Critique : Black Books 2.05

Le 30 janvier 2012 à 11:23  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode sympathique qui réserve quelques séquences très réussies, avec au programme un Bernard insupportable, une Fran en pleine illumination et un strip-tease de volaille.
Par sephja

Critique : Black Books 2.05

~ 7 minutes de lecture
Un épisode sympathique qui réserve quelques séquences très réussies, avec au programme un Bernard insupportable, une Fran en pleine illumination et un strip-tease de volaille.
Par sephja

Pitch Freudisme et paix intérieure

Fran reçoit une proposition d'une de ses amies pour la rejoindre à son club de Yoga afin de gérer son problème d'alcoolisme et de stress. Pendant ce temps, Manny décide de déménager après une nouvelle dispute avec Bernard portant sur l'incapacité de celui-ci à faire preuve de considération pour son travail. Bernard acquiert la certitude alors que son colocataire est un dangereux psychotique, l'obligeant à lui prendre rendez-vous chez un psychiatre. 

 

Résumé de la critique

Un épisode très amusant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un duo Manny - Bernard toujours efficace 
  •  Fran en quête du bonheur 
  •  les vertus et défauts de la psychanalyse 
  •  Tamsin Greig surprenante 

 

 

Un couple improbable 

Pour cet épisode, le scénario va se centrer sur le duo Bernard - Manny, couple de colocataires improbable qui entretiennent un rapport tortionnaire - victime assez classique. Tout ce que son employé construit, Black s'amuse à le détruire ou à le critiquer, imposant son cynisme à l'optimisme naïf du personnage de Bill Bayley. Entre humiliation et mépris, la nature de la relation entre ces deux hommes évoquent clairement les clichés du couple, avec un qui s'occupe des tâches ménagères pendant que l'autre sème le chaos. 

Le plus amusant reste le fait que, malgré leur différence, ses deux personnages ont fini par s'apprivoiser en partie, malgré leur incapacité à communiquer correctement. D'une certaine manière, les tentatives répétées de Manny de quitter la librairie pousse Bernard à se montrer moins agressif, apportant un peu d'humanité au personnage de Dylan Moran. Un duo efficace qui confirme l'intérêt dans une comédie de faire coexister les extrêmes, offrant quelques scènes particulièrement drôles où les comédiens jouent avec l'ambiguïté de leur vie de couple.

Le strip-tease du poulet est un de ces gags cultes qui ont fait le mythe Black Books, Manny transformant une séance de cuisine avec une volaille en un moment incroyablement drôle. Un duo efficace et finalement assez complémentaire, à la recherche de leur propre bonheur à la manière de Fran, embarquée par une amie dans un cours de Yoga.

 

Trouver la paix de l'esprit

Pendant que le duo terrible joue à se disputer, Fran hérite d'une storyline en solo tournant autour du stress et du besoin de faire la paix avec soi-même. Une amie à elle l'invite dans son cours de relaxation pour l'initier à la paix intérieure et l'inciter à supprimer toutes les toxines qui empoisonnent son existence, ainsi que l'influence néfaste de Bernard sur elle. Tamsin Greig est absolument géniale durant tout l'épisode, s'intéressant d'abord avec assiduité à cet univers de contrôle et de maîtrise de l'environnement, loin de tout élément négatif. 

L'idée d'envisager les personnages de Black Books comme des victimes est excellente, offrant l'occasion aux auteurs de montrer la vraie nature du trio. Affreux, sales et méchants, voilà ce qui définit les personnages de ce show, la tentative de sobriété de Fran permettant de mieux s'apercevoir de son besoin compulsif de céder à ses vices. Portant la mauvaise odeur du pêché, les héros de Black Books sont invisibles aux yeux du reste du monde, paria d'un univers pour lequel où l'être humain essaie de toutes ses forces de devenir meilleur. 

En hypocrite cynique, la comédienne est impeccable, nous offrant une scène finale hilarante sur laquelle je reviendrais à la fin de cet article. A la manière des comédies italiennes d'Ettore Scola, les personnages de Black Books sont mauvais par nature, incarnant un refus des principes de vie en société, préférant le vice à la vertu. 

 

 

Et Freud dans tout cela ? 

Malheureusement, l'épisode n'est pas exempt de défaut, offrant une intrigue autour de la psychanalyse assez maladroite, à l'exception des séances de thérapies de Bernard et Manny. Grâce à la lecture de Freud, Bernard comprend que sa relation avec son colocataire permet à celui-ci de recréer une relation père - fils, idée amusante sur le principe, mais dont le traitement va être plus que confus. La volonté des auteurs de montrer qu'ils expriment tous les deux un besoin refoulé d'affection est une très bonne idée, donnant un équilibre singulier à ce duo. 

Si la thérapie s'avère un moment particulièrement hilarant, la mise en place peine toujours un peu, défaut récurrent dans Black Books vite effacé par un final particulièrement inspiré. Lentement, les deux colocataires trouvent un début d'entente, poussant Bernard à faire des compromis, espoir d'un changement vite balayé par l'arrivée de Fran qui va briser ce début d'harmonie. Au final, c'est bien elle le personnage alpha du trio, idée amusante qui permet de mettre en avant le caractère faible et prévisible des deux garçons face à elle. 

Au final, l'excuse Freud sert surtout à donner du sens à la relation particulière entre Manny et Bernard tout en insistant sur le caractère passablement allumé de Fran. L'occasion de souligner une scène finale hilarante où Tamsin Greig s'amuse à imiter ses deux comparses lors d'un monologue totalement irrésistible et monumentalement vulgaire. 

 

Un final hilarant

Pour finir cette intrigue psychanalytique, les auteurs de Black Books montrent une image assez féminine des deux garçons, cherchant à faire preuve d'attention l'un envers l'autre, là où Fran va incarner à merveille une certaine virilité. Voir Tamsin Greig débouler dans la librairie la cigarette aux lèvres avant de s'affaler sur un fauteuil tout en jurant comme un charretier est un moment de comédie remarquable où la comédienne s'amuse de manière flagrante. Une petite perle comme on en trouve souvent dans cette série anglaise qui a le charme pour s'amuser avec les références. 

En conclusion, un épisode réussi grâce à des personnages forts qui vont expérimenter la quête d'un bonheur utopique qui n'est pas le leur. Affreux, sales et méchants, les héros de Black Books ne peuvent trouver la satisfaction que dans l'expression de leur vice, refusant les clichés consensuels du bien vivre. Une plongée hilarante dans un univers déviant et singulier, porté par un trio de comédiens excellents, Tamsin Greig en tête qui nous offre un numéro hilarant, incarnant un personnage au comportement très nature en total décalage avec son apparence. 

 

J'aime : 

  •  la scène finale avec Fran 
  •  le strip poulet 
  •  l'état d'esprit volontairement provocateur 

 

Je n'aime pas : 

  •  les références psychanalytiques qui n'apportent rien 
  •  certains gags mal amenés 

 

Note : 13 / 20 

Un épisode très amusant qui explore la relation du trio avec le bonheur, avec Manny et Bernard qui se retrouve chez le thérapeute et Fran à un cours de Yoga. L'occasion de mettre en avant le caractère volontairement singulier des personnages de Black Books, préférant le vice à la vertu et l'affrontement à l'harmonie.

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