Critique : American Horror Story 1.06

Le 12 novembre 2011 à 00:07  |  ~ 9 minutes de lecture
Pour son sixième épisode, American Horror Story s'améliore encore dans sa lancée avec un épisode principalement centré sur Tate, en apportant des réponses mais aussi d'autres questions.

Critique : American Horror Story 1.06

~ 9 minutes de lecture
Pour son sixième épisode, American Horror Story s'améliore encore dans sa lancée avec un épisode principalement centré sur Tate, en apportant des réponses mais aussi d'autres questions.
Par Antofisherb

Après un double épisode spécial Halloween qui inaugurait le départ de Ben du manoir et un Tate en plein doute, ce Piggy, Piggy (rien à voir avec la cochonne) nous en met vraiment plein la vue avec des révélations, de nouvelles questions, et le retour des séances de psychiatrie dans cet endroit si calme et chaleureux qu'est le manoir. Tout un programme.

 

 

Dur, dur d'être un fantôme, ou Wake me up before you go, ghost

 

 

tate ahs

 

 

La grande révélation/confirmation de cet épisode, c'est bien entendu que Tate est un fantôme. De nombreuses personnes l'avaient déjà remarqué, mais le simple fait de commencer l'épisode par un flashback le concernant ne laisse plus la place au doute. D'ailleurs, celui-ci est vraiment très réussi et rappelle le massacre de Columbine survenu en 1999, dont Gus Van Sant en avait fait son film Elephant en 2003. A la différence de ce dernier, les scénaristes de la série ont choisi de représenter la tuerie selon le point de vue des victimes, en cachant pendant une bonne partie de la séquence le visage du criminel. Cette mise en scène assez "classique" de ce genre d'événements au cinéma et à la télévision est néanmoins contrecarrée par le fait que nous connaissons parfaitement à la fois l'identité du tueur et le sort des futures victimes. Nous assistons donc, impuissants, au meurtre de ces lycéens que nous savons condamnés par un personnage dont nous nous sommes un peu attaché au fil des épisodes, dans une longue séquence à la tension palpable. Enfin, nous entendons Tate siffler l'air de Twisted Nerve, composé par Bernar Herrman, et repris en 2003 par Quentin Tarantino dans son Kill Bill. Ainsi, de la même manière que le personnage de Elle Driver marchait d'un pas tranquille en direction du corps supposé devenir cadavre de l'héroine, Tate circule entre les tables de la bibliothèque et tue un par un les élèves sans sourciller.

La séquence nous montre ensuite des agents de la SWAT prêt à tirer sur Tate, tandis que celui-ci fait semblant de se tirer une balle dans la tête avec un certain sens de la provocation rapelant le geste de Travis Bickle après sa tuerie dans le Taxi Driver de Scorsese (1974), même si le contexte n'est bien évidemment pas le même. La continuation de la scène vers la fin de l'épisode, alors qu'il est aisément compréhensible que Tate aura fini par se faire tuer dans la minute, pourrait sembler terriblement démonstrative. Mais elle permet au contraire de montrer la volonté des gens à comprendre cet acte horriblement insensé, comme l'illustre également un dialogue entre Violet et un professeur ayant survécu au drame.

Concernant Violet, en revanche, la découverte de la mort de Tate par ordinateur aurait amplement suffit, et le dialogue entre celle-ci et Constance semble pour le coup très démonstratif. Cette découverte la perturbe d'ailleurs fortement, d'autant plus qu'une sorte de médium lui apprend la fatalité de sa condition par rapport à Tate. Prenant d'abord une grande quantité de somnifères après la lumineuse idée d'aller faire un tour à la cave, elle finit par accepter la présence de Tate sous le coup d'un amour fantomatique.

 

Maintenant que la révélation est faite, l'aspect intéressant concernant Tate est son statut de fantôme sans le savoir, rapellant un certain film avec Nicole Kidman (bah oui faut éviter les spoils), et a posteriori l'acceptation de sa nouvelle condition. Ainsi, Tate et Violet sont fatigués (comme ils le disent eux-mêmes) : fatigués tous deux de leur condition l'un par rapport à l'autre pourtant contraire, fatigués de leur existence trouble. To be, or not to be, that is the question.

 

 

Bébé-latex fait des jaloux

 

 

vivien ahs

 

 

Pendant ce temps, la grossesse de Vivien et plus particulièrement le bébé qui est à l'intérieur prend de plus en plus de place dans l'intrigue, et dorénavant la ressemblance avec le Rosemary's Baby de Polanski sorti en 1968 est évidente tant les références sont nombreuses dans cet épisode. En effet, après une séance d'échographie inquiétante dans un épisode précédent, Vivien se met à faire des cauchemars sur le caractère maléfique de l'enfant qu'elle attend. La notion du Mal est de ce fait très présente dans cet épisode à travers l'évocation de la religion comme celle du diable.

