Critique : Black Books 1.06

Le 24 mai 2011 à 15:07  |  ~ 5 minutes de lecture
Premier season finale, où Manny décide enfin de quitter Bernard pour partir dans une intrigue que l'on pourrait qualifier de "Pretty Woman" pour gros barbus. Au programme, des séparation en cascade, un délire typiquement anglais pour une série qui trouve enfin son équilibre.
Par sephja

Critique : Black Books 1.06

~ 5 minutes de lecture
Premier season finale, où Manny décide enfin de quitter Bernard pour partir dans une intrigue que l'on pourrait qualifier de "Pretty Woman" pour gros barbus. Au programme, des séparation en cascade, un délire typiquement anglais pour une série qui trouve enfin son équilibre.
Par sephja

Pitch séparation et rupture 

Victime des brimades et des humiliations de Bernard, Manny choisit de quitter la librairie et de partir le plus loin possible de son tortionnaire. Après quelques jours sans lui, Fran découvre que Manny lui manque, et elle ne se sent pas capable de pardonner à Bernard son comportement cruel et égoïste. La rupture a lieu entre eux, tandis que Manny connait un certain succès comme mannequins pour des magazines d'amateur de gros barbus.

 

 

Une parodie de rupture 

Après une saison de brimades, de moqueries et d'humiliation, Manny n'en peut plus et abandonne Bernard qui s'avère incapable de faire le moindre effort pour le convaincre de rester. Jouant sur un le registre du vieux couple assez classique dans la comédie, Black Books nous propose un épisode où Manny décide enfin de prendre le large et de devenir un peu plus indépendant. Si Bernard ne ressent pas vraiment la différence, Fran se retrouve orpheline d'une oreille attentive qu'elle ne peut pas retrouver au travers d'un Bernard beaucoup trop égoïste. 

Quoi que dans cet affaire, le plus égocentrique n'est pas forcément Bernard, Fran appréciant avant tout chez Manny l'attention qu'il prête à ses badinages plutôt artificiels. Accusant Bernard de tous les tords, elle va aller jusqu'à l'abandonner tant son amitié pour lui n'était en fait qu'une façon pour elle de se valoriser. Très drôle, les dialogues entre Bernard et Fran fusent et permettent d'obliger l'écossais alcoolique à sortir de sa zone de confort et à s'adapter maladroitement aux nouvelles exigences de son amie.

Parfait dans le ton de la comédie, le duo Fran - Bernard est de loin le plus efficace tant Bernard n'est vraiment drôle qu'une fois en position de faiblesse.  La création de Dylan Moran fonctionne alors à merveille, endossant parfaitement le costume de la victime avec une hypocrisie et une mauvaise foi remarquable. Quoi qu'il se passe, Bernard refuse de changer ou de s'adapter, quitte à ne laisser autour de lui qu'un champ de ruines, s'enfermant dans sa librairie qui lui sert finalement plus de refuge que de commerce. 

 

 

Manny en plein délire barbu 

Black Books est une série Anglaise qui excelle dans l'humour délirant et va proposer avec Manny une storyline totalement absurde particulièrement réussie. Partie seul dans les rues de Londres, Manny va être repéré par un photographe d'un magazine de mode pour gros poilus  qui va faire de lui une vedette éphémère avant de lui proposer de devenir une escorte de luxe pour des fans japonais. Totalement irréaliste, cette intrigue vaut pour un Bill Bayley impayable qui joue parfaitement le jeu, l'acteur excellant dans ce type de situation invraisemblable où il peut faire preuve de son goût pour le transformisme.

La chute finale viendra confirmer une bonne partie de ce qu'on savait sur Manny qui reviendra finalement se réfugier dans la librairie de Bernard pour échapper à sa tendance trop serviable. Loin d'être si invivable, Bernard représente une forme de sécurité pour Manny tant son ancien patron s'avère finalement prévisible et donc réconfortant. Après une saison à chercher le motif du maintien de Manny auprès de Bernard, la série trouve enfin une réponse plutôt crédible à ce dilemme, Bernard représentant aux yeux du Manny un protection contre son penchant naturelle à une certaine naïveté.

Finalement, Black Books parle d'une amitié improbable, celle de deux hommes qui fuient un monde extérieur qui ne leur réussit pas, thème majeur de Graham Linehan qu'il reprendra dans The IT Crowd.  

 

 

Deux égoïstes pour une barbe

Après une saison à coexister au sein de la librairie, la série a réussie à trouver un bon équilibre, commençant à proposer quelques délires bien pensés de mieux en mieux réussis. Les premiers épisodes plutôt maladroits sont loin derrière et les personnages ont finalement trouvé leur place, Manny se retrouvant piégé entre les deux monstres d'égoïsmes que sont Fran et Bernard. Sauvé par une bonne volonté inattaquable, il possède suffisamment de patience pour supporter les amitiés des deux autres, et surtout la façon dont il l'exprime.

Loin de jouer la carte du triangle amoureux, la show de Moran et Linehan s'avère étonnamment drôle et à l'opposé d'un monde moderne aseptisé et formaté où les trois héros n'ont clairement pas leur place. Fumeur invétéré et alcoolique notoire, les personnages de Black Books sont perpétuellement en décalage avec la mode et la modernité, revendiquant une utopie, celui d'un monde où le droit à l'égoïsme serait reconnu comme une valeur.

 

J'aime :

  •  la storyline de Manny, sorte de pretty woman pour gros barbus 
  •  un délire plus maitrisé que d'habitude 
  •  Bill Bayley énorme 
  •  une réalisation plus soignée qu'en début de saison
  •  le duo Fran - Bernard très drôle 

 

Je n'aime pas : 

  •  drôle sans être vraiment hilarant 
  •  moins original que d'habitude 

Note : 13 / 20 

Une saison un qui se termine avec deux très bons épisodes, montrant que la série a réussi à trouver la forme idéale pour le show. Très drôle, ces épisodes prouvent la capacité des auteurs à proposer des intrigues vraiment délirantes qui s'améliorent peu à peu. Un show typiquement Anglais à découvrir pour tous les amateurs d'humour nonsense bien allumé.


L'auteur

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