Le cerveau comme bien le plus précieux
Le corps d'une jeune femme est retrouvé dans une ruelle derrière une boîte de nuit après une soirée où ses camarades de sororité lui avait lancé le défi d'embrasser le plus de garçons en une heure, gardant des photos de chaque baiser en guise de preuve. Seulement, l'enquête va prendre un virage inattendu lorsque Megan découvre que le suspect en question n'a plus son cerveau dans sa boîte crânienne. Un modus operandi qui la ramène directement à sa première affaire au sein de l'institut médico-légal.
Résumé de la critique
Un season final plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une duel convaincant entre Dana Delany et Peter Stormare
- une autopsie digne de ce nom
- un show prêt à tout pour se sauver
- un bilan de la saison deux
Meurtre et réminiscence
Pour son season finale, BoP s'offre un tueur en série particulièrement brutal directement lié avec l'arrivée de Megan au sein de l'institut médico-légal. Souffrant de sa paresthésie et en plein doute après la mort d'un de ses patients, le docteur Hunt s'est reconstruite lors de cette affaire, retrouvant une satisfaction à l'existence dans le fait d'attraper des hommes aussi imbu de lui-même que Wilson Polley. Le problème va venir de la découverte plusieurs années après d'une nouvelle victime, tuée avec un mode opératoire semblable au tueur présumé qui croupit derrière les barreaux.
La force de cet épisode va beaucoup reposer sur la prestation ambiguë de Peter Stormare, excellent comme toujours, affrontant une Dana Delany qui a enfin l'occasion de montrer les blessures de son personnage. Derrière la suffisance habituelle du Docteur Hunt et sa confiance en soi apparente se cache une vraie fragilité, un doute originel concernant sa capacité à analyser une situation, faille béante dans la personnalité de Megan. La scène de la confrontation entre les deux est particulièrement forte, donnant une vraie intensité à cet épisode qui s'avère finalement assez digne d'un season final.
Pourtant, tout est loin d'être parfait, les conditions du décès de la première victime restant assez confuses, tout comme l'exposition qui se concentre beaucoup sur différents faits non employés par la suite. Montrant plusieurs signes d'hésitations, cet épisode tente de nous en mettre plein la vue, reposant alors sur le talent des deux comédiens principaux qui font clairement la différence.
Un épisode qui affiche ses ambitions
Si l'intrigue possède de nombreuses failles, personne ne pourra reprocher à BoP les tentatives des auteurs pour donner une vraie dimension mythologique à cet épisode. L'intrigue reprend des nombreux éléments de la saison, affichant une vraie évolution par rapport à une saison un timide où la série n'en était qu'à ses balbutiements, montrant l'ampleur des progrès réalisés par l'équipe créative. Un point commun apparaît alors qui raccorde tous ses épisodes et qui symbolise l'objectif des scénaristes durant toute cette saison : gagner en crédibilité.
En effet, Body of Proof veut être prise au sérieux en matière de divertissement et aura passé l'année à prouver qu'elle était capable de rivaliser avec les meilleurs séries policières actuelles. Ici, il s'agit de se confronter à CSI avec un tueur manipulateur et un personnage principal en position de faiblesse, obligé de vaincre ses propres démons. Une scène particulière va symboliser ce désir de crédibilité, une séquence d'autopsie particulièrement sanglante et soignée, qui prouve que l'équipe créative veut améliorer le côté immersif de la série.
Abandonnant la propreté agaçante des premiers épisodes, l'héroïne n'hésite plus à trancher, à découper, offrant des séquences qui cherchent à exposer le corps dans son intégralité. Le cerveau occupe une place centrale dans cet épisode, organe important pour Megan qui lui permet de faire la différence, la transformant en une cible idéale pour le tueur du jour. Et l'occasion pour la série d'un épisode imparfait certes, mais qui prouve sa capacité à produire un divertissement très dynamique et crédible qui tient en haleine durant toute sa longueur.
Le destin de Megan entre les mains d'ABC
Nul doute que de toutes les séries en péril, Body of Proof n'est pas celle qui mérite le plus d'être sauvée, simple cop show en apparence standard et classique. Pourtant, les nombreux progrès dans la qualité d'écriture observés cette saison justifient pleinement son prolongement, la série prouvant épisode après épisode tout son potentiel. Le casting est encore une fois très bon, même si le duo Brumfield - Gross se retrouve une nouvelle fois un peu à l'écart, comme si les auteurs craignaient à tort que ces pointes de comédie viennent jouer contre la crédibilité du show.
