est devenue si forte qu’elle préfère se ruer sur des zombies plutôt que de devoir affronter le Gouverneur de pleine face. À ce propos, le petit jeu du chat et de la souris entre la jeune femme et son ex compagnon, n’est certes, pas original pour un sou, mais s’avère plutôt bien fichu dans l’ensemble. Cette petite chasse à l’homme souffre surtout du fait qu’on sache dès le départ que ce dernier va finir par tomber sur elle avant qu’elle n’atteigne la prison. Cependant, la tension est là et on se demande presque constamment ce qu’il va pouvoir lui faire. Pour ceux qui n’aiment pas Andréa, ils n’auront très certainement rien ressenti de spécial mais si certains n’ont rien contre elle, ils sauront sans doute de quoi je parle.

Après, il y a plein de défauts qui viennent gâcher cet affrontement qui à la base aurait pu être vraiment emballant, comme le fait qu’elle décide de se réfugier dans un entrepôt plutôt que de poursuivre immédiatement sa route. Pour le coup, elle passe carrément pour une conne et signe presque son arrêt de mort toute seule. Et comme j’en suis à souligner les incohérences de l’épisode, j’ose à peine parler du fait que le Gouverneur parvienne à survivre à une horde de zombies. Heureusement pour nous, ils ont tout de même pensé à lui faire quelques égratignures, histoire de montrer que la lutte a été rude…

 

Trouver sa place

 

Lorsque j’écris que l’histoire entre Andréa et le Gouverneur a au moins le mérite de nous amener à des questionnements et des thématiques pertinentes, je veux parler du fait que c’est l’opportunité pour les scénaristes d’aborder le thème de l’identité, ou autrement dit comment retrouver sa place dans un monde envahi par les zombies ? Dans mes précédentes critiques, il m’était arrivé de revenir sur le fait que cette saison avait beaucoup mis en avant la notion de famille, le fait d’appartenir à un groupe bien établi. Je dirais même que cette notion est en partie l’un des moteurs scénaristiques de cette saison, car The Walking Dead n’est pas une simple série de zombies avec du bourrinage et du sang. Il s’agit avant tout d’une série beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, une série tournée principalement sur les relations entre les différents personnages. Le but de Kirkman n’est pas de simplement nous montrer des gens qui survivent, son but est de nous montrer des gens qui survivent ensemble et le mot ensemble est vraiment important lorsqu’on parle d’une série comme celle-ci…

J’ai souvent reproché à Andréa d’avoir été trop naïve, d’avoir mis du temps à se réveiller avant de s’apercevoir que le Gouverneur la manipulait. Et maintenant que son réveil a eu lieu, je m’aperçois aussi que j’ai peut-être été trop dur avec elle, car en réalité ce que la série cherchait à nous montrer via ce personnage, c’est une fille paumée qui ne parvient plus à trouver sa place, son chez soi. Après avoir été abandonné par Rick et sa bande à la fin de la saison 2, elle a été obligée de survivre dans une nature hostile grâce à Michonne. Et en découvrant Woodbury, l’apparente tranquillité de la ville lui a apporté le réconfort qu’il lui fallait (un réconfort qu’elle a aussi su trouver dans les bras du Gouverneur). En étudiant plus précisément le personnage, je me suis aperçu qu’elle avait juste envie de retrouver une vie normale et je ne peux pas vraiment lui reprocher d’être gagné par cette naïveté.

 

Andréa - The Walking Dead - S03E14

Andréa prise au piège de son passé

 

Aussi lorsque dans cet épisode, le Gouverneur lui dit que Woodbury est sa maison, je ne peux m’empêcher de revenir au thème de la famille et du chez soi qui occupe une place centrale cette saison. C’est bien en cela que cet épisode trouve sa véritable utilité, car il est la suite logique des thèmes mis en place depuis maintenant quatorze épisodes (si ce n'est plus). 

Andréa n’est finalement qu’une humaine qui tente de survivre du mieux qu’elle peut et cela l’amène parfois à faire des choix idiots, comme Tyreese et sa bande qui ne savent pas où aller non plus. Il serait d’ailleurs passionnant de faire un parallèle entre l’intériorité d’Andréa et l’entrepôt dans lequel elle trouve refuge. Ce dernier est comme un labyrinthe et de ce fait reflète assez bien les pensées d’Andréa. Elle prend différents chemins avec comme intention de toujours atteindre le même but : celui de survivre. La jeune femme est un peu comme un chien errant qui aurait perdu la route menant à sa maison, elle bouge sans cesse et ne parvient plus à trouver un endroit stable où s’établir, d’où ces nombreux voyages et aller-retour depuis quelques épisodes.

 

Agir ou subir ?

 

Le problème de la série, c’est que malgré toutes ces thématiques intéressantes, elle donne toujours l’impression de les aborder en faisant du surplace. Les situations ont constamment du mal à se débloquer et au final on peine à avancer dans le déroulement de l’intrigue. Ainsi, on trouve toujours dans cet épisode des choses inutiles qui servent avant tout de fioritures. C’est par exemple le cas du flash-back en début d’épisode. Ce dernier aurait pu nous permettre d’en apprendre plus sur la relation Andréa-Michonne qui n’a toujours pas été vraiment explorée, mais au final on n’en sait pas plus qu’avant sur leur rapport et ce petit retour dans le passé s’avère donc inutile et sans grand intérêt.

 

Le Gouverneur et Milton - The Walking Dead S03E14

Le Gouverneur et Milton: Une amitié en péril

 

De la même manière, la mini rébellion de Milton vis-à-vis du Gouverneur est tellement mal amenée qu’on a du mal à y accorder la moindre importance. Le copain de Philip (c’est le vrai nom du Gouverneur) manque tellement de charisme et il est tellement craintif qu’on a du mal à imaginer comment il pourrait tenir tête à son chef. Pourtant, on sent bien que ce personnage pourrait être intéressant du fait de son histoire commune avec le Gouverneur : il est le seul à Woodbury à avoir connu Philip avant l’invasion de zombies et il est donc le seul à pouvoir le comprendre véritablement. Le souci, c’est que comme les deux hommes ne sont pas du genre à se confesser, cela n’apporte rien de plus pour le moment et se révèle donc inutile dans le déroulement de l’intrigue.

Le cas de Tyreese et sa bande est un peu similaire. Ils sont tellement sous exploités à ce stade de la saison qu’on a du mal à cerner leur véritable utilité. Si l’objectif de ces personnages consiste vraiment à trouver un endroit pour vivre, je ne vois pas trop ce qu’ils apportent de plus qu’Andréa, Rick et tous les autres… Là encore, on sent qu’il s’agit de personnages avec du potentiel, mais tout comme avec Milton, cela met du temps à se débloquer. Ce sont des personnages qui donnent l'impression de subir plutôt que d’agir, et c'est ce qui finalement peut nous procurer la sensation que la série fait du surplace.

 

J’ai aimé :

  •  Les thématiques abordées
  •  Le petit jeu du chat et de la souris entre Andréa et le Gouverneur
  •  Le réveil d’Andréa qui décide enfin d’agir

 

Je n’ai pas aimé :

  •  Le flash-back Andréa-Michonne qui n’apporte rien
  •  Le personnage de Milton qui a du mal à s’affirmer
  •  Tyreese et sa bande qui pour le moment ne servent à rien

 

Ma note : 12/20        

Prey repose essentiellement sur des thématiques pertinentes et une petite chasse à l’homme, qui malgré son côté prévisible, s'avère fort sympathique. J’ai passé un bon moment devant cet épisode qui s’inscrit parfaitement dans la continuité de cette saison.  

L'auteur

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