Critique : Allen Gregory 1.07

Le 13 août 2012 à 18:51  |  ~ 9 minutes de lecture
Un ultime épisode à l'image d'une série qui n'aura pas su s'imposer malgré un travail artistique considérable et des doubleurs particulièrement bons.
Par sephja

Critique : Allen Gregory 1.07

~ 9 minutes de lecture
Un ultime épisode à l'image d'une série qui n'aura pas su s'imposer malgré un travail artistique considérable et des doubleurs particulièrement bons.
Par sephja

Jalousie et convoitise 

 

Allen Gregory tente de faire ses avances quotidiennes à la principale Gottlieb, mais il finit par vaincre sa patience et reçoit une gifle en plein visage. Il ignore que celle-ci traverse une crise dans son couple ce qui a rendu les mesquineries du fils DeLongré totalement insupportable pour elle. Pendant ce temps, Richard tente de convaincre sa fille adoptive Julie de l'accompagner à un repas de charité où il va devoir affronter son pire ennemi, le riche et populaire Perry Van Moon.

 

Résumé de la critique

Un épisode convenable que l'on peut détailler ainsi :

  •  une histoire de diner et de cavalière inégale
  •  la difficulté de vivre sa vie comme un mauvais mélodrame 
  •  une storyline Richard plutôt réussi 
  •  un bilan de la saison un 

 

 

La difficulté de trouver la bonne cavalière

 

Série détestée et démolie lors de sa diffusion durant la fin 2011, Allen Gregory aura exaspéré les spectateurs de la FOX, devenant l'accident industriel de l'année avec l'ennuyeuse Terra Nova. A force d'énerver tout le monde, le jeune garçon finit par recevoir ce qu'il mérite, à savoir une bonne claque de la part de sa principale à qui il continue de faire des avances. L'épisode va alors mettre en parallèle le chantage du garçon pour obtenir un dîner avec Gottlieb et celui de Richard pour que Julie l'accompagne à son gala de charité. 

En effet, si tous les spectateurs rêvaient d'envoyer une claque au fils De Longpré, les conséquences ne vont pas du tout prendre la tournure espérée pour la principale, offrant un moyen de pression au jeune enfant pour obtenir ce dîner improbable et grotesque. L'occasion de voir la sincérité d'Allen et de comprendre combien il n'a aucune conscience de la nature choquante et insultante de son comportement. Copiant le comportement des hommes des mauvais mélodrames, le jeune garçon est totalement déphasé avec le réel et n'a aucune notion de sa représentation de lui-même. 

Une souffrance que partage Richard, obligé de se confronter à son pire ennemi, Perry Van Moon, un homme qui possède un réel talent pour le mettre plus bas que terre depuis l'école. L'approche d'une soirée de bienfaisance pour les enfants d'Afrique va leur permettre de s'affronter autour d'un problème majeur qui met Richard en difficulté. Contrairement à l'enfant africain de son rival, la fille adoptive des De Longpré est cambodgienne, poussant Richard à se poser la question d'un possible changement d'enfant de dernière minute.

 

Allen Gregory, pur produit du soap américain 

 

Le vrai échec de la série de Jonah Hill et Andrew Mogel aura été de n'avoir jamais su imposer leur héros, tête à claque agaçante dont ils n'auront jamais donné les clefs pour permettre de le comprendre. Pur produit des mélodrames américains, le fils De Longpré est une créature étrange, enfant se comportant comme un méchant de soap en tentant de séduire la principale de son école. Evidemment, le fait que celle-ci soit vieille et assez marqué par l'âge pousse à prendre Allen pour un insolent qui se moque des autres et montre une suffisance insupportable. 

Seulement, la vérité est tout autre tant le fils De Longpré est avant tout un garçon élevé dans la sous-culture des mauvais soaps américains, les auteurs s'amusant à théâtraliser chacune de ses actions. Le héros apparaît alors comme un méchant de mélodrame, riche et séducteur, convaincu que le monde est à lui et qu'il n'a qu'à se baisser pour se servir, à la fois insolent et attachant. Un mâle alpha que le garçon aimerait être, n'ayant aucune conscience du ridicule de sa situation, le décalage entre sa posture et son âge devant apporter une dimension comique à ce repas absurde.

Le problème, c'est que ce jeu autour du comportement d'Allen ne fonctionne pas, le show demandant au spectateur d'accepter un pitch de départ un peu trop énorme. Pourtant, dans cette scène entre lui et Gottlieb, une idée géniale va apparaître pour la première fois lorsque le jeune héros hurle après le maître d'hôtel d'une voix à la fois rauque et nasillarde. L'occasion de souligner le remarquable travail sur la voix effectué par Jonah Hill, preuve que le show est loin d'être aussi mauvais que sa réputation le laisse croire.

