Savoir trouver sa place
Toujours à la recherche de l'amitié de Joe Zadak, Allen Gregory tente de se faire accepter par son groupe d'amis et rencontre une allié en la personne de Brinique, la petite copine de celui-ci. Lorsque celui-ci tombe malade, le fils De Longpre y voit une occasion en or de s'intégrer en se montrant son soutien le plus fidèle. Pendant ce temps, son père découvre que son poste de Super CEO n'est qu'une mascarade, permettant d'éviter qu'il se mêle des affaires de la compagnie.
Résumé de la critique
Un épisode assez moyen que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode qui montre l'incapacité des De Longre à comprendre la réalité
- un épisode composé de cassures agaçantes
- deux héros dangereux
- deux storylines, un format trop pauvre
Illusion et réalité
Centré sur le père et le fils De Longpre, cet épisode va tenter de modifier la dynamique habituelle de la série en les plongeant tous les deux dans des situations différentes afin d'étoffer leur personnage. Le point commun entre les deux va être le déni de la réalité, AG ne parvenant pas à voir les liens d'affection qui se créent entre lui et la petite copine de Zadak qui tente de défendre le souffre-douleur. Prêt à tout pour plaire à Joe, il va tenter de se montrer particulièrement agréable, sortant de son personnage pendant un temps dans l'espoir de devenir indispensable à Joe.
De son côté, le père découvre qu'il occupe un poste imaginaire inventé par son père pour qu'il ne puisse pas avoir la moindre responsabilité au sein de l'entreprise De Longpré. Si l'idée est plutôt intéressante au commencement, elle va exploiter un peu trop les mêmes mécanismes comiques, entraînant un début de sentiment de lassitude à la mi-épisode. Toujours aussi surexcité, le père d'Allen reste plutôt amusant, mais semblent à plusieurs reprises remuer dans le vide, le scénario restant beaucoup trop vague sur la nature exacte des activités de la compagnie De Longpré.
La grande (et hélas unique) réussite de l'épisode est de nous permettre de mieux comprendre le rapport complexe à la réalité des De Longpre, le fantasme venant perpétuellement brouiller leur vision de la réalité. Cette incapacité à exprimer des sentiments simples, cette tendance à l'hystérie les rend particulièrement pénible, témoignant d'un mépris total pour l'autre. Etre un De Longpré devient une malédiction, celle de ces enfants tellement protégés du réel qu'ils sont incapables de sortir de leur propre vision du réel pour partager avec les autres.
Un récit en rupture
Si les deux storylines sont a priori intéressantes, le problème va venir de la juxtaposition des deux qui va entrainer une sensation de cassures répétées particulièrement agaçantes. Trop dissemblables au niveau du rythme ou de la forme, ces deux intrigues vont donner au final un épisode bancal et sans réelle continuité, la frénésie de l'un venant casser le ton plus calme et posé de l'autre. Très haché, l'épisode aurait eu besoin d'une troisième sous-intrigue pour venir équilibrer les intervalles entre ces deux intrigues, afin d'obtenir une vraie continuité.
De plus, le choix de placer les deux personnages au centre de l'histoire va phagocyter tout le temps de passage à l'écran, entraînant la disparition de Julie qui est totalement absente de l'intrigue. Certains éléments vont s'avérer assez intéressants, mais le manque de continuité entre les deux aspects de l'intrigue va empêcher de développer une vraie évolution des deux personnages. L'épisode s'achève alors de la plus frustrante des manières avec un retour à la case départ décevant, confirmant l'incapacité des De Longpré à évoluer.
Servant de lien entre l'univers des De Longpré et la réalité, Julie est la grande absente d'un scénario qui semble assez vain dans sa conclusion. Seul Jeremy apporte un léger souffle à un scénario qui abuse du même effet comique à répétition, laissant apparaître la possibilité pour les deux de devenir des héros dignes de ce nom.
Deux héros dangereux
Si certains personnages sont faits pour devenir des héros populaires, ce n'est pas le cas des De Longpré, chacun d'eux faisant le choix de se réfugier dans une vision fantasmé du monde. En essayant de prouver sa compétence au sein de sa compagnie, le père d'Allen se ridiculise, prouvant au passage toute son ignorance sur sa source de revenus. Mégalomane prétentieux et obsédé par sa propre image, il incarne la médiocrité, mais aussi l'exubérance des nantis et ne pourra jamais être un héros à cause de son absence d'intérêt pour d'autres personnes que lui.
Le cas d'Allen Gregory est plus complexe, le jeune garçon apparaissant comme un héros possible lorsqu'il cesse ses manières au profit d'un comportement plus normal. Le temps d'un instant, il laisse entrevoir la possibilité d'évolution vers un personnage plus tempéré avant que la conclusion balaye tout pour ramener l'histoire à son point de départ là aussi. Seul le lien entre lui et Zadak se modifie un peu, mais pour mieux souligner la tendance un peu masochiste du jeune garçon, confondant clairement amitié et soumission.
Pourtant, le trio des amis de Zadak avait un vrai potentiel, apportant comme Jeremy la touche de réalisme indispensable à la série. C'est en mettant en exergue le décalage entre réalité et fantasme que la série est réellement efficace, c'est-à-dire lorsque les deux antihéros sont accompagnés de Jeremy et Patrick dont les apparitions sont trop rares.
L'importance des alter égo
Pendant que le père et le fils De Longpré se heurte à un monde réel qu'il ne parvienne pas à comprendre, la série peine à installer ce qui est indispensable à la série : les alter ego. Allen et son père ont Patrick et Jeremy, deux personnages indispensables qui cristallisent notre propre agacement contre l'hystérie et les bavardages incessants des deux De Longpré. D'une certaine manière, AG essaie de ressembler à son père, ce qui le mène à se couper d'un monde extérieur où son exubérance est finalement plus appréciée que prévu lorsqu'elle s'exprime avec un vrai soucis de l'autre.
En conclusion, un épisode assez moyen, malgré deux storylines intéressantes qui ont la mauvaise idée de se clore selon le principe du "retour à la case départ" pathétique. Certains gags sont assez drôles, mais le père d'Allen devient rapidement agaçant, son registre comique se révélant plutôt limité pour tenir tout un épisode. Le manque de continuité de l'ensemble joue clairement en défaveur du show, les scénaristes ne parvenant pas vraiment à assembler les deux intrigues, prouvant l'importance d'ajouter une troisième histoire pour servir de colle entre les deux.
J'aime :
- les scènes entre AG et Brinique
- certains gags avec le paternel De Longpré assez drôles
- l'animation toujours superbe
Je n'aime pas :
- la construction à deux storylines
- l'absence de Julie
- les alter ego sous employés
- la conclusion décevante
Note : 11 / 20
Un épisode assez moyen, malgré une idée de départ assez bonne, mais qui s'essouffle assez vite par manque d'utilisation des personnages secondaires. Comme une simple parenthèse, le récit se referme de la pire des manières, confirmant les défauts de construire un épisode sur la base de deux intrigues pour une série d'animation comique.