Critique : Black Books 2.04

Le 25 janvier 2012 à 06:33  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode délirant au final totalement culte, mais à la mise en place partiellement ratée.
Par sephja

Critique : Black Books 2.04

~ 7 minutes de lecture
Un épisode délirant au final totalement culte, mais à la mise en place partiellement ratée.
Par sephja

L'art de rendre service ... ou pas 

Manny quitte la bibliothèque pour faire des achats et se perd dans une grande enseigne de vente de livres où il découvre un monde confortable et chaleureux qui donne envie de dépenser son argent. Il profite alors de l'absence de Bernard qui se rend au pub pour rénover tout le magasin, transformant Black Books en une enseigne chaleureuse et accueillante. De son côté, Fran découvre qu'elle possède des cousins lointains venus de pays de l'Est habitant à quelques mètres de là et part à la découverte de ses racines.

 

Résumé de la critique 

Un épisode inégal que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un démarrage désastreux et poussif 
  •  une seconde partie réjouissante où les habituels bourreaux deviennent victimes 
  •  une troisième partie totalement délirante 
  •  la difficulté d'être sociable 

 

 

Un démarrage très moyen 

L'épisode se décompose en deux parties indépendantes et inégales qui vont prendre un certain temps à se mettre en place. Tout commence par Manny qui, en se rendant dans une grande librairie, découvre qu'il est possible d'accueillir le client avec respect là où Bernard préfère les torturer pour un résultat financier misérable. Il a alors l'idée de modifier en profondeur la philosophie de Black Books, les auteurs lui offrant l'occasion de prendre le pouvoir sur Bernard, ouvrant la porte à ce qui va devenir un chaos indescriptible. 

Cette storyline possède un vrai potentiel, à l'opposée de celle de Fran qui va offrir un démarrage désastreux, tournant autour de la découverte de ses racines étrangères. En faisant sa généalogie, elle découvre en effet que de lointains cousins venus des pays de l'Est vivent aussi à Londres, intrigue ridicule et bourrée de clichés qui va souffrir d'un manque d'enjeu terrible. En effet, le point de départ est juste d'offrir une occupation à Fran, causant un premier acte totalement raté où les auteurs cherchent une raison pour l'amener à rencontrer cette famille d'inconnus. 

Trop poussif et lent, le démarrage de cette storyline est une catastrophe, à la limite de la vulgarité reposant beaucoup sur le talent de Tamsin Grieg. C'est grâce à la bonne volonté dont elle fait preuve pour accepter les traditions étranges de cette famille dans le but de s'intégrer que Fran va lentement effacer le malaise créé par ce démarrage raté.

 

Le besoin de plaire aux autres

Manny modifie en profondeur le magasin, le dotant d'une machine à café et d'un sofa confortable si bien que la librairie devient presque conviviale, augmentant considérablement son chiffre d'affaire. Dans son coin, vaincu, Bernard bougonne et cherche dans un premier temps à mettre des bâtons dans les roues de Manny, offrant quelques gags amusants. Réduit à l'impuissance, Dylan Moran se charge de chasser les bêtes qui traînent sur le sol de la librairie, créatures effrayantes et invisibles dont le massacre va servir à donner le tempo de l'épisode.

Soudain, les auteurs ont une excellente idée en poussant Bernard à se plier aux nouvelles règles de Manny, cherchant à plaire aux clients en arborant un sourire angoissant de bienvenue. La série commence un délire remarquable alors que Bernard reprend le pouvoir, devenant obsédé par le bien-être des clients, avec un sofa qui devient si moelleux qu'il commence à les absorber. Et lorsque ceux-ci quittent la librairie pour aller manger, le patron de Black Books a la révélation, il doit transformer la librairie pour qu'elle offre tous les services du quotidien, avec en premier la restauration.

Fran elle aussi tente de s'intégrer parmi ses cousins, mais devient surtout l'esclave d'une famille qui tire profit de sa voiture et de sa bonne volonté. Cherchant à s'intégrer avec une naïveté intéressante, elle devient la victime de sa propre soumission, découvrant qu'un groupe peut toujours transformer le processus d'intégration en une forme d'esclavagisme.

 

 

Folie furieuse 

La dernière partie de l'épisode est simplement géniale, offrant à Bernard l'occasion de devenir un chef cuistot tyrannique, utilisant Manny comme souffre-douleur. Tout est évidemment expérimental, la cuisine se noyant dans l'alcool et des recettes improbables, pendant qu'avec son grand couteau, Dylan Moran hache, tranche tout ce qui lui passe sous la main. La scénario verse dans le chaos complet, pendant que Fran débarque avec sa famille pour manger, la jeune femme voulant par tous les moyens se débarrasser de ces cousins envahissants sans prendre le rôle de la méchante. 

Entre les bougies dans des bouteilles d'alcool digne de cocktail molotov et la composition de plat à partir d'éléments non comestibles, Bernard part dans un délire total qui prouve combien il est dangereux de le pousser à vouloir le bonheur des autres. La soirée vire évidemment à l'intoxication alimentaire avec quelques gags géniaux comme la tour à base de soupe de Manny, immédiatement détruite par un Bernard fou furieux. Une morale s'impose alors, typique de la série, à savoir que les étrangers doivent parfois rester des étrangers et que vouloir le bonheur des autres peut mener à la folie. 

Un final avec une voiture brûlée, une cuisine apocalyptique, délire total et assumé qui permet d'oublier un démarrage poussif et maladroit. La quintessence de ce qui fait le charme de Black Books, série qui possède un vrai talent pour une construction du récit d'un point de départ simple à un final totalement délirant.  

 

La créature 

Difficile de finir une critique de cet épisode sans évoquer la créature, monstre étrange et invisible qui navigue parmi la bibliothèque de Bernard. Avec des cris à mi-chemin entre le couinement du porc et celui d'un rat géant, la créature possède toute une famille qui se cachent pour fuir Manny et Bernard. Lancer de couteaux, tir à l'arbalète, coup de fouet, les auteurs s'amusent à opter pour les solutions les plus extrêmes pour massacrer ces créatures étranges qui montrent l'importance de la place laissée à l'imaginaire dans la mécanique comique de Dylan Moran. 

En conclusion, un épisode totalement fou dans sa conclusion, nous offrant une séquence de cuisine absolument culte et hilarante, preuve de la capacité de la série à proposer des délires particulièrement réussis. Malheureusement, le démarrage poussif et la storyline de Fran très superficielle entraine un certain déséquilibre du récit, servant uniquement à justifier une séquence finale brillante. Un épisode réjouissant à la morale particulièrement cynique, preuve qu'il est toujours dangereux de vouloir le bonheur des autres.

 

J'aime : 

  •  la séquence finale totalement folle 
  •  les meurtres multiples des "créatures" 
  •  Manny parfait en souffre-douleur 
  •  la morale particulièrement décalée

 

Je n'aime pas : 

  •  la storyline de Fran et son démarrage poussif 

 

Note : 14 / 20 

Si le démarrage paraît poussif et inquiète un peu, surtout concernant la storyline de Fran, le final hallucinant où Bernard se transforme en chef cuistot suffit à rendre cet épisode totalement culte. Une séquence culte où Dylan Moran se lâche totalement et forme avec Manny un duo impayable, prouvant au passage que vouloir le bonheur des autres peut mener à la folie.

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