 

 

Le bon visage de la série

 

Si les scénaristes ne parviennent pas à imposer un héros trop extrême pour vraiment faire rire, ils peuvent heureusement compter sur Richard pour apporter des vrais moments de rigolade. Pris au piège par son ennemi de toujours, le père De Longpré transforme une réunion caritative en affrontement consistant à trouver lequel des deux est le plus charitable. Le problème est que Julie ne correspond pas avec le thème de la soirée, démontrant une nouvelle fois toute la cruauté cynique du père d'Allen, mais aussi son caractère très superficiel qui le rend d'autant plus fragile.

Une fois en présence de Richard, la série change clairement de nature, raillant l'univers de la haute société et son hypocrisie avec un délice indéniable, surtout que le doublage est de bonne qualité avec un excellent Jeff Goldblum. La scène où celui-ci cherche le Cambodge dans le classement des pays les plus miséreux est très bonne, dressant un portrait détestable d'une société de nantis inconscients. Entre mauvais goût assumé et cynisme, la série joue là aussi avec les codes du mélodrame, dénonçant comme à chaque fois l'hypocrisie d'un univers bourgeois où seul l'apparence compte. 

En conclusion, un bon épisode pour finir cette série qui restera l'un des plus détestées de cette année 2011, souffrant d'une incompréhension causée par un personnage principal trop extrême et mal introduit. Pourtant, la série avait des choses à raconter sur la haute société et son fonctionnement tant le personnage de Richard DeLongpré reste une réussite tout comme Julie qui apparaît comme le contrepoint parfait à son excentricité. Les doublages sont une réelle réussite tout comme l'animation et la qualité graphique de la série, pour un show qui n'aura pas su trouver son public. 

 

L'enfance comme un sanctuaire à tous les pêchés

 

C'est sur cet épisode que s'achève l'un des gros échecs de la FOX cette année, la série qui aura cumulé les mauvaises critiques, la faute à un personnage principal insupportable qui fit fuir tous les spectateurs de la soirée animation du dimanche soir. Accusé de tous les maux pas forcément à tord, le show n'aura pas souvent montré son meilleur visage, énervant trop pour pouvoir déclencher des vrais rires devant la critique acerbe que les auteurs proposaient d'un univers de nantis. Pourtant, malgré ses quelques qualités énoncées, le show aura commis une erreur fondamentale qui fixe la limite de la parodie : l'interdiction de toucher à l'enfance. 

Des séries cyniques comme Daria ont toujours eu comme héros des adolescents, le public n'aimant pas que les auteurs jouent avec l'image des enfants en leur accordant des pensées d'adulte. La maternelle et la primaire sont un sanctuaire où certains thèmes ne peuvent être abordés comme la sexualité ou les notions de racisme ou sous une forme indirecte comme pour les Razmokets. Ainsi, si l'on retire Allen Gregory, l'univers du show est assez plaisant, en particulier concernant Julie et Richard à l'origine des intrigues les plus intéressantes de la série. 

L'idée de départ qui reposait sur la faillite des De Longpré était bonne, mais fut trop vite abandonné pour un show qui n'aura pas eu le temps d'évoluer et d'affiner son discours. La principale leçon à retenir au final est que l'univers des enfants est un monde où la sexualité, la politique et les questions de lutte des classes n'ont pas du tout leur place. Une barrière que le show aura tentée de faire sauter en vain, aboutissant à un rejet unanime et en partie méritée du public devant ce jeune DeLongpré insupportable et pas assez souvent ridiculisé. 

Pourtant, qualifier le show de navet me semble exagéré tant la réalisation fut absolument parfaite, avec une animation impeccable et un travail des doubleurs absolument remarquables. Avec un héros légèrement plus vieux, le show aurait sans doute trouvé sa place, les scénaristes montrant un sens de la dérision particulièrement convaincant. Finalement, le poison d'Allen Gregory fut sa star lui-même, ruinant le travail impeccable des dessinateurs et animateurs en cristallisant sur lui le rejet unanime du public.

Une série qui définit à sa manière parfaitement le terme d'accident industriel.

 

J'aime :

  •  la storyline entre Richard et Julie 
  •  les voix américaines formidables 
  •  le hurlement d'Allen Gregory contre le maître d'hôtel 

 

Je n'aime pas :

  •  Allen Gregory 
  •  la storyline de Gootlieb prévisible 
  •  la scène finale mal mise en valeur 

 

Note : 12 / 20

Un épisode qui vaut surtout pour la storyline de Richard et sa fille, avec un Jeff Goldblum particulièrement drôle et une histoire de gala de charité délicieusement odieuse. Malheureusement, cette bonne idée est contrebalancée par une histoire avec Allen Gregory prévisible, malgré quelques fulgurances comiques dues au travail impeccable de Jonah Hill.    

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