Gérer la mort d’un personnage principal n’est jamais une chose facile. De nombreux paramètres rentrent en effet en compte : il faut rendre hommage au personnage, montrer à quel point sa disparition affecte tous ceux qui restent, mais aussi – et surtout – l’insérer dans la narration de façon à faire avancer l’histoire.
On pouvait donc se demander comment les scénaristes allaient gérer la mort de Laurel – pour cette saison 4 ; je me réserve toujours le droit d’attendre le début de la 5 pour donner un avis définitif sur la question. La réponse tout de suite, avec un Canary Cry maladroit, mais qui ne manque pas de volonté.
Les conséquences d’une disparition
Comme on pouvait s’y attendre, le drama est à l’honneur au sein de Canary Cry. Chaque personnage fait ce qu’il peut pour réussir à tenir après la mort de Laurel. Et ce n’est pas peu dire que certains s’en sortent mieux que d’autres.
Quentin m’a brisé le cœur : Paul Blackthorne est de loin mon acteur préféré dans cette série, et il réussit encore une fois à parfaitement faire ressentir l’épreuve que traverse son personnage. Son déni quant au nouveau malheur qui vient frapper sa famille, sa résolution de ne pas abandonner avant de sauver sa fille. Il fait même appel à Nyssa, dans une des meilleures scènes de l’épisode. Celle qu’il partage avec Oliver est tout aussi déchirante. Ce dernier s’en sort mieux qu’on aurait pu le penser, d’ailleurs. Ou alors c’est juste qu’il est toujours comme ça. Au choix…
En revanche, la donne n’est clairement pas la même du côté de Diggle et Felicity. Le premier traverse une épreuve classique dans les séries : la culpabilité. Si vous m’accordez un moment d’humour, cela ne m’étonnerait pas qu’il se laisse pousser une barbe après la mort de son amie. Diggle cherche donc à se venger, ce qui amènera de nombreux discours que vous avez déjà entendus des milliers de fois. Reste l’interprétation de David Ramsey, toujours solide. Felicity représente quant à elle une situation catch 22 : bien que sa réaction représente un moment intéressant pour son personnage, Emily Bett Rickards n’arrive absolument pas à nous impliquer dans ce que traverse la jeune femme. Elle en ressort encore plus égoïste et irritante, alors que le but n’était pas là. C’est vraiment dommage. Mais en même temps, bien fait pour les scénaristes.
Une histoire qui n’en finit pas de piétiner
Le plus gros problème dans tout cela, c’est que la mort de Laurel ne sert pas à grand-chose, si l’on s’intéresse à la trame narrative générale de cette quatrième saison. Après un cliffhanger osé au sein de Green Arrow (4.01), les scénaristes se sont coincés tout seul dans une histoire qu’ils n’ont pas maîtrisée depuis le début – ils ont même avoué ne pas réellement savoir qui mettre dans la tombe. Dès lors, la résonnance de la disparition de ce personnage majeur – dans la série comme dans les comics – se retrouve complètement étouffée. Oliver décide de tuer Darhk, mais on a l’impression que l’on a fait du surplace avant d’arriver à ce moment-là.
Alors que Team Arrow panse ses plaies, du côté des Darhk l’heure est en revanche au champagne. Ruvé continue de prouver qu’elle est au moins aussi badass que son magicien blond platine de mari, se montrant détestable du début jusqu’à la fin de l’épisode. Si cela n’a pas forcément renforcé la motivation de notre équipe de super-héros, je sais que j’ai vraiment envie de la voir mourir. Et pas d’une jolie façon. J'espérais même que la nouvelle Black Canary finisse le boulot.
Encore une fois néanmoins, le gros problème de cette deuxième partie de saison résulte d’un manque flagrant de fraîcheur, que ce soit au niveau des personnages ou des intrigues. Genesis n’avance pas – parce que oui, ça existe encore ce plan diabolique contre Star City –, certains acteurs semblent bloqués dans des personnages qu’ils n’arrivent pas à faire évoluer – bon ok, je vise principalement Felicity – et il devient dès lors difficile de s’engager émotionnellement avec ce qu’ils traversent. J’espère que du sang neuf sera injecté en saison 5, quitte à chambouler les fondations de la série. Et réduire la commande d’épisodes aussi, ce serait pas mal.
