Dans l’asile des horreurs, nous avions les extra-terrestres, les monstres, les savants fous, les religieuses douteuses, les serieall killer (je ne sais plus comment ça s’écrit), les esprits frappeurs et les allumés divers. Il ne manquait plus que les nazis et les roux pour que la photo de famille soit réussie. Blague à part (si vous êtes roux), AHS commence à se diluer et c’est incontestablement l’élément le plus flippant de l’épisode.
Et si on ajoutait une déportée et qu’on disait que c’était Anne Frank ! ?
Anne n’a pas de chance. Après avoir vécu deux ans cachée et un an en camp de concentration pour finalement mourir, la voilà enfermée chez les fous dans le pays de la liberté surveillée. Nous ne parlerons pas d’elle évidemment ou alors, juste pour dire que bon... watzefeuk?
Alors certes, il fallait bien un prétexte pour en arriver au lourd passé de notre orangina rouge au scalpel (définitivement : pourquoi est-il aussi méchant?), mais j’ai tendance à me dire que les scénaristes n’ont peur de rien :
- On fait comment pour le passé Nazi d’Arden?
- Bah easy ! on fait venir une déportée juive qui le reconnaît.
- Tu t’y connais en déportation toi?
- J’ai lu le journal D’anne Frank...
- Bingo!
Je n’arrive pas à concevoir d’autre explication.
De l’huile pour diluer la tache.
Vous l’avez sûrement déjà remarqué, nos petits écrans nous proposent trois types de show : les feuilletons, les séries feuilletonnantes et les séries tout court. Dans le premier cas, comme pour 24, on suit une histoire, dans le second comme avec X files, l’histoire ne concerne que quelques épisodes et enfin, dans le cas d’une série (Urgence), le fil rouge n’est qu’un prétexte aux situations des épisodes. Dites-moi si je me trompe, mais autant que j’m’en souvienne, aucun feuilleton estampillé épouvante-horreur au sens strict n’a jamais foulé le pixel d’un écran TV avant AHS (The Walking Dead étant un survival zombie).
Ceci étant dit, j’ai tendance à être très indulgent quand une série TV n’écoute que son coeur et s’aventure dans les contrées hantées par le grand méchant écran. Ma magnanimité n’avait pas trouvé de raison de se manifester pour Asylum, la petite s’en sortait bien mais on sentait poindre pendant le troisième épisode un certain essoufflement. Mais ce qui devait arriver arriva, et le premier signe flagrant de faiblesse tombe comme un couperet sur les épaules de l’enfant trop hardi : un épiphénomène vient diluer la trame pour combler les lacunes d’un scénario qui pêche par précipitation.
Quinze scènes. Oui Madame, quinze, pas moins ! Pour un épisode de 40 minutes hors générique, c’est ce qu’on appelle un découpage rapide voire pire, un affolement. Certes, il faut maintenir en haleine l’Américain moyen. Bien sûr, le format est une gageure pour qui a vocation de faire peur. Mais pourquoi cette obstination à diluer l’intrigue principale pour tenir le format ? Est-ce encore un coup de ces satanées contraintes marketing ?
Le fil rouge a pourtant tout pour plaire, et en prenant le temps, le show peut encore installer le spectateur dans une torpeur contemplative face à cet asile ; lui lâcher la main pour le laisser prendre ses marques comme sait le faire AMC.
Le point horror de la semaine
Les défauts de l’épisode sont d’autant plus regrettables que dans l’ensemble, l’objectif est atteint. Le «traitement» que subit Lana contre son homosexualité offre son lot de barbarie, et cette dernière réussit - certes, un peu maladroitement au début - à nous emmener dans son désespoir, tandis que Kit nous trouble avec ses doutes. L’histoire de Grace m’a paru rendre hommage aux slashers movies et le corps étripé du placard fait son effet. Enfin, le «monstre derrière la porte» de la scène finale sonne juste et donne envie d’en voir davantage.
Non, vraiment, je ne comprends pas pourquoi AHS s’encombre de fioritures qui ne mettent pas en valeur ses fondamentaux.
En parlant de mise en valeur d’ailleurs, contrairement à la première saison, je n’ai jusqu'ici pas vu de contrepoids à la tension. Vu les redondances - comme la musique de la salle de détente - j’ai tendance à penser que c’est un choix des scénaristes, mais changer de temps en temps de photographie et apporter une touche de légèreté nous permettrait de mieux replonger ensuite, comme une victime du supplice de la baignoire.
Coté trame
Soeur Jude n’a aucun problème avec la lobotomie pour guérir l’homosexualité, mais la présence d’une ancienne déportée l’adoucit. Les voies de Dieu sont bel et bien impénétrables, même si Mary Eunice le semble de moins en moins (impénétrable, pour ceux qui ne suivent pas). Du coup, la rivalité entre Jude et Arden permet à Kit de souffler et se remettre en question pour notre plus grande confusion. Les extra-terrestres, les monstres du jardin et l’esprit frappeur étaient en vacances cette semaine, tout comme Bloodyface dont on aimerait quand même avoir des nouvelles.
Du coté de Thredson, le jeu de Zachary Quinto sonnait juste, mais commence désormais à être juste tout court. M’est avis qu’un rôle plus ouvert à la composition lui siérait mieux.
Enfin, pour en revenir à soeur Jude, les soupçons d’alcoolisme qui pèsent sur elle, sa confession à la Mère supérieure concernant Arden ainsi que son empathie à l’égard de Kit sont autant de raisons de penser qu’elle va bientôt entamer son propre chemin de croix.
Kit doute, Lana désespère, Thredsome va partir, Jude prend conscience, Grace se confesse, Arden est démasqué, Anne Frank... wait... what ? et Mary Eunice aime le fouet, les bases d’Asylum sont désormais posées et le show doit décoller. On verra la semaine prochaine.
Ce que j’ai aimé :
- Quelques effets réussis, comme le malaise que provoque le traitement contre l’homosexualité
- La réalisation, toujours soignée
- L’ambiance générale oppressante
Ce que je n’ai pas aimé :
- Anne Frank ? A quand Napoléon ou le général Lee ?
- Le rythme trop soutenu pour le genre horrifique. On n’est pas dans Glee là.
- Attention aux arcs isolés et aux épiphénomènes.
Note : 13/20