 

Le doute est donc toujours possible, et le sera probablement jusqu'à l'accouchement de la même façon que dans le film, entre un enfant «normal» et l'espèce de chose héritée de l'homme en latex, qui n'apparaît absolument pas de l'épisode, fait suprenant étant donné que c'est tout de même de lui à priori que provient l'enfant. C'est d'ailleurs je trouve un des défauts de la série : American Horror Story enchaîne les références, qui sont assez souvent bien intégrées à l'intrigue, mais ne les confronte pas, ou très peu. Le plaisir jouissif du condensé est toujours là, mais c'est un peu dommage.

 

Une fois de plus, Constance montre également une ambiguité évidente concernant sa bienveillance envers le bébé en donnant des «aliments» visiblement très apétissants et préparés avec amour à Vivien, comme elle l'avait fait avec ses gâteaux pour Violet. Le pire, c'est probablement que Vivien aime ça alors que son contenu est plus que douteux. Cette possible manipulation était présente de la même façon dans Rosemary's Baby.

 

 

cervelle

Dépêchez-vous, le nouveau McBrain est déjà disponible !

 

La manipulation est même plus que probable, les phrases prononcées presque par erreur par Constance laissant peu de place au doute : «We need that baby» ou encore «We need... another sweet child». Vraiment ? Du coup, le spectateur se pose des questions quant aux intentions réelles de Constance, et si elle ne prépare pas un plan depuis le tout début. Il est d'ailleurs assez bien joué de la part des scénaristes d'accentuer ce côté de sa personnalité alors que le même épisode contient une scène assez clichée mais gentiment dramatique avec la médium, qui permet à Constance de parler à sa fille morte. Ce mélange entre méchanceté à peine cachée et une certaine humanité permet de rendre Constance un des personnages les plus intéressants de la série.

Concernant la gouvernante, elle-aussi visiblement de mèche avec le plan Vivien's Baby, sa relation avec Constance n'est malheureusement pas pour autant davantage développée, et son double plus jeune n'apparaît d'ailleurs plus depuis quelques épisodes.

 

 

The Piggy Horror Picture Show

 

 

supersticieux ahs

 

 

Pour "détendre" l'atmosphère face à des intrigues vous en conviendrez assez peu réjouissantes, American Horror Story fait dans cet épisode un petit cross-over avec Modern Family. Bon, je déconne bien sûr, mais cette partie, intégrée à l'histoire grâce au retour des consultations de Ben au manoir, reste d'un grotesque assumé pour le coup très drôle. L'acteur jouant le rôle de Cameron dans la série d'ABC se fait donc aidé par Ben pour vaincre ses supersititions envers les légendes urbaines style "histoire d'horreur entre amis" avec le terrible Piggy Man !

 

piggy man

Here, Piggy Piggy Pig !

 

 

 

Autant la séance sur le canapé est assez angoissante, autant dès l'apparition à l'écran de ce cochon-boucher-meurtrier, on hésite entre pouffer de rire face à cette grosse blague ou soupirer face à une telle faute de goût. Ca dépendra de l'humeur de chacun, mais cela prouve bien qu'American Horror Story ne doit définitivement pas être prise au sérieux.

 

Pour aider ce supersticieux qui se pourrit la vie lui-même, Ben a donc la très bonne idée de tester l'incantation dans sa propre salle de bain. Ca fait six épisodes que le manoir est infesté de fantômes, mais bon soit, on reconnaît l'effort de bonne volonté. Bien entendu, une fois l'incantation prononcée, un fantôme apparaît et terrorise l'homme qui du coup a encore plus de mal à affronter sa peur. Bien joué le psy. En fin de compte, il retente le coup devant sa glace vers la fin de l'épisode, mais Piggy ne pointe pas le bout de son groin. Non, clou du spectacle, c'est un cambrioleur caché dans la douche qui lui tire en pleine tête, justement parce qu'il pense qu'il a été traité de cochon. Alors, gros n'importe quoi ou pétite d'humour noir ? De même, chacun ses goûts mais je dirais un peu des deux.

 

 

Finalement, on a pas l'impression comme ça, mais il ne se passe pas grand chose dans cet épisode : on en sait plus sur Tate mais il n'a pas vraiment changé, on ne sait pas plus que l'épisode d'avant où se situe Ben par rapport à Vivien, et on voit peu de personnages. Mais j'ai tout de même trouvé cet épisode meilleur que les autres par son condensé de scènes réussies et notamment son surplus d'humour noir que j'aimerais voir plus souvent. Ce qui fait plaisir, c'est qu'en plus on en est qu'à la moitié de la saison.

 

 

J'ai aimé :

  •  les scènes avec Tate et notamment son flashback
  •  Piggy Man
  •  Constance de plus en plus mystérieuse
  •  la reprise de l'intrigue du bébé

 

Je n'ai pas aimé :

  •  le manque de confrontation des intrigues et des références

 

Note : Allez, je me rend compte que j'ai presque tout aimé, donc 17/20.

L'auteur

Commentaires

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Poliis0n
Je n'ai pas vu l'épisode et donc pas lut ta critique, mais à la vue de ta note, je vais me presser de le voir!

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