L’héritage du Black Canary
Aussi maladroit soit-il, Canary Cry réussit tout de même ce qui lui était demandé – et plutôt bien en plus : l’hommage final à Laurel. Avant d’en arriver là, revenons d’abord sur la jeune fille qui prend le relais de Laurel en tant que Black Canary. Si tous ceux qui ont regardé l’épisode se sont doutés de quelque chose lors de cette scène vraiment bizarre à l’hôpital, le personnage m’a bien plu, notamment parce qu’il a permis de chambouler quelque peu le statu quo. S'en débrouillant plutôt bien lors des scènes d’action et donnant un point de vue nouveau sur les agissements de Team Arrow, le personnage a bien réussi sa mission : se questionner sur l’héritage que laissent derrière eux les super-héros. C’est plutôt finement amené de la part des scénaristes, et si cela n’atteint pas des sommets en termes de sens, c’est néanmoins une question intelligemment posée.
Mais la partie la plus réussie de Canary Cry reste donc bel et bien l’hommage à Laurel. Stephen Amell délivre parfaitement l’éloge funèbre, tout en retenue. Pas de discours grandiloquents, ni de remarques faussement intelligentes sur le sens de la vie : on assiste juste à un au-revoir déchirant à une personne qui a compté énormément dans la vie de nos héros. Qu’importent les défauts de l’épisode – et il y en a eu –, j’étais juste content que les scénaristes aient su au moins un peu rendre hommage à Laurel. Son héritage perdurera à jamais dans la série. Et ça, ça mérite une bonne note.
Arrow n’a jamais été la plus douée pour réussir des choses qui demandent une certaine finesse d’écriture. Néanmoins, Canary Cry s’impose rapidement comme un épisode assez spécial dans la série. Parce que l’hommage à Laurel est réussi, alors que les scénaristes réussissent bien à nous faire ressentir la peine du reste de l’Arrow Team – à quelques maladresses exceptées. L’épisode est donc réussi de ce côté-là. En revanche, niveau avancement de l’histoire, on peut dire que la mort de Laurel n’a servi à rien. Et cette inertie inquiète beaucoup, à seulement quatre épisodes de la fin d’une quatrième saison qui s’est écroulée dans sa deuxième partie.
J’ai aimé :
- L’hommage au Black Canary.
- Sympathique la « remplaçante » de Laurel.
- Un très bon Stephen Amell.
- Quentin. J’ai mal au cœur en pensant au destin de cet homme.
- Thea, keep up the awesomeness !
- Ruvé Adams, bien dangereuse et sadique comme il faut.
- Quelques bonnes lignes de dialogues.
Je n’ai pas aimé :
- La mort de Laurel ne sert finalement à rien au niveau de l’intrigue.
- Des flashbacks qui ne rendent absolument pas hommage au personnage. Bordel, les scénaristes avaient pourtant réussi ceux de Moira.
- Un clair manque de sang neuf dans l’Arrow Team.
- Felicity. Et cela me fait mal d’écrire ça.
Je suis sans voix :
- Mais d’où Oliver tu envoies Barry bouler comme ça ?
- Mais d’où Barry t’as récupéré tes pouvoirs ? T’es pas censé être « normal » ?
Le point flashbacks :
Pff. Je me réjouissais de quitter l’île cette semaine, mais j’ai rapidement déchanté. Déjà, les flashbacks ne sont pas vraiment logiques, compte tenu de la timeline de la série, entre les saisons 1 et 2. Mais, à la limite, je peux laisser passer, sachant qu’il ne faut pas trop s’arrêter sur les soucis de cohérence dans The Flash, Arrow ou Legends of Tomorrow.
Néanmoins, là où ça passe clairement moins bien, c’est lorsque je remarque que ces flashbacks sont uniquement centrés sur Oliver. C’est bien Laurel qui est morte dans l’épisode précédent, non ? J’ai raté le mémo ? Qu’importent les soucis que j’ai pu avoir avec le personnage : Laurel faisait partie intégrante de l’Arrow Team, et elle méritait beaucoup mieux que cette sortie-là, encore et toujours liée à Oliver. Dans une série qui réussit d’habitude à plutôt bien écrire ses personnages féminins, ça fait grosse tâche. Désolé Laurel, tu ne méritais vraiment pas ça.
Ma note : 14/20.