Critique : Black Books 2.01

Le 30 décembre 2011 à 09:30  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode de reprise amusant où Fran et Bernard vont profiter des talents de Manny pour leur bénéfice personnel.
Par sephja

Critique : Black Books 2.01

~ 7 minutes de lecture
Un épisode de reprise amusant où Fran et Bernard vont profiter des talents de Manny pour leur bénéfice personnel.
Par sephja

Virtuose par accident

Bernard tente de se remettre d'une nouvelle gueule de bois et fait la connaissance dans le magasin d'une femme qu'il juge séduisante, lui offrant son livre pour attirer son attention. Fran décide de son côté de se mettre au piano, mais découvre malheureusement qu'elle ne possède pas du tout la fibre artistique,, tandis que son professeur la maltraite. De son côté, Mannie rêve à un jour de congé, mais doit pour cela s'assurer que ses deux collègues soient heureux en utilisant ses compétences de musicien. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode divertissant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une vision du métier d'artiste originale 
  •  des personnages affreux et méchants 
  •  un univers entre cynisme et désespoir
  •  une saison deux supérieure à la première 

 

 

La difficulté d'être un artiste 

Après une saison un assez inégale qui avait permis de mettre en place l'univers du show, Black Books revient avec un héros en pleine gueule de bois, signe que Bernard Black est bien toujours le même. Au scénario, Dylan Moran va avoir la bonne idée de se placer un peu moins en avant, équilibrant l'intrigue afin qu'elle tire au mieux parti du trio. Le principe de l'épisode est simple : Fran veut apprendre le piano, mais se heurte à un manque de talent évident et une fainéantise totale, là où Manny par contre se révèle un musicien brillant capable de jouer simplement à l'oreille. 

Il est intéressant de voir le rapport de Dylan Moran avec la fibre artistique, lui qui n'a jamais apprécié l'école, autodidacte brillant et créatif. La façon dont Manny parvient à jouer sans prendre la moindre leçon est particulièrement drôle, surtout que Bill Bayley se montre très expressif et parfaitement crédible. Seulement, ce talent va devenir sa malédiction, offrant l'occasion à Fran de l'exploiter pour mieux satisfaire son professeur de musique tortionnaire, Tamsin Grieg s'amusant toujours autant à jouer les égoïstes hypocrites.

Etre artiste, c'est un talent qui est plus le fruit de la chance que du travail dans l'univers de Black Books où les musiciens ne sont que des singes savants qui attirent l'attention avec élégance. Finalement, le seul gain pour Manny à savoir jouer de manière virtuose est de perdre le peu de temps libre dont il disposait en devenant un peu plus l'esclave des ambitions de Bernard et Fran. 

 

Affreux, vilains et égoïste 

Avec la début de la saison deux, Bernard Black reste l'alcoolique égocentrique qu'il a toujours été, même si Dylan Moran montre une volonté forte à exploiter les personnages comme un trio. Ainsi, Bill Bayley hérite de plusieurs bonnes répliques et d'un running gag amusant où une décision égoïste de l'infâme libraire va lui valoir deux spectaculaires cocards. Toujours méchant et cynique, Bernard et Fran vont tirer profit du gentil barbu pour tenter d'impressionner les autres et tenter ainsi de masquer leur vraie nature. 

Pourtant, dans un monde qui juge à la performance, Fran et Bernard sont l'incarnation du niveau zéro, où l'existence se résume à en faire le moins possible, rejetant des notions comme l'effort et la persévérance. Un univers cynique et totalement égoïste où le mensonge apparaît comme naturel, poussant jusqu'à l'absurde l'idée de départ lorsque Fran demande à Manny de la remplacer au piano. Comme toujours dans la comédie, la supercherie finira par revenir dans la figure des coupables, la destinée des personnages de Black Books étant d'échouer et de rester des losers pathétiques. 

Cette saison deux commence donc avec un trio en pleine forme et bien mieux équilibré que dans la première saison, Bernard cessant d'être le centre de gravité du show. L'occasion de profiter du talent de Bill Bayley, seul personnage positif que sa naïveté et sa bonne volonté condamne à subir les coups de ses camarades. 

 

 

Un certain goût pour l'absurde  

Il y a neuf mois, j'avais entamé des critiques d'une de mes séries préférées, à savoir Black Books, avant d'arrêter en découvrant que quelque chose manquait à ma culture pour pouvoir les poursuivre correctement. Je suis alors parti à la recherche des one man show de Dylan Moran, découvrant ainsi combien cette série est la continuité d'un univers particulier qui lui est très personnel. Ce monde singulier, composé de personnages pathétiques et égoïstes, raconte l'histoire d'un homme qui réfute tous les systèmes, personnage anarchique inclassable et imprévisible, Bernard Black. 

Black Books est un show qui joue sur l'absurde pour générer de la comédie, mais ce nonsense très anglais se mêle d'un profond cynisme envers ce trio totalement incapable d'intégrer la société. Il n'y a qu'à voir la façon dont le héros se coiffe pour plaire à sa cliente en rabattant tous ses cheveux du même côté pour comprendre qu'il n'a aucune idée de sa propre image. Un réflexe répété à plusieurs reprises, qui montre l'incapacité des personnages du show à s'assumer, le mensonge apparaissant pour eux comme le seul moyen de séduire. 

L'absurdité dans Black Books vient en fait du refus de ses héros de faire preuve de sincérité ou de s'assumer, tricheur obstiné convaincu de leur propre monstruosité. A la recherche de quelque chose qui leur ferait sortir du commun, Bernard et Fran sont de grands frustrés qui se transforment en incorrigible jaloux devant ceux qui ont su trouver leur place. 

 

Un récit mieux maîtrisé 

Plus équilibré que les épisodes de la saison un, ce season premiere de la saison deux de Black Books prouve que le show s'inscrit dans la suite logique de la première, trouvant le juste équilibre entre les personnages. Plus drôle, la série délaisse Bernard au profit d'un récit mieux équilibré, n'hésitant pas certains éléments aussi absurdes qu'un prof de piano aveugle et violent pour justifier une chute totalement délirante. La réalisation a aussi progressé, avec une meilleure mise en valeur du jeu des comédiens, la palme revenant à Tamsin Grieg toujours aussi délicieusement mielleuse en horrible égoïste. 

En conclusion, une bonne reprise qui remet dans l'ambiance d'un show cruel et méchant, offrant une storyline délibérément absurde pour insister sur la soif de reconnaissance du trio. A la recherche d'un talent qui la ferait sortir du lot, Fran aboutit à sombrer un peu plus, rejoignant Bernard au royaume du cynisme et de la jalousie mesquine. Seul personnage positif, Manny occupe toujours la place de la victime de la cruauté de ses deux tortionnaires, Bill Bayley se montrant particulièrement virtuose et hilarant en souffre-douleur. 

 

J'aime : 

  •   Tamsin Grieg d'une mauvaise foi hilarante 
  •  le scénario mieux équilibré 
  •  le concept de départ volontairement absurde 

 

Je n'aime pas : 

  •  un rythme un peu lent par moment 
  •  le coup des cuillères un peu trop délirant 

 

Note : 13 / 20 

Un début de saison deux satisfaisant grâce à un récit qui équilibre mieux la participation de chaque personnages et des comédiens épatants. Vilains, méchants, avec un mauvais état d'esprit, les héros de Black Books font étalage de tout leur cynisme, entre gueule de bois et espoir déçu.

L'auteur

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