La manifestation des idiots 2
Liz essaie d'enlever à Criss le chèque que lui a signé Jack, mais entraine une dispute tournant autour de son incapacité à faire sortir Donaghy de son esprit. De plus, la manifestation des imbéciles obligent Lemon à présenter des excuses publiques à Tracy, ce public comptant énormément aux yeux de NBC. Pendant ce temps, Jack reçoit la visite de Devon Banks, avocat des droits de la communauté homosexuel qui vient lui faire du chantage autour d'une nouvelle vidéo de Jordan.
Résumé de la critique
Un épisode amusant que l'on peut détailler ainsi:
- un affrontement entre Alec Baldwin et Will Arnett irrésistible
- une histoire d'imbécile qui joue la carte de la facilité
- une intrigue autour de Pete assez moyenne
- l'art du changement dans la continuité
La lutte pour le pouvoir
Après une première partie la semaine passée correcte, 30 Rock nous propose ce jeudi un double épisode réunissant la seconde partie de la manifestation des idiots et un épisode sans lien direct avec cette intrigue. Une idée de programmation étrange qui permet de se poser la question de l'organisation des diffusions à NBC, chaine qui connait cette année de grosses difficultés d'audience et d'organisation. Pourtant, cet épisode va se révéler bien plus amusant que le premier grâce à l'arrivée de Will Arnett, reprenant avec succès son personnage de Devon Banks.
En avocat des droits des homosexuels, celui-ci va permettre de reprendre le point le plus intéressant de l'épisode précédent, à savoir les propos homophobes de Tracy. L'occasion d'un nouveau duel d'égo avec Donaghy, affrontement entre un nanti et un parvenu sur le thème de l'éducation, Barnes faisant pression sur Jack pour obtenir un service de sa part. Le duo fonctionne à merveille, surtout lorsque les deux comédiens sont contraint à faire preuve de mauvaise foi pour plaire au président du conseil d'administration de St Matthews, une école privée réputée.
Les deux personnages rivalisent de cynisme et d'hypocrisie, domaine où Will Arnett excelle, offrant quelques répliques réellement drôles sur la politique et un point de vue cynique sur le concept d'ascenseur social. Mais plus qu'un affrontement entre deux égos, les auteurs montrent le portrait attachant de deux pères prêts à tout pour assurer l'avenir de leurs enfants. Une peur de l'avenir très humaine qui amène à une scène finale très réussie, abordant avec intelligence les angoisses modernes concernant l'éducation.
L'autre ascenseur social
Pendant que Donaghy tire les bonnes ficelles pour sauver le TGS, Jordan continue sa croisade des imbéciles contre Lemon, revendiquant son droit à être un crétin avec le soutien de Denise Richards. Comme toujours avec Tracy, l'histoire ne fait pas dans la subtilité, alignant quelques bons gags comme la création du mouvement contre l'intolérance (NAZI en anglais) et d'autres un peu idiot comme le speech sur ardoise magique. L'idée reste malgré tout intéressante, surtout lorsqu'elle trouve écho dans la vie personnelle de Lemon, laquelle se convainc de rejeter Criss pour plaire à Donaghy.
Après avoir fait preuve de cynisme envers les auto-entrepreneurs dans les saisons précédentes par l'intermédiaire du personnage de Jack, Lemon prouve une fois de plus son affection naturelle pour une certaine idée du rêve américain où chacun peut avoir sa chance. L'occasion de renouer, malgré l'influence matérialiste de Donaghy, avec un optimisme qui fait la force d'une série comique qui a besoin de croire en un avenir meilleur. Une conclusion réussie pour une héroïne qui fait le choix de céder au bonheur, comportement stupide en apparence, mais qui appuie un besoin vital de laisser s'exprimer une nature impulsive.
Cette enthousiasme reste la qualité première de ce début de saison de 30 Rock, poussant Lemon à refouler l'influence de Jack sur elle-même. Pourtant, malgré ses deux bonnes storylines comiques, l'épisode va trainer un problème de taille avec Pete qui paye une fois de plus l'absence totale du TGS. Une histoire fil rouge sans queue, ni tête qui va tenter d'évoquer Police Squad lors d'un final statique entre Jenna, Kinsley et Kenneth.
Les limites du n'importe quoi
L'épisode avait commencé la semaine dernière avec la dernière scène de l'épisode, Lemon surprenant Pete pratiquant l'auto-strangulation, un magazine porno sur les genoux, le pantalon baissé. Le moment était venu pour les scénaristes de faire preuve de fantaisie en créant le lien entre l'histoire d'éclairage de Jenna et les pratiques perverses du meilleur ami de Liz. Malheureusement, le résultat va s'avérer peu concluant, malgré l'intervention de Kelsey Grammer en nettoyeur chargé de faire disparaître le corps de Pete. L'acteur s'amuse beaucoup, mais la storyline est trop confuse, peinant à faire le lien avec cette scène finale qui n'aura servi qu'à donner un fil rouge à toute cette histoire.
Il reste alors le numéro réjouissant de la vedette de Boss en Abraham Lincoln, le gag sur les licornes comme autant de signes de la folie ambiante régnant dans les couloirs de NBC. Malgré tout, cette storyline reste assez creuse en comparaison du reste, les scénaristes revenant vite à des dialogues Donaghy - Lemon certes plutôt réussis, mais qui marquent un besoin de jouer la sécurité. Malgré ses bonnes intentions, 30 Rock peine à basculer dans un scénario aussi fou que voulu, les enchaînements manquants n'amenant cette sensation d'accélération indispensable à ce registre comique.
Malgré quelques évolutions, 30 Rock ne peut échapper à une certaine routine, amenant une guest-star de luxe pour masquer les failles d'un script plutôt faible. L'ensemble garde une vraie bonne humeur, mais l'absence totale du TGS semble une idée de plus en plus discutable, le show comique de Lemon donnant sa structure de base à la série.
Evolution sans révolution
Placé très tôt dans la saison, cet épisode en deux parties se justifie finalement du point de vue de Liz Lemon en donnant du sens à son évolution vers un optimisme retrouvé. Là où son enthousiasme apparaissait dans le season premiere comme une façon de nier la réalité, cette intrigue aura confirmé que cette soif de bonheur était le signe d'une évolution globale vers un besoin de nouveauté. Et les petits papiers que distribuent Donaghy appuie l'idée d'un besoin des auteurs de prendre un point de vue enfantin et de croire à la possibilité pour ceux qui n'ont aucun avantage de trouver leur bonheur.
Au final, une seconde partie qui doit beaucoup à l'excellent duo entre Alec Baldwin et Will Arnett, les deux comédiens apportant tout leur talent à une storyline plutôt réussie, offrant d'excellents moments de comédie. L'occasion pour Lemon aussi d'affirmer sa soif de bonheur, refusant à Donaghy le droit de juger de son intérêt personnel en reprenant la voie intéressante tracée par le pilot. Du bon 30 Rock, malgré une intrigue entre Pete et Jenna qui ne sert finalement qu'à accueillir Kelsey Grammer au sein de la NBC.
J'aime :
- le duo Alec Baldwin - Will Arnett
- une intrigue drôle et dynamique
- les comédiens très bons
Je n'aime pas :
- la storyline de Pete assez faible
- certains gags concernant Tracy Jordan plutôt lourd
Note : 13 / 20
Un bon épisode qui confirme l'évolution entrevue dans le season premiere concernant la soif de bonheur de Lemon qui parvient à faire abstraction du jugement de Donaghy. Porté par un Duo Alec Baldwin - Will Arnett irrésistible, un épisode dynamique et amusant même si la storyline de Pete aurait pu être améliorée.