Malgré ses petites incohérences et certaines difficultés à gérer les scènes d'action, Body of Proof nous offre un vrai season final, avec un cliffhanger certes opportuniste, mais qui prouve la volonté des auteurs de poursuivre l'aventure. Loin d'être parfait, cet épisode est particulièrement captivant, laissant apparaître une nouvelle orientation du show qui mériterait d'être développée, tant l'épisode laisse apparaître de nouvelles qualités dans la gestion dynamique du récit. La performance de John Carroll Lynch en est le parfait exemple, son attitude durant les interrogatoires laissant voir tout le talent de ce remarquable comédien qui s'est totalement emparé de son personnage.
En conclusion, un bon divertissement, plaisant et bien rythmé, avec un final plutôt intense grâce à la performance impeccable de Peter Stormare et Dana Delany. Une conclusion ambitieuse qui prouve que BoP veut afficher ses nouvelles ambitions, essayant avec une volonté farouche et appréciable d'arracher une troisième saison qu'elle mérite pleinement au vu des progrès de la série.
Le corps, porteur des stigmates du passé et des signes du temps qui passe
La saison 2 de Body of Proof fut avant tout marquée par un season premiere remarquable, signe d'un travail appréciable durant la pause pour corriger les imperfections de la série. Plus saignant et drôle en diable, ce cop show s'est imposé comme un plaisir coupable du début de saison, laissant aux interprètes la possibilité de s'emparer totalement de leur personnage. Plus mutine et parfois un peu vilaine, Dana Delany a campé une Megan Hunt attachante, installant une connexion assez forte avec Budd Morris en particulier.
Misant sur une décontraction plaisante, la série corrigeait le tir par rapport à une saison un assez moyenne, en particulier avec l'épisode 2x06 qui marque une transition claire dans la progression du show. Tout semblait pour le mieux si les scénaristes avaient su gérer les scènes plus dramatiques, se heurtant à un manque de finesse dans l'écriture regrettable comme pour l'épisode 2x03 beaucoup trop lourd. L'arc de Dani est venu alors se rajouter aux difficultés du show, semant le trouble dans une saison en détruisant l'enthousiasme des premiers temps surtout concernant Ethan qui a perdu au passage une bonne part de son potentiel de sympathie.
Une faute de parcours qui a coûté cher en matière d'audience à la série, plombée par un lead-in plutôt faible et une moyenne d'âge du public trop élevée pour les annonceurs. Conscient de ses difficultés, les scénaristes ont alors tenté de se rattraper avec un double épisode plutôt convaincant et un season final misant sur le spectacle au détriment de l'enquête. Le but avoué était de regagner des spectateurs et de s'imposer comme une série qui compte, mission plutôt réussie pour un show qui nous prouve sa capacité à montrer une ambition toujours plus grande.
En quête de crédibilité après une saison un faible et inégale, Body of Proof aura réussi à corriger beaucoup de ses défauts, cherchant à s'imposer dans le milieu très concurrentiel des cop shows. Plus crédible et reposant sur des bases solides, BoP est un divertissement qu'on attend avec un certain plaisir, l'équipe créative prouvant à chaque épisode sa capacité à se remettre en question et à apprendre de ses mauvaises inspirations. Le temps passe et le show se bonifie sans lasser, laissant disparaître peu à peu les erreurs du passé, preuve du travail étonnant accompli par les auteurs cette année.
J'aime :
- l'affrontement entre Peter Stormare et Dana Delany
- l'épisode très bien rythmée
- la performance remarquable de John Carroll Lynch
- la scène d'autopsie bien sanglante
Je n'aime pas :
- quelques zones d'ombre dans l'intrigue concernant le premier meurtre
- une progression de l'intrigue un peu hésitante
Note : 13 / 20
Un bon season final, avec une confrontation entre Peter Stormare et Dana Delany plutôt convaincante, les auteurs proposant une enquête dynamique et plutôt immersive grâce à un montage soigné. Cherchant à arracher une troisième saison méritée, les scénaristes nous proposent un cliffhanger malin, en espérant que les décideurs de ABC fassent le bon choix.
Ce sera tout pour cette saison deux de BoP que j'ai suivi avec un réel plaisir. Mes remerciements vont à SérieAll pour m'avoir laissé un espace d'expression et à Sandrine pour les coups de main durant toute cette année. Croisons les doigts pour une saison trois.