Critique : Allen Gregory 1.05

Le 12 décembre 2011 à 05:52  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui cherche à provoquer en évoquant le racisme sous sa forme sociale, mais ne parvient pas à trouver une vraie dynamique.
Par sephja

Critique : Allen Gregory 1.05

~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui cherche à provoquer en évoquant le racisme sous sa forme sociale, mais ne parvient pas à trouver une vraie dynamique.
Par sephja

Le racisme comme un ultime tabou 

Après avoir surpris la femme de ménage dans les toilettes de la maison de son père, Allen Gregory s'arrange pour qu'elle soit immédiatement renvoyée. Aussitôt, son père s'arrange pour que son amant Jeremy obtienne le poste, lui permettant de trouver ainsi un emploi stable. Pendant ce temps, le fils De Longpré se fait punir pour avoir tenté de renvoyer un jeune élève hispanique, celui-ci ayant refusé de nettoyer sa table à la cafétéria.

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une mise en place difficile pour une histoire de racisme intéressante 
  •  une histoire de ménage assez stérile 
  •  une série esthétiquement réaliste qui sonne faux   
  •  un spectacle à l'image de la série 

 

 

Racisme social 

Le problème avec Allen Gregory, c'est que si la série possède de bonnes idées, le démarrage et la mise en place se révèle souvent pour le moins chaotique. Ici, le concept de l'épisode consistant à s'interroger sur le racisme d'AG n'est pas mauvais, mais l'intrigue peine vraiment à se mettre en place, la série n'ayant installé aucune routine jusqu'ici. La première scène à la cafétéria sonne faux, n'arrivant pas à installer la thématique de l'épisode et entraînant par la suite une certaine difficulté à comprendre le rapport au racisme du jeune garçon.  

Après un accident à la cafétéria, Allen Gregory refuse de nettoyer, demandant à un élève latino de faire son travail, proposant une forme de racisme pernicieux qui consiste à associer une ethnie avec certains travaux d'entretien. Il s'agit ici d'un tabou typiquement américain, ce pays étant fier de défendre l'idée de la réussite de tous avec un ascenseur social basé sur le mérite. Le comportement d'AG devrait donc être drôle, sauf que cette allusion au racisme du jeune garçon est doublé d'une histoire de licenciement qui va venir alourdir l'histoire, les auteurs ne parvenant pas à produire un vrai décalage comique. 

En se plaçant sur un thème polémique, la série joue les provocatrices, mais ne parvient pas à produire de vrais scènes comiques avec son petit héros, hormis par le biais du talent de certains doubleurs. L'idée d'explorer le racisme du héros devient intéressante lorsqu'il éclate au grand jour, offrant l'occasion de dénoncer la conception bien particulière des De Longpré sur le rapport patron - employé. 

 

Humiliation sociale 

L'autre storyline va s'intéresser au père De Longpré et son rapport avec son amant Jeremy qu'il embauche en remplacement de sa femme de ménage. La série se heurte alors à un défaut vraiment gênant, à savoir un problème de continuité assez flagrant. Un épisode, les personnages principaux sont sur la paille, le suivant ils sont riches et n'ont pas de soucis à se faire, tout comme AG qui ne reconnait pas un garçon qui fut son ami la semaine précédente. Certes, au vu du caractère du chef de famille, cette tendance à passer du coq à l'âne n'est pas surprenante, mais crée une certaine gêne. 

Même si les allusions sexuelles autour du concept d'homme de ménage sont assez drôles, la série apparaît comme assez prévisible, Richard ne parvenant plus vraiment à surprendre. Le fait d'être le patron est associé chez lui à un sentiment de domination clairement affiché par l'héritier des De Longpré, mais n'apporte pas beaucoup d'éléments de comédie à l'épisode, à l'exception de réflexions grivoises vite assez lourdes. Seule la scène où celui-ci s'essaye à la vaisselle amène un peu de fantaisie, le show ayant besoin de les mettre en difficulté pour fonctionner correctement. 

Manquant de continuité et de ressorts comiques, la série s'amuse à troubler le rapport maître - esclave en le justifiant par le biais d'un jeu de rôle à orientation sexuel. Trop prévisible et répétitive, cette storyline ne vaut que pour le travail étonnant des dessinateurs et des animateurs, arrivant à faire exister un univers pas vraiment cohérent.

 

 

Allen Gregory et la réalité 

Le plus impressionnant dans cette série reste la qualité de l'animation, la précision du dessin et la gestion ingénieuse du décor. Il n'y a qu'à voir la scène où AG se prépare un martini pour comprendre à quel point le soin a été apporté au moindre détail, composant un univers de lignes verticales et horizontales géométrique. Le réalisme est particulièrement soigné, le problème étant qu'une telle qualité de travail aurait mérité d'être au service d'un scénario plus ingénieux, où la réalité rattraperait enfin les De Longpré. 

Ce sera le cas avec la séquence finale du spectacle, assez réussie et beaucoup trop tardive où le héros comprend alors la vraie nature de son racisme. Humilié, hué, Allen se heurte à une réalité et donne trop tard un véritable sens à un épisode plutôt maladroit, tirant sur la corde de deux storylines qui ne suffisent pas à faire un épisode complet. Réduit à l'état de figurant, certains personnages comme Julie et ses deux amies se révèlent bien plus attachantes, mais étrangement inconscientes de l'absurdité du spectacle monté par le jeune garçon. 

La facilité avec lequel AG monte son spectacle est peu crédible, créant un trouble entre la forme très soignée sur ce point et le fond particulièrement peu crédible. C'est finalement ce déséquilibre entre ces deux approches qui jouent en défaveur du show, créant un malaise qui empêche d'apprécier un message qui s'avère au final plutôt intéressant.

 

Un show qui provoque en vain

Arrivé  sur Fox entre Family Guy et les Simpsons, Allen Gregory peine à s'installer, abusant de thèmes provocateurs pour se démarquer des autres tout en détruisant le potentiel de sympathie du personnage principal. Plutôt que de créer une routine, le show donne l'impression de se recréer à chaque fois, cherchant à se placer perpétuellement sur le terrain de la polémique. L'idée de s'intéresser à un riche héritier était une bonne idée, mais rappelons que son arrivée à l'école publique venait normalement des problèmes financiers des De Longpré assez peu exploité jusqu'ici.

En conclusion, un épisode maladroit qui peine à installer son concept de départ, cherchant la provocation gratuite pour masquer un manque cruel de ressorts comiques. Construit autour des deux membres de la famille d'Allen Gregory, ces storylines se révélant peu complémentaires et assez décevantes, malgré un spectacle final plutôt bien pensé. Manquant de continuité, la série échoue à générer le décalage voulue et fournit un épisode plutôt lourd dans le registre comique et au final assez décevant malgré de bonnes idées. 

 

J'aime : 

  •  l'animation est vraiment superbe 
  •  les voix des personnages secondaires sont excellentes 
  •  l'humiliation d'AG durant le spectacle 

 

Je n'aime pas : 

  •  le démarrage totalement raté 
  •  l'intrigue de Richard vite répétitive 
  •  l'histoire du spectacle assez invraisemblable 
  •  des personnages secondaires réduits à de la figuration 

 

Note : 11 / 20 

Si le spectacle final s'avère assez réussi, le démarrage poussif et la storyline assez pauvre de Richard donnent au final un épisode assez décevant. Cela reste d'autant plus de regrets que l'idée de départ était plutôt bonne et la qualité de l'animation et des dessins restent toujours aussi étonnante. 

L'auteur

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