Critique : 30 Rock 6.08

Le 20 février 2012 à 07:26  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui s'amuse avec les références aux super-héros pour dresser un beau portrait du rapport entre New-York et la difficulté de vivre ensemble.
Par sephja

Critique : 30 Rock 6.08

~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui s'amuse avec les références aux super-héros pour dresser un beau portrait du rapport entre New-York et la difficulté de vivre ensemble.
Par sephja

Heroes and Vilains

Jack Donaghy se fait dérober son argent en plein New-York par un homme de la middle-class, entraînant un fort sentiment d'insécurité qui le pousse à vouloir pratiquer sa propre justice. A l'opposé, c'est en sortant du TGS, maquillée comme une vieille mamie folle, son sac de gym à la main, que Liz découvre un moyen de prendre le pouvoir sur la ville en inspirant la peur. Pendant ce temps, Jenna et son petit-ami découvrent qu'ils sont devenus un couple presque normal.

 

Résumé de la critique 

  •  Donaghy en quête de justice 
  •  Lemon qui étend son pouvoir 
  •  Jenna qui découvre la normalité 
  •  un épisode conceptuel qui peine à se mettre en place 

 

 

Un justicier en smoking

Pour cette semaine, 30 Rock nous offre un épisode qui prend comme décor la ville de New-York, la racontant du point de vue de Jack et Liz. Les autres personnages vont donc être sacrifiés au profit du duo vedette, seul Jenna existant un peu dans cette intrigue conceptuelle sur le thème des super-héros et la difficulté de la survie en milieu urbain. Terrifié suite à son agression, Donaghy refuse d'enlever son smoking et vit cloîtré à NBC, cherchant un moyen de rétablir l'ordre et la sécurité sur New-York.

Alec Baldwin est excellent et renvoie assez vite au mythe américain du vigilante, en quête d'ordre pour lutter contre le chaos qui menace toujours les hommes de pouvoir. Pourtant, ce qui le dérange dans cette agression n'est pas le vol en soi, mais le fait que le voleur soit un blanc de la middleclass, fruit de la crise qui touche les Etats-Unis. Le combat de Donaghy pour regagner sa virilité passera par des idées farfelues, entre sa candidature pour devenir maire ou son souhait de créer une milice privée extrêmement bien payée pour protéger les riches de la classe moyenne.

Pourtant, le retour de Jack à la normale passera par l'affrontement contre le symbole de ce sentiment d'insécurité, une femme qui sème la terreur où elle passe, devenue accroc au pouvoir que lui donne son apparence hideuse. Le clin d'oeil à Batman devient alors flagrant et donne un final totalement délirant particulièrement inspiré, où Donaghy retrouve sa fierté de mal en terrassant Lemon, laquelle avait réussi à mettre New-York à sa botte grâce à la peur et au dégoût.

 

Une vilaine qui sème le chaos

Pour Liz, New-York est une ville mauvaise par nature où elle subit la loi du plus grand nombre, victime silencieuse refusant d'imposer ses propres règles. Jusqu'à ce qu'un jour, un sac d'affaires de gym nauséabond et un maquillage affreux du TGS ne lui fasse découvrir que le meilleur d'obtenir ce qu'elle veut est d'incarner la folie et donc de faire peur aux autres. Si l'idée est bonne et fait parfaitement écho à l'intrigue de Donaghy, la justification du fait que Lemon soit dans ce métro, encore maquillée en vieille grand-mère, est assez floue et constitue le point faible de cet épisode.

En incarnation féminine d'un Joker hirsute, Tina Fey est particulièrement amusante, grisée par ce pouvoir qu'elle vient de se découvrir qui lui permet de profiter des places assises au métro et d'un certain confort au quotidien. Jack a beau essayer de la raisonner, Liz perd le contrôle de son personnage et commence à voir son identité disparaître derrière le masque de cette folle hystérique. La bonne idée du scénario est que, malgré son changement de caractère, Lemon reste fidèle à elle-même, son plan diabolique se limitant à aller voir un film en expulsant ses voisins.

Une ambition certes limitée, mais bien dans l'esprit de son personnage, anarchiste par plaisir et sans conviction, goûtant juste aux plaisirs de l'extravagance dans l'anonymat. A la différence, si Liz goûte au plaisir d'être une paria, Jenna va découvrir le bonheur simple de la normalité, vivant une existence trop banale pour être celle d'une star.

 

 

La peur du quotidien 

Pendant que Lemon et Jack s'affronte dans les rues de la grande ville, Jenna reçoit la visite de Paul pour ce qu'ils espèrent être une soirée débridée de sexe. Le problème est que, contrairement à leur habitude, les deux amants vont juste s'endormir dans les bras l'un de l'autre, montrant des signes de fatigue par rapport à leurs extravagances habituelles. Les deux vont faire l'expérience de la normalité, s'aventurant dans un univers inconnu pour eux, loin de l'originalité débordante qui fait le quotidien des vedettes, affichant une absence de volonté de se démarquer du reste de la société. 

Maroney et son petit-ami affronte alors leurs pires peurs, celle du quotidien dans un New-York qui est finalement la réunion des pires extravagances, mais aussi de personnes normales. En faisant des prostitués des jeunes premières, les auteurs de 30 Rock se jouent des comédies musicales de Stanley Donen en définissant le réalisme comme l'expression d'un certain cynisme. Au final, on rit beaucoup, même si le trait est par moment un peu forcé, tant le délire est assumé de bout en bout, osant un final où la violence vient servir d'exutoire à la folie des hommes. 

Le seul problème résulte dans l'absence quasi-totale du TGS une fois de plus, l'intrigue se limitant au duo Lemon - Donaghy, offrant seulement une minuscule réplique à Cerie. L'occasion de faire quelques reproches à un épisode très conceptuel qui va se reposer essentiellement sur son idée de départ, au détriment de la mythologie de la saison. 

 

La définition d'un stand alone 

Alors que la saison montrait une certaine continuité depuis le début de l'année, cet épisode vient marquer une rupture indéniable, stand alone ne tirant nullement profit des éléments mis en place précédemment. On retrouve alors une Lemon cynique en proie à son sentiment de frustration face au mépris dont les habitants font preuve entre eux, loin de l'épanouissement qui était le sien depuis le début d'année. Une rupture nécessaire au vue de la teneur de l'épisode, mais qui va entrainer un démarrage un peu poussif, les auteurs forçant le trait pour installer cette intrigue singulière. 

En conclusion, un épisode vraiment réussi sur la ville de New-York qui s'amuse avec l'imaginaire lié au chevalier noir et aux vilains. Portée par un duo Tina Fey - Alec Baldwin impeccable, une intrigue concept ingénieuse et particulièrement drôle, hommage à une ville qui mêle exubérance et normalité. Seul le démarrage peine un peu à convaincre, la faute à des éléments mis en place sans grande finesse pour pousser Liz à se transformer en une vieille femme un peu folle et totalement imprévisible. 

 

J'aime : 

  •  les comédiens sont très bons 
  •  les six dernières minutes sont hilarantes 
  •  Jenna et Paul qui découvrent la vie normale 
  •  certaines répliques assez brillantes 

 

Je n'aime pas : 

  •  le démarrage clairement forcé 

 

Note : 14 / 20 

Un épisode concept réussi sur le thème du vigilante qui rend hommage à la ville de New-York et la difficulté d'exister dans un univers aussi vaste et multiple. Lorgnant clairement dans le final vers Batman, une intrigue vraiment amusante qui a pour seul défaut son manque de lien avec le reste de la saison. 

L'auteur

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