Pitch grève au comic-store
Les deux frères se disputent sur les 25 cents supplémentaires que s'octroie Terry chaque semaine pour gérer le magasin, sa partie coffee-shop s'avérant plus rentable que les comics de son frère. Peter se lance donc dans une grève illimitée qui va engendrer un vent de panique au sein du magasin, tandis que des clients de comics mystérieux et angoissants viennent traumatiser son frère. Du côté des filles, Bernie découvre qu'elle est payée deux fois plus que Candi et engage quelqu'un pour encaisser à sa place les remarques acerbes de sa supérieure.
La jalousie entre frères
Toujours en train de maintenir leur magasin à flots, Terry et Peter vont se retrouver en conflit concernant les impératifs financiers qui obligent Terry à supprimer la sélection comics du mois de Peter. Aussitôt, un conflit terrible va naître entre eux, l'argent venant cristalliser toutes les rancoeurs engendrées par le sentiment du supériorité de Terry, plongeant la série dans un conflit social vraiment délirant. Les gags sont moins prolifiques qu'à l'accoutumée, mais restent de bonne qualité du côté des garçons contrairement à l'univers des filles, pas très inspiré.
Toujours performant, le duo Ryan Belleville - Paul Campbell fonctionne parfaitement, prouvant une fois de plus la parfaite alchimie entre les deux acteurs. Le conflit mènera à lune invasion extrêmement angoissante de geeks mystérieux, dont un groupe d'enfants tout droit sorti du "Village des Damnés". Retrouvant le terrain propice à leurs délires habituels, la série sert une bonne histoire de dispute entre frères qui s'achève par une célébration de la gloire de Peter dans une inversion sympathique des rapports de force.
Essayant de faire varier les relations entre les personnages, les auteurs (Fraser Young et les frères Belleville) vont tenter d'appliquer la même inversion aux filles avec beaucoup moins de succès.
Portrait croisé des deux héros
Peter (Ryan Belleville à gauche) est de loin le plus en phase avec l'atmosphère d'un magasin de bandes dessinés, son imagination le portant à s'imaginer avec des superpouvoirs divers et variés. Le gag du sleeping heroes est d'ailleurs très amusant, convenant particulièrement bien à la personnalité de Peter, lequel souffre d'un complexe d'infériorité envers son frère. Peu sociable, il n'a pas vraiment conscience de la réalité des choses, mais compense son manque d'envergure par un sens de l'ironie particulièrement marqué.
Comique canadien très connu (d'où mon intérêt pour ce show), Ryan Belleville se permet quelques délires bien pensés, mais surtout trouve en Ray Campbell le parfait interlocuteur pour la série. Equilibrant parfaitement leur performance, les deux personnages principaux ne se battent jamais pour la position centrale, même si le thème du conflit entre les deux frères revient souvent.
Terry (Paul Campbell à droite) a fait Harvard, mais n'y a pas rencontré le succès prévu par un père qui s'était fortement endetté pour lui permettre de mener ces études à bout. Se sentant coupable à juste titre de la situation du magasin, il vient en aide à son frère et tente d'assurer la stabilité financière de l'entreprise. Cynique et un poil prétentieux, il essaye de garder ces distances avec un monde de nerds qu'il s'est efforcé de rejeter jusque-là. Pourtant son comportement trahit un attachement à cet univers qui correspond avant tout pour lui à celui de son enfance et auquel il ne peut résister.
Des personnages féminins pas assez complexes
En choisissant de découper leur histoire en fonction des différents magasins du mini-centre commercial, les auteurs ont oublié d'approfondir suffisamment les personnages de Bernie et Candi. En garce suffisante et méprisante, Meghan Heffern produit un numéro moins drôle qu'à l'accoutumée, montrant les limites d'un personnage unidimensionnel. Quant à Bernie, elle sert exclusivement à faire du remplissage, avec plus ou moins de réussite, et n'arrive pas suffisamment à s'affirmer indépendamment de l'intrigue.
Maillon faible de la série, le duo de filles obéit à une mécanique intéressante, mais mal exploitée jusqu'ici, Bernie ne profitant pas beaucoup de son avantage sur Candi. Heureusement, le côté garce insupportable de celle-ci vient rattraper les moments de flottement de l'épisode, qui ne parvient pas à tirer profit de tous les personnages du show comme le volet précédent. Un épisode sympathique, mais inégal qui prouve que la série possède le potentiel, mais doit donner plus d'épaisseur à des personnages féminins trop souvent réduits à remplir les intervalles narratifs.
J'aime :
- les deux frères toujours aussi drôles
- certains gags vraiment délirants
- les fans de BD tout droit sortis du village des damnés
- Candi en mode totale pétasse
Je n'aime pas :
- des personnages féminins stéréotypés
- une intrigue qui ne tire pas profit de tous les personnages
- un délire pas assez poussé, contrairement à d'habitude
Note : 13 / 20
Un bon épisode, moins fou qu'à l'accoutumée, mais qui réserve quelques bons gags tout en montrant les limites d'un show qui ne parvient pas à développer l'univers du magasin Sassitude. Reste donc à apprécier une fois de plus l'excellent duo entre Paul Campbell et Ryan Belleville, en plein conflit social et fraternel.