Critique : Black Books 1.05

Le 22 mai 2011 à 20:41  |  ~ 5 minutes de lecture
Episode délirant et très drôle où Bernard et Manny se retrouvent piégés en milieu hostile et vont devoir apprendre à survivre. Au programme, cuisson d'abeille à point, masturbation radiophonique et le vendeur de fast-food de l'année.
Par sephja

Critique : Black Books 1.05

~ 5 minutes de lecture
Episode délirant et très drôle où Bernard et Manny se retrouvent piégés en milieu hostile et vont devoir apprendre à survivre. Au programme, cuisson d'abeille à point, masturbation radiophonique et le vendeur de fast-food de l'année.
Par sephja

Pitch apprentissage de la survie

Suite au cambriolage de la librairie, Manny fait installer une nouvelle porte en acier avec un verrou digital dont il n'entend pas le code, la faute à un petit jour de Subbuteo que l'installateur a dans les cheveux. Suite à une mauvaise manipulation, Manny se retrouve enfermé à l'intérieur et Bernard à l'extérieur du magasin, ce qui oblige chacun d'eux à survivre au mieux dans un univers hostile.

 

 

Un délire complet absolument irrésistible

Totalement irracontable, cet épisode de Black Books marque le premier vrai délire de la série, un récit en trois parties totalement différentes et aussi drôle les unes que les autres. L'artifice de départ de l'épisode est aussi absurde que le reste de l'épisode avec un vendeur de porte blindé invraisemblable interprété par Nick Frost venu vendre à Manny la seule porte de sécurité qui ne s'ouvre que de l'intérieur. Le concept est totalement absurde et tellement gros qu'il passe parfaitement et va permettre d'entraîner les deux libraires dans une odyssée de la survie, chacun de son côté de la porte.

L'idée de confronter Bernard au monde réel est du pain bénit pour les scénaristes, Dylan Moran se montrant incapable de vivre dans un monde peuplé d'autres personnes que lui. Sans but, il erre d'un cinéma vide à un vendeur de films pornographiques, incapable de trouver sa place dans cet univers trop normal. La séquence du fast-food résonne comme une vengeance, Bernard Black devenant le symbole du refus de la normalisation, de la lutte de l'individu contre un univers moderne aseptisé et automatisé. 

Manny va se retrouver piégé dans un univers chlaustrophobique et inquiétant, celui de la bibliothèque de Bernard, avec comme seul soutien un livre sur la survie en milieu extrême. Sa quête de nourriture et d'eau n'atteindra pas le niveau de délire attendu, à l'exception des brochettes d'abeilles, mais donnera malgré tout lieu à quelques gags plutôt amusants grâce au talent de Bill Bayley. La série atteint alors ses limites en ne cherchant jamais à créer un parallèle entre les aventures de Manny et Bernard, si bien que l'épisode finit par ressembler à une suite de simples sketchs. 

 

 

Fran pris au piège de son fantasme

Pour permettre à cet épisode, il fallait un point fixe, une histoire simple et efficace dont la stabilité viendrait contrebalancer les délires du duo. Minimaliste à l'extrême, l'intrigue de Tamsin Greig est aussi folle que celle de ses deux collègues, Fran étant incapable de résister à la voix de l'excellent Peter Seraminovitch. Perdu dans son fantasme, elle va se livrer à une séquence de masturbation assez invraisemblable et tout simplement irrésistible, porté par la voix suave de son ancien amant dont elle ne peut supporter la profonde stupidité.

Sans le talent de Tamsin Greig, cette séquence n'aurait pas la même saveur, car elle évite au show de sombrer dans la vulgarité en apportant un jeu sur le regard simplement hilarant. Si, vu de l'extérieur, Fran a toutes les apparences de la normalité, elle possède malgré tout la même folie que ces deux acolytes Manny et Bernard. Du trio, elle est la seule qui permette de vraiment s'identifier, contrairement à Manny ou Bernard dont le style marginal agit à l'inverse.

 

 

 

Un épisode Frankenstein 

Très éclaté entre les trois storylines, Black Books propose un épisode certes foisonnant, mais qui manque de cohérence et ne parvient pas à dépasser le statut du simple délire. Totalement décomposé dans la forme et le fond, le récit ne parvient jamais à relier les trois intrigues, résolvant le problème de la porte par une astuce scénaristique assez décevante. En refusant de pousser le délire à son summum, la série fait le choix d'une certaine facilité plutôt regrettable et ne parvient pas encore à tirer le maximum de son concept de départ.

Il reste malgré tout un épisode très réussi, à l'humour anglais très prononcé où Bernard fait merveille en vendeur de Fast-food totalement allumé. Confronté à son style brutal et direct, les citoyens de Londres subissent la rage et la colère de Bernard qui évolue dans ce monde sans réussir à en comprendre les codes. Tout comme Fran et Mannie, il symbolise au mieux cette frange de la population asociale, invisible, incapable de s'insérer dans notre monde moderne.  

 

J'aime : 

  •  chaque histoire prise à part 
  •  la scène du fast-food plutôt hilarante 
  •  Fran en pleine forme... si l'on peut dire
  •  un casting étonnant : Nick Frost, Peter Serafinowicz


Je n'aime pas : 

  •  une conclusion un peu décevante
  •  les auteurs auraient pu pousser le délire plus loin 

 

Note : 14 / 20 

Premier délire de la série, Black Book trouve enfin le ton juste et propose le meilleur épisode de sa première saison. L'utilisation brillante de Peter Serafinowicz est une des très bonnes idées de cet épisode.

L'auteur

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