L'Amérique en 1920
Ma première réaction après avoir visionné le premier épisode de Boardwalk Empire fut de me documenter sur la prohibition et l'histoire d'Atlantic City. Nous commencerons donc cette analyse par un petit instant culturel nécessaire afin de replacer les éléments et les évènements dans leur contexte.
L'histoire de cette série commence en 1920 et si je ne m'abuse d'après les premières images le 19 janvier exactement, soit 3 jours après la célébration de la prise d'effet du 18ème amendement de la constitution de États Unis à savoir : « prohibition des boissons alcoolisées. La fabrication, la vente, la consommation, le transport, l'importation, et l'exportation sont interdits (entre 1919 et 1933) ».
Il est important de bien comprendre les enjeux que représentaient l'interdiction de l'alcool ainsi que son histoire afin de mieux s'imprégner de l'ambiance fort bien retranscrite de ce pilote.
On entend parler d'interdiction de l'alcool aux Etats-Unis depuis la fin du 18ème siècle et ce par l'intermédiaire des pasteurs qui voyaient en l'alcool un instrument de l'immoralité et par celui des femmes victimes de maris alcooliques violents. Le premier « Etat sec » (dry state, ou Etat sans alcool) fut le Maine en 1851 qui fut rejoint pendant les quatre années suivantes par douze autres Etats. Les autres Etats étaient alors appelés wet state (Etats mouillés).
Les conséquences de la prohibition furent nombreuses et parfois inattendues. Outre la création d'une économie souterraine, de mafias locales, de marchés noirs et de contrebandes, voici quelques autres effets de l'interdiction de l'alcool :
- Augmentation du prix du carburant : l'éthanol qui servait d'essence aux véhicule de l'époque fut interdit à la fabrication artisanale et vit ses couts s'envoler. Il fut remplacé alors par le pétrole, plus économique.
- Empoisonnement des consommateurs : la fabrication de l'alcool n'étant plus réglementé, certaines personnes souffrirent de cécité ou de lésions cérébrales.
- Création de club privés qui affichaient des noms comme celui de Jimmy Walker (ancien maire de New York) parmi ses membres.
- Avènement de grands noms du grand banditisme comme celui d'Al Capone.
L'histoire de Boardwalk empire débute donc avec l'attaque d'une voiture transportant de l'alcool, trois nuits après l'établissement national du 18ème amendement de la constitution des USA.
La promenade de l'empire
Martin Scorcese (Shutter Island, Les infiltrés, Aviator, Gangs of New York) Terrence Winter (Les sopranos) Mark Wahlberg (Lovely Bones, Max Payne, Phénomènes, Les infiltrés) Steve Buscemi (The Island, Big fish, Armageddon, Les sopranos), Michael Pitt (Funny Games US, Le village)... Boardwalk empire est une série au casting de blockbuster hollywoodien et comme nous le disions en introduction de cette article, cela place la barre qualitative très haute pour une série TV. Après avoir vu le pilot, premier constat : rien ne choque les espérances du téléspectateur au fait du prestige du casting. La réalisation est propre, la série a les moyens de nous en mettre plein la vue de par ses décors et son ambiance qui n'a absolument rien à envier à Mad Men. J'ai presque envie de dire que si la série continue sur cette lancée, AMC et ses deux champions de la série dramatique que sont Breaking Bad et Mad Men disposera d'un challenger sérieux aux prochains Emmy Awards, j'ai nommé HBO.
Je n'ai rien de particulier à reprocher à ce pilote. Le jeu des acteurs est juste, Steve Buscemi est à la hauteur et semble avoir les épaules assez large pour porter le rôle d'Enoch Thompson, les dialogues sont intéressants et justes, les histoires sont toutes aussi intéressantes les unes que les autres aussi bien dans leur profondeur que dans la simplicité et la fluidité de leur narration. La série sort complètement des codes aseptisés du drame américain (on peut voir deux femmes totalement nues, du sang et des têtes explosé à plusieurs moments) sans jamais tomber dans la surenchère gratuite uniquement destinée à choquer le téléspectateur. En un mot, ce premier épisode est propre.
Intriguant
A première vue, trois intrigues en rapports les unes avec les autres sont présentées et clairement posées : l'histoire de Nucky, alias Enoch Thompson, celle de Jimmy, alias James Darmody et celle de Margaret Schroeder. Je ne m'inquiète pas vraiment de l'avenir de la série vu le potentiel dont elle dispose. Je suppose que nous aurons droit à certains épisodes ennuyants mais la trame principale semble assez profonde pour nous tenir en haleine sur plusieurs saisons.
Attention cependant : il n'y a rien de transcendant dans ce pilote et par cela j'entends que pour le moment, rien ne m'a véritablement fait vibrer. Ce n'est pas le but d'un pilote et le seul a avoir pour le moment réussi ce tour de force fut celui de Breaking Bad, mais nous pardonnerons ce « bonus oublié » volontiers à Boardwalk Empire tant le travail est soigné, aussi bien au niveau de la réalisation que de la musique et de l'ambiance. J'attendrais simplement un brin d'audace caractéristique au génie qui manque à cet épisode avant de mettre une note supérieure à 15 à cette série. Pour le moment, nous nous contenterons donc de la note la plus basse des très bons épisodes pour estimer ensuite ce que vaut la série sur une narration plus étendue.
A new hope
Boardwalk Empire est donc la série de la rentrée 2010, comme nous nous y attendions. Vu les bases dont elle dispose, il n'y a aucune raison pour le moment d'augurer un vautrage lamentable et l'avenir de la série dramatique semble bien assuré. A quand un challenger valable à Lost ?
Ce que j'ai aimé :
- Travail soigné dans tous les domaines
- Musique parfaitement en adéquation.
- Steve Buscemi qui semble taillé pour le rôle
- Aucune véritable intrigue inintéressante.
- Le générique
- La retranscription de la période de la prohibition.
Ce que j'ai moins aimé :
- Pour le moment, aucun véritable coup de génie.
Note: 15/20