Sextape et jalousie
Allen Gregory est jaloux de l'attention que reçoit un couple de l'école primaire, portant sur eux un bracelet symbole de leur amour mutuel. Il décide alors de lancer une rumeur concernant une sextape qu'il aurait réalisé entre lui et la principale Gottlieb, mais personne ne semble y croire, le poussant à l'amplifier. Pendant ce temps, Julie invite ces deux amis chez elle, mais découvre que son père semble ne pas apprécier leur apparence physique.
Résumé de la critique
Un épisode inégal que l'on peut détailler ainsi :
- Allen Gregory ou les limites de l'ambiguïté
- le reste de la famille en point positif
- le problème de vraisemblance dans un dessin animé
- une structure très lente
Allen Gregory, un personnage qui ne fonctionne pas
Attention, tout n'est pas mauvais dans cet épisode, contrairement à ce que cette première partie laisserait à penser, le vrai problème étant que la seule présence du héros suffit à plomber chaque scène. De tout l'épisode, il ne propose que deux bonnes répliques sur une dizaine de minutes de monologue particulièrement soûlant et monocorde. Snob, prétentieux, Allen Gregory est tout cela, mais l'acharnement des auteurs à ne pas l'humilier est assez agaçante, privant la série d'une dynamique comique qui serait bien plus efficace.
Tête à claque insupportable, Allen est la cible parfaite, l'être convaincu que tout le monde l'admire alors qu'en fait, il n'intéresse absolument personne. Habitué à être le centre du monde, il cherche à créer la rumeur d'une sextape, point de départ tellement absurde qui devrait prêter à sourire... et pourtant non. Les auteurs, au lieu de mettre leur héros face à la réalité, insiste et s'efforce pendant vingt minutes de donner de la crédibilité à son mensonge. Mais le plus gros problème, c'est qu'à part le héros, tout le monde se moque totalement de cette vidéo compromettante, ressort comique très vulgaire par sa pauvreté.
Enfant au discours d'adulte, Allen Gregory a pour principal défaut de donner l'impression de savoir parfaitement de quoi il parle, marquant sa différence avec un Eric Cartman par exemple qui utilise les mots d'adulte sans en comprendre le sens. Au lieu d'un décalage entre l'image que se fait le jeune héros de sa personne et la réalité, la série ne propose que rarement l'autre point de vue, sans le moindre second degré. Au final, le spectateur subit ce personnage prévisible et ennuyeux, regrettant que la série ne s'intéresse pas plus au reste de la famille, avec une Julie fréquemment drôle.
Julie et son père adoptif, un duo très efficace
Si Allen Gregory est le boulet de la série, Julie s'impose en personnage moteur, d'une banalité rassurante en opposition à l'exubérance de son frère, enfant acheté par un homme qui l'envisage plus comme une oeuvre de charité. Pris à part, ces deux personnages n'ont rien d'extraordinaire et ne se révèlent vraiment drôle qu'une fois mis en commun. Orpheline, la jeune fille cherche un père aimant et compréhensif et se retrouve face à un égocentrique irresponsable qui refuse de la considérer comme une personne à part entière.
Lorsque Julie voit ses deux amies trop originales être remplacées par des adolescentes au look uniforme, la série trouve le ton juste et un rythme efficace, marquant une évolution dans la relation entre Julie et son père de circonstance. Plus fragile et crédible qu'Allen Gregory, elle montre tout le talent des auteurs et leur réel ambition, faisant d'autant plus regretter les lourdeurs du héros. A coup de dialogue hilarant, le père De Longpre possède une folie et un enthousiasme qui manque à son fils naturel et apparaît comme un vrai personnage qu'on adore détester.
Il reste que les épisodes suivants sauront mieux orienter l'intrigue sur Julie, permettant de diminuer le temps d'apparition d'Allen Gregory et de le rendre, du même coup, un peu plus supportable. Au bout d'un moment, on en vient presque à chercher la marche avant pour se débarrasser des séquences du fils De Longpré et de cette histoire de sextape qui n'avance pas.
Vraisemblance et dessin animé
Le but n'est pas ici de pondre une quelconque théorie fumeuse (une de mes mauvaises habitudes, désolé) mais d'expliquer ce qui dérange vraiment dans Allen Gregory. En effet, quand une série me laisse froid, je ne peux m'empêcher de penser que c'est moi le responsable et dire du mal devient d'une certaine manière l'aveu de ma propre défaillance à pénétrer un univers. Loin d'être bâclée, la série est le fruit d'un travail impressionnant du point de vue des dessins et de l'animation, mais aussi des dialogues, sauf quand le héros commence ces monologues interminables.
Mon but ici est de donner envie de voir cette série et je poursuivrais mes critiques jusqu'à ce que je trouve la clé de cet univers pourtant fréquemment drôle. En fait, mon bloquage vient d'un manque de crédibilité du héros, ce qui paraît plus que ridicule pour un dessin animé, mais quelque chose m'empêche d'identifier cet Allen Gregory et de le comprendre. Pour moi, il est un petit garçon cherchant à imiter les adultes, souffrant d'un complexe de supériorité gigantesque et pourtant, à plusieurs reprises, la série vient balayer ma théorie en défendant l'idée d'un personnage méchant, adulte piégé dans un corps d'enfant.
Il est fréquemment question de la différence entre le vraisemblable et le mensonge dans la série et ce thème parait vraiment incongru dans un dessin animé. Mythomane, Allen Gregory est un enfant qui vit dans un univers irréaliste et imaginaire, mais possède un comportement qui semble défendre l'idée d'un vulgaire mégalomane manipulateur. Au final, je n'arrive pas à croire en la crédibilité de ce personnage car je ne parviens pas à le cerner, tout en restant convaincu de la nécessité de poursuivre ce show afin d'en comprendre la nature.
Un récit à deux dimensions
Le dernier problème de cet épisode est plus technique et concerne le peu de storyline qui le compose, entrainant une sensation de répétition et de redites avec cette histoire de sextape usée jusqu'à la corde. Au contraire des Simpsons ou de Family Guy qui fonctionne sur le principe de trois récits indépendants, Allan Gregory n'en propose que deux et semble manquer un peu de rythme à cause de ce manque. Mais ce qui inquiète le plus est de constater le manque de ressort comique du show, reposant essentiellement sur un humour fondé plus sur les dialogues que les situations.
En conclusion, un épisode assez moyen qui ne permet toujours pas de rentrer dans l'univers particulier de la série, la faute à un Allen Gregory toujours aussi insupportable. Par contre, les séquences portant sur la relation entre Julie et son père adoptif sont vraiment drôles, le show trouvant alors une dynamique comique indéniable à la hauteur de la qualité de ses qualités graphiques. Trop forcée et sans ressort, cette histoire de sextape ne fonctionne jamais vraiment, souffrant d'un problème de crédibilité assez flagrant.
J'aime :
- toute la partie dédiée à Julie
- la qualité de l'animation et des dessins
- le personnage du père totalement délirant
Je n'aime pas :
- Allen Gregory
- le manque d'humour de situation
- un problème de vraisemblance flagrant
- une histoire de sextape sans grand intérêt
Note : 11 / 20
Un épisode moyen qui est pourtant vraiment drôle dès qu'Allen Gregory sort du champ et que l'intrigue se concentre sur sa soeur adoptive Julie. Seulement, ces intervalles sont trop rares, l'insupportable casse-pied se montrant particulièrement pénible avec son histoire de sextape peu convaincante.