Critique : 30 Rock 6.04

Le 29 janvier 2012 à 13:10  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode réussi avec au programme Liz Lemon en quête d'une nouvelle meilleure amie, Jack qui tente de moderniser NBC et Tracy en proie à un doute existentiel.
Par sephja

Critique : 30 Rock 6.04

~ 7 minutes de lecture
Un épisode réussi avec au programme Liz Lemon en quête d'une nouvelle meilleure amie, Jack qui tente de moderniser NBC et Tracy en proie à un doute existentiel.
Par sephja

Pitch BFF

Grâce au cinéma, Jenna voit sa carrière franchir une nouvelle étape, devenant la cible d'une association écologiste à cause de son utilisation de sangsue pour améliorer son teint. Elle va alors utiliser Lemon comme bouclier, poussant celle-ci à prendre la décision de couper les ponts avec elle en partant à la recherche d'une nouvelle meilleure amie. Pendant ce temps, Jack licencie tous les grooms de NBC pour les remplacer par un ordinateur nommé "Not Kenneth". 

 

Résumé de la critique 

Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une histoire d'amitié classique, mais réussie 
  •  Donaghy face à ses propres défauts
  •  une intrigue assez faible concernant Tracy 
  •  l'importance de conserver certaines traditions 

 

 

Les opposés s'attirent

Après avoir donné du sens aux changements entamés en début de saison, les auteurs de 30 Rock se penchent sur les valeurs fortes et immuables de la série, à savoir l'amitié singulière entre Jenna et Liz. Une amitié fortement mis à mal par la distance qui s'est crée entre les deux personnages, symbolisée par cette scène de dispute qui lance l'épisode, après que Maroney ait utilisé pour obliger Lemon à faire la promo de son dernier film. Le format de l'épisode va prendre une forme typiquement hollywoodienne avec la séparation, suivi d'une remise en question de soi s'achevant avant des retrouvailles émouvantes et larmoyantes. 

Certains gags sont très réussis, avec de nombreux clins d'oeil aux séries de la rentrée, 30 Rock cherchant toujours à multiplier les références à l'actualité. Le récit est rapide et plutôt dynamique, mettant bien en évidence la nature particulière de la relation entre les deux femmes, en l'égocentrisme de Jenna et l'ironie cynique de Lemon. Seulement, lorsque Maroney utilise sa meilleure amie pour servir de cible à un groupe de militant écologiste, l'amitié vole définitivement en éclat, les poussant à se chercher de nouvelles personnes à fréquenter. 

L'idée est très bonne et leurs tentatives pathétiques soulignent combien, après un certain âge, il devient difficile de forger de nouvelles amitiés. Les auteurs s'amusent à confronter les deux héroïnes à leur copie conforme, découvrant alors combien leur équilibre dépendait de la nature profondément déviante et déséquilibrée de leur relation. De même avec Jack, la série défend l'idée qu'il existe certains éléments qui ne peuvent être remis en cause, soulignant l'importance de l'humain sur le matériel.

 

Le temps de la modernisation

Pendant que Liz tente de reconstruire son amitié avec Jenna, Jack licencie tous les grooms de la NBC, remplaçant Kenneth par la machine "Not Kenneth". Une idée farfelue et amusante qui permet de sortir quelques gags plutôt délirants sur l'histoire de la chaîne, l'ordinateur proposant des réponses précises, mais totalement hors contexte. Evidemment, la machine va dérailler, envoyant le cadeau de Jack pour le patron de la chaîne aux scénaristes du TGS, plaçant Donaghy dans une situation profondément humiliante.

C'est le meilleur passage de l'épisode, avec un Alec Baldwin remarquable dans une posture inhabituel pour lui, perdant sa stature à cause d'une simple erreur. Sans sous-fifre à blâmer, il devient le seul responsable de ses actes, pendant que la machine défaille, l'obligeant à rappeler Kenneth et les autres employés de la chaîne. L'occasion d'une séquence de retrouvailles hilarante où Donaghy apparaît affaibli, obligé de se rabaisser pour demander le retour de Parcell. Une idée originale qui permet de changer les rapports de force et de justifier la présence de Kenneth dans les couloirs de la chaîne, renforçant du coup le sentiment d'unité au sein du show.

