Critique : Black Books 2.03

Le 03 janvier 2012 à 06:20  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode amusant où Manny va rendre service à des amis qui vont se révéler être des membres de la mafia.
Par sephja

Critique : Black Books 2.03

~ 7 minutes de lecture
Un épisode amusant où Manny va rendre service à des amis qui vont se révéler être des membres de la mafia.
Par sephja

The little Godfather 

Pour prouver à Bernard qu'il n'est pas inutile, Manny décide de venir en aide à Gus, un vieil ami à lui qui lui demande de laisser Danny Spudge venir faire une lecture de son livre au magasin. En contrepartie, il s'engage à fournir un travail à Fran, entrainant l'enthousiasme de Manny qui accepte aussitôt sans réfléchir. Seulement ils vont vite découvrir que l'auteur est en fait un homme de main de la mafia analphabète et que le travail de Fran a tout de l'emploi fictif. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode amusant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un duo Manny - Bernard particulièrement efficace 
  •  Fran dans une intrigue délirante typique de Black Books 
  •  un léger manque de rythme 
  •  la psychologie de Bernard 

 

 

Manny et Bernard face à la mafia

Le point de départ de l'épisode repose sur la relation entre Bernard et Manny, celui-ci se demandant à nouveau l'intérêt de garder cet employé qui, à ses yeux, ne sert à rien. Pour prouver le contraire, il va accepter la proposition d'un ancien ami, inconscient que cet homme se trouve être un cadre de la mafia. Aussitôt, le scénario bascule dans le grand n'importe quoi typique de la série, offrant deux scènes cultes qui vont montrer la bonne complémentarité entre les deux garçons. Celle de la baignoire en particulier (voir ci-dessus) est l'exemple parfait du ton original et de l'univers décalé de Black Books. 

Avec la mise en retrait de Bernard dans cette saison deux, le duo trouve vraiment son équilibre, surtout lorsqu'il se retrouve confronté à Danny Spudge, un homme de main de la mafia particulièrement inquiétant. L'ensemble est assez grotesque, pas parfaitement bien mis en place, mais le physique et la présence de Ricky Grover suffit à donner une certaine crédibilité à son personnage. Petite anecdote amusante pour les geeks, cet acteur se trouve être celui qui fait la voix de Yangus dans le jeu vidéo Dragon Quest VIII. 

Obligé d'apprendre à lire à un homme de main de la mafia, le duo Bernard - Manny montre son absence total de courage, incapable de faire face à la pression et à plus fort qu'eux. Les deux garçons apparaissent pour la première fois comme un couple totalement crédible, étrange harmonie entre deux asociaux qui se ressemblent finalement plus que prévu.  

 

Fran et l'existentialisme

A la différence de ses deux amis, Fran essaie pour sa part de s'intégrer, à la recherche d'un travail qui soit à la fois gratifiant et pas trop fatiguant. L'amitié de Manny va lui permettre de trouver le travail idéal, à savoir un emploi fictif qu'elle accepte sans que personne ne lui explique à quoi il consiste. La jeune femme se retrouve ainsi à son bureau, totalement inconsciente de la tâche qu'elle est censée accomplir, observant ses collègues à la recherche de la moindre piste sur la nature de ce qu'elle est censée accomplir. 

De l'humour anglais typique, volontairement absurde, reposant en grande partie sur le talent de Tamsin Grieg laquelle parvient à faire rire sans presque aucune ligne de dialogue. Une séquence presque Kafkaïen, à la limite de l'abstraction où l'individu se retrouve noyé dans un univers qui n'a aucun sens, où tout le monde se démène sans véritable but. Sa présentation, à la fois conceptuelle et totalement absurde, est un exemple de franc n'importe quoi particulièrement amusant, appuyée par la présence de Rob Brydon en patron excentrique. 

Le plus amusant concernant cette storyline est que Fran finit par s'épanouir dans cet univers, bien qu'elle en ignore les règles et le but. C'est par le biais de cet emploi fictif qu'elle parvient à s'affirmer, appliquant sur les autres la même autorité qu'elle a sur Bernard. Une intrigue très amusante qui nous sort du décor de la librairie et nous propose une vision décalé et réjouissante du monde du travail.

 

 

Un manque de background regrettable

Si l'épisode est garni de bonnes idées et offre quelques séquences proprement hilarantes, l'ensemble laisse un sentiment de lenteur, la faute à un scénario qui ne s'articule qu'autour de deux storylines. L'absence d'une troisième sous-intrigue entraîne des problèmes d'enchaînements dans le récit, les séquences d'alphabétisation s'étirant un peu trop inutilement et manquant d'enjeu crédible. L'absence de background dans l'amitié singulière qui lie Manny à Gus ne parvient pas à donner du sens à toute cette histoire, laissant le sentiment d'assister à quelque chose d'artificiel. 

Si la scène est plutôt bonne et le gag de la valise assez astucieux, l'ensemble traine en longueur et l'arrivée de Fran va permettre heureusement de rompre une séquence symptomatique des défauts de cet épisode. Un moment d'humour un peu trop facile, qui ne vaut finalement que par la manière dont la jeune femme confirme qu'elle est de loin la plus indispensable du groupe, obtenant des résultats là où Bernard et Manny se défilent. Une preuve de plus qu'une comédie doit s'articuler autour d'enjeux forts et de trois storylines pour éviter le sentiment de va et vient qui empoisonne cet épisode

Face à une vraie adversité, Bernard apparaît comme un peureux, incapable de faire face à une personnalité forte, là où il prend habituellement un malin plaisir à torturer ses clients. Plus qu'un simple asocial râleur, Bernard montre que son refus de créer des liens avec les autres est avant tout le résultat de sa peur de toute forme de confrontation. 

 

Bernard Black, cynique par faiblesse

Lors de la première saison, Bernard Black apparaissait comme le maître de son royaume, vendeur égocentrique et agressif refusant de servir ses clients. Par leur nature d'acheteur, ceux-ci sont en position d'être dominés, permettant au personnage de Dylan Moran de les traiter avec tout le mépris dont il est capable. Avec ce début de saison deux, Black montre un autre visage, celui d'un enfant peureux incapable de faire face à des personnes de caractère dès qu'elles renversent le rapport de force.  

En achetant cette librairie, Bernard s'octroie un pouvoir sur le commun des mortels, celui d'humilier des individus dont il aurait, en dehors, une peur bleue. Au final, un épisode intéressant, malgré un manque de background regrettable pour Manny et quelques faiblesses lors des confrontations avec la mafia. Heureusement, l'intrigue réserve quelques scènes brillantes et une storyline pour Fran particulièrement originale, permettant à Tamsin Grieg de prouver une fois de plus toute l'étendue de son talent. 

 

J'aime : 

  •  la scène du toast ingénieuse 
  •  la scène du client passé à tabac par Bernard 
  •  la storyline de Fran 

 

Je n'aime pas : 

  •  le manque de background qui nuit à la crédibilité de l'ensemble
  •  une seconde partie qui laisse une sensation de flottement 

 

Note : 13 / 20 

Un épisode sympathique de Black Books qui se repose beaucoup sur le personnage de Fran, prise dans une histoire d'emploi fictif réjouissante. Si la première moitié réserve quelques scènes hilarantes, l'ensemble laisse un sentiment de déception, la faute au manque de crédibilité de l'intrigue principale. 

L'auteur

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