Après un onzième épisode très étouffant, la série de FX choisit pour son douzième et dernier épisode de la saison de sortir la carte du jouissif, sans pour autant négliger la résolution des intrigues (dédicace à Dexter) et même un peu d'émotion par une cronstruction narrative judicieuse.
Un mélange astucieux des temporalités qui résume en même temps de contraster
L'épisode commence par un l'habituel flashback, sauf que celui-ci concerne la famille Harmon et qu'il sert surtout de sorte de résumé à la saison en superposant l'enthousiasme de Ben pour le manoir à ce qu'il s'est finalement passé pendant les divers épisodes précédents. Le décalage est ensuite accentué par le retour au présent : Ben se retrouve seul dans le manoir après la mort de Vivien et Violet. Plutôt que de faire un bête previously on, ce résumé est ainsi directement intégré à l'épisode et sonne le glas de la conclusion.
Le début de l'épisode met donc l'accent sur Ben, bien évidemment en pleine dépression après la mort de sa famille, qui garde tout de même le courage de tenir tête à Constance et de récupérer le bébé dont il n'est pas le père. Malgré tout, il hésite à se suicider dans une scène intense à la photographie particulière qui pourrait faire appel à un certain onirisme. Mais Vivien puis Violet interviennent finalement pour le guider, et pour la première fois depuis longtemps Ben et Vivien s'embrassent tendrement, tandis qu'une musique dramatique particulièrement prononcée s'ajoute au filtre onirique. Cependant, cette ambiance chaleureuse disparaît très vite en même temps que les fantômes de sa famille, et la scène suivante est terrible par son contaste : alors que Ben semble enfin en paix, Hayden réapparaît et le pend au lustre par jalousie par rapport à cette nouvelle liberté.
L'épisode emploie par la suite une autre séquence mêlant avec contraste les temporalités, en présentant le témoignage de Constance par rapport à ce qu'elle a réellement fait pendant ce lapse de temps. La séquence est encore une fois réussie en nous présentant une Constance plus machiavélique que jamais.
Néanmoins, je dois bien avouer qu'un élément m'échappe complètement, et j'ai même l'impression que c'est une concession qu'ont dû faire les scénaristes par rapport à leur parti pris sur la condition des fantômes du manoir : en quoi un second meurtre d' Hayden (qui ne sert à rien) permet-il à Constance de récupérer le bébé ? J'avais d'ailleurs exprimé les mêmes réticences à propos de Chad dans l'épisode précédent. En effet, qu'est-ce qui empêche à chaque fois aux fantômes de se foutre sur la gueule continuellement ? Comment un fantôme en particulier peut-il gagner contre un autre ? Et en plus, Constance est censée être faible comparée aux fantômes, Hayden avait juste à la tuer sans qu'elle puisse y faire grand chose. Bref, si quelqu'un a un élément d'explication, je veux bien qu'il éclaire ma lanterne.
Un bordel horrifique génialissime
Maintenant que la famille Harmon était enfin au complet dans l'au-delà, il était temps pour une nouvelle famille d'emménager dans le manoir après un léger saut dans le temps. Si les scènes sur la nouvelle famille et notamment le couple paraissent assez inutiles, elle permettent néanmoins à chaque fois de mettre en relation la situation de la famille Harmon et de Tate, et surtout de lancer un long passage de dix minutes que je considère comme le meilleur de la saison, ni plus ni moins.
En effet, cette séquence met à l'honneur presque tous les fantômes accumulés depuis la début de la saison qui se réunissent pour faire fuir les nouveaux occupants. Et même si c'est pour leur bien (enfin sauf concernant Tate), les moyens employés sont peu orthodoxes et ne leur laisse aucun répis. Ainsi, se succède un somnambulisme inquiétant, Tate aux intentions peu chaleureuses, Ben qui revêt le costume de latex (yeah !), l'enfant déformé de Constance, la femme de Larry, Moira en mode Breckenridge, la noyée de la baignoire, le Daliah Noir en mode découpée, et enfin Ben et Vivien dans un duo aussi morbide que diaboliquement jouissif. Des tripes et des tirs dans la tête, c'est tout ce que je demandais ! Il n'en faut pas plus pour que ces occupants ne le restent pas longtemps et s'enfuient à toute vitesse : c'est mission accomplie pour la famille Harmon, qui, ironie du sort, n'a jamais été aussi unie que depuis que tous ses membres sont morts.
Une conclusion assez calme pour une ouverture assez floue mais au bon potentiel
Bah oui, les fantômes aussi fêtent Noël !
L'épisode aurait très bien pu s'arrêter là, mais il fallait tout de même un épilogue pour véritablement conclure la saison et lancer des pistes pour la suivante. Ainsi, le fameux tour touristique refait une apparition tandis que le manoir est à nouveau à vendre, mais je vois mal comment la série pourrait jouer la carte des nouveaux occupants très longtemps, à moins qu'ils aient véritablement quelque chose de particulier à cacher un peu comme Desperate Housewives, et encore je suis pas sûr que ce soit la meilleure idée pour la suite.
Dans le même temps, les relations entre Ben et Tate se détendent légèrement tandis que ce dernier s'est a priori définitivement séparé de Violet. D'autres interactions seront très probablement exploitées lors de la deuxième saison.
En fin de compte, tout s'arrange pour les Harmon, puisque Vivien récupère le bébé mort-né et nomme Moira comme maraine, et qu'ils fêtent Noël en famille, morts certes, mais en famille unie et heureuse à la manière d'un happy-end hollywoodien. De leur côté, Hayden et Tate les observent, tapis dans l'ombre, près à attendre l'éternité (ou la deuxième saison) pour avoir le dernier mot.
Enfin, une dernière séquence est centrée sur Constance après un saut dans le temps de trois ans. Ainsi, elle est plus que jamais déterminée à accomplir son rôle de mère, tandis que le bébé de Vivien qu'elle a récupéré se révèle être un futur Tate en puissance. Dans les derniers instants de la saison, résonne dans nos oreilles la fameux thème sifflé entendu lors du flashback du massacre perpétré par Tate lors d'un précédent épisode.
Finalement, j'ai trouvé ce season finale à la hauteur de la série en réunissant globalement toutes les qualités que je lui trouvait jusqu'alors et en atteignant à certains moments un niveau de jubilation que je n'avais pas ressenti depuis assez longtemps. American Horror Story n'aura peut être pas volé au niveau d'excellence de Boss ou d' Homeland, mais pour peu qu'on adhère au genre le voyage n'en aura pas pour autant été moins apprécié.
J'ai aimé :
- la séquence de la fuite des nouveaux occupants
- la réalisation notamment dans le montage narratif et la photographie
- la conclusion maîtrisée
Je n'ai pas aimé :
- l'incohérence au niveau des affrontements entre fantômes
- une saison 2 qui reste un peu trop mystérieuse, même si ce défaut pourrait se révèler être une qualité
Ma note : argh, j'hésite à mettre 17, mais j'ai tellement pris mon pied par moments dans cet épisode et plus généralement dans cette saison que je met 18/20.