Comme une mécanique bien huilée, 30 Rock obéit à des règles immuables, à savoir que Jack ne peut pas être faible, laissant apparaître alors un avant-goût du chaos que deviendrait le show dans ce cas. La preuve que les idées du passé ne sont pas toujours mauvaises, même si elles paraissent parfois un peu trop onéreuse. De ce point de vue, l'épisode réalise un sans faute si l'on oublie certaines scènes maladroites et la storyline assez pauvre de Tracy Jordan.

 

 

Tracy Jordan en quête de motivation 

Comme un enfant capricieux, Jordan va s'en prendre à Dot-Com et Grizz, ses deux acolytes qui ont commis une erreur, oubliant de réclamer de la part des invités à sa fête des cadeaux de leur part. Se sentant délaissé, il commence à se poser des questions sur sa propre motivation, Jordan faisant le comique avant tout pour compenser sa frustration de ne pas avoir été un enfant gâté. Moins riche que les autres, cette storyline cherche à s'appuyer sur l'excentricité du comédien, proposant quelques scènes très théâtrales et inégales parfaitement dans le ton du personnage.

Si le gag de la voix off est une vraie trouvaille, l'ensemble apparaît comme plutôt mince, reposant sur un mécanisme trop classique pour surprendre vraiment. La révélation finale n'apporte pas grand-chose, confirmant l'incapacité du personnage du Tracy à évoluer, occupant la place d'un point fixe au sein du show, comme tous les personnages secondaires. A la recherche de la source métaphysique de son existence, Jordan n'aboutit à rien, offrant une belle description de la vacuité d'une ambition fondée sur le matérialisme.

A sa manière, cet épisode évoque l'importance de l'humain, vision utopique qui font écho aux comédies romantiques hollywoodiennes qui servaient de point de départ à cet épisode. Un joli tour de force des auteurs qui ont su s'emparer d'un genre pour mieux en exploiter la thématique centrale afin de remettre en évidence la dynamique interne de la série. 

 

Le sens des valeurs

Après avoir donné du sens à cette saison six en marquant une évolution des personnages principaux, la série se concentre sur le fait de redéfinir certaines interactions entre les principaux personnages. Ainsi Donaghy a besoin du pouvoir que lui apporte NBC et donc d'employés dévoués comme Kenneth à la cause de la chaîne. Liz a besoin de Jenna, personnage superficiel qui lui permet d'évacuer tout un ensemble de frustration lié à son incapacité à se lâcher totalement, à la différence de son amie.

En conclusion, un épisode concept vraiment réussi et dynamique, offrant quelques gags particulièrement drôles et une storyline très originale entre Jack et Kenneth. Sur fond de comédie romantique, les personnages réaffirment leur attachement mutuel, les auteurs marquant ainsi l'importance de chacun d'entre eux. Seul Tracy n'a besoin de rien, hormis sentir justement qu'il possède tout, apaisant l'enfant insatiable à l'intérieur de lui tout en montrant la vacuité d'une ambition trop matérialiste.

 

J'aime : 

  •  la fausse bande-annonce d'introduction 
  •  la descente aux enfers de Donaghy 
  •  la rencontre de Lemon avec son double 
  •  le gag du "Not Kenneth" 

 

Je n'aime pas : 

  •  quelques séquences assez lourdes comme celle de la queue de cheval

 

Note : 14 / 20 

Un très bon épisode conceptuel de 30 Rock, se servant de la comédie romantique pour pousser les personnages à affirmer leur attachement mutuel. Voir Donaghy perdre son habituel superbe après le départ de Kenneth est une excellente idée pour un récit qui marque une victoire de l'humain sur le matérialisme.

L'auteur

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