Pitch Bordelais
Incapable de supporter le manque total d'hygiène de Bernard, Manny décide de faire appel à une agence de nettoyage sans l'accord de son patron. Ne pouvant pas supporter le concept même de ménage, Bernard se réfugie avec Manny chez un de ses "amis" qui cherche une personne pour veiller sur sa maison, et en particulier sa cave, où se trouve une bouteille de vin particulièrement rare.
Bernard Black et la bouteille divine
Aprés deux épisodes centrés sur Bernard, Black Books propose une histoire plutôt amusante, fournissant à l'épisode une ligne directrice délicieusement absurde. Celle d'une bouteille de vin miraculeusement préservée pour le pape, qui va malheureusement croiser la route de Bernard et Manny. Pour en arriver à l'instant fatidique de la rencontre, les scénaristes ne vont vraiment pas faire dans la finesse, accumulant au passage de nombreuses lourdeurs qui plombent une bonne moitié de l'épisode. Les auteurs ont clairement à l'esprit la scène finale, parodie plutôt réjouissante du Frankenstein de la Hammer, et semblent prêts aux pires incohérences pour atteindre leur but, quitte à gâcher une bonne partie du potentiel de l'épisode.
Avant de devenir cet improbable croisement de Prométhée et Dyonisos, Bernard va être expulsé de sa librairie par un nettoyeur (Kevin Eldon, formidable), chargé par Manny de redonner une apparence normale à la tanière de Bernard. Son intrusion dans l'antre du monstre, vécu par l'intéressé comme une profanation, va donner l'occasion aux scénaristes d'appuyer une fois de plus le mode de vie particulièrement sauvage de Bernard.
Trois storylines sans aucun lien apparent
L'épisode est découpé en trois parties totalement indépendantes et inégales (l'homme de ménage, la bouteille de vin, le rencard de Fran), et les auteurs demeureront incapable de connecter correctement les trois histoires, optant à chaque pour des solutions plutôt mal pensées. L'épisode se résume dès lors à une suite de saynètes plus ou moins drôles, sans la moindre unité, et donne l'impression d'un scénario bâclé. La preuve qu'une multitude d'idées ne suffit pas à faire une bonne histoire, surtout si l'on oublie la nécessaire connexion entre les différentes phases du récit.
Il reste alors l'histoire de Fran, de loin la plus amusante grâce au talent remarquable de Tamsin Greig. Son histoire de rencard râté apporte les seuls vrais moments de comédie de tout l'épisode en présentant une Fran très mauvaise séductrice, gaffeuse pathologique plutôt touchante. La manière dont elle passe d'une sophistication artificielle à un naturel clairement vulgaire est vraiment réjouissant, sauvant l'épisode de la médiocrité. Loin des enfantillages des deux héros, Fran se montre à son avantage en fournissant à l'épisode ses meilleurs segments.
De l'importance de la fluidité ou le syndrome de Frankenstein
Une idée de départ brillante, trois storylines plutôt inspirées ne suffisent pas à faire un épisode ; et la série fait ici preuve d'un excès de fainéantise plutôt inquiétant. Car les ficelles sont si grosses qu'elles gâchent complètement le visionnage, ne laissant que le souvenir d'un épisode artificiel, faisant le choix de la facilité plutôt que la subtilité. Loin de l'ambition des premiers épisodes, la série montre ici un laxisme qui vient gâcher tout le potentiel d'une idée de départ remarquablement absurde.
Il ne reste que le talent des comédiens (Tamsin Greig en tête) pour rattraper ce qui aurait pu être un indéniable fiasco. Car tout comme le livre de Mary Shelley nous l'apprend, une création sans cohérence est forcément vouée à la destruction.
J'ai aimé :
- l'allusion au livre de Mary Shelley
- Tamsin Greig formidablement drôle
- Le nettoyeur, à la voix très crispante (en vo seulement, la vf est affreuse)
Je n'ai pas aimé :
- un scénario incohérent.
- une construction baclée.
- des rires en boîte particulièrement énervant.
Note : 09 / 20
sephja
