Critique : Brave New World (2020) 1.1

Le 08 août 2020 à 16:06  |  ~ 10 minutes de lecture
Adaptation du livre Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, Brave New World nous emporte dans une société où la paix et le bonheur règnent, jusqu’à ce que...

Critique : Brave New World (2020) 1.1

~ 10 minutes de lecture
Adaptation du livre Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, Brave New World nous emporte dans une société où la paix et le bonheur règnent, jusqu’à ce que...
Par Mmaginère

 

Brave New World est une série adaptée du roman du même nom d’Aldous Huxley (Le meilleur des mondes en français). Peut-être l’avez-vous lu pour le plaisir ou parce que c’était au programme de vos cours de français (moi c’était 1984 de George Orwell). Je n’ai pas lu le livre, donc ma critique va reposer sur la série à 100 %.

Bienvenue dans une Londres utopique où le bonheur et la paix règnent parce qu’il n’y a plus d’intimité, plus de monogamie et plus de famille. Bon, il y a des points plus séduisants que d’autres, vous en conviendrez. Mais soulignons qu’il y a quand même des petites pilules pour aider nos héros à accepter tout ça. Non, pas que des bleues. Ça ressemble plutôt à un Dragibus et il y a plusieurs couleurs. Bref, je m’égare.

Dès les premières minutes, je suis déjà éblouie par le visuel de ce premier épisode, avec la présentation de New London. J’aime également la petite musique qui accompagne cette introduction à ce nouveau monde. Ça donne tout de suite du peps et envie de continuer à regarder.

 

Les 3 règles de New London : no privacy, no family, no monogamy.

New London : trois règles. Code civil français : 3 600 pages... Tout de suite, je trouve un intérêt à ce nouveau monde.

 

Ah… Mais leur mode de reproduction ne correspond pas à mes cours de SVT... On m’aurait menti ?

 

Dans la nouvelle Londres, les habitants sont "conçus" sur mesure dans des laboratoires. Selon leur code génétique, ils vont appartenir à une caste : Alpha, Bêta... Comme pour les notes, les Alphas sont la caste la plus élevée (comprenant les dirigeants) et les Epsilons la caste la plus basse (comprenant les personnes dédiées aux tâches les plus simples, ce sont des clones les uns des autres, produits en série). Les Bêtas sont juste au-dessous des Alphas à des postes élevés, et les Gammas semblent plus être dédiés à l'intendance ou à l'accueil. Il y a aussi des catégories intermédiaires, plus ou minus. On nous montre très sommairement le fonctionnement, dont une partie est en fait le générique de la série.

Nous allons nous intéresser de plus près à l’une des scientifiques de l’éclosion qui est une Bêta+, Lenina (jouée par Jessica Brown Findlay de Downton Abbey). Bien entendu, l’héroïne est à une caste élevée, mais pas trop. Et elle ne respecte pas totalement les règles. Assez classique. Je suppose que ça suit le livre, mais j’aimerais bien qu’on sorte un peu des schémas "héroïne belle et intelligente de haute caste qui se rebelle" ou "héroïne belle et intelligente de basse caste qui veut renverser le système". Elle est convoquée dans le bureau de son chef, ce qui nous permet de voir un peu New London, son design et sa technologie. La scène est fluide et très belle.

Lenina se fait donc reprendre par son chef, un Alpha+, Bernard (Harry Lloyd, qui n’a rien à voir avec son précédent rôle dans Game of Thrones). Et lui aussi, il est un peu en décalage dans ce monde.

 
Spoiler

Bon on sent déjà l’histoire d’amour qui se profile à l’horizon. Je sais, je suis difficile, mais c’est déjà trop prévisible au bout de cinq minutes.

 

Pour illustrer sa remontrance, il lui montre des hologrammes d’elle dans différents moments très intimes avec un Alpha qu’elle fréquente un peu trop... Ok, je ne me plaindrai plus du manque d’intimité de notre monde. Je suis surprise que ça la gêne autant, vu leur mode de vie. Cette scène m’a aussi fait sourire au niveau du discours : « Vous ne pensez qu’à vous, alors que tout le monde a autant droit de profiter de cet homme que vous. » On dirait des paroles envers un enfant qui ne voudrait pas partager la balançoire du jardin public.

 

Affiche avec Lenina qui tient un soma vert. Il est écrit Everybody Happy Now.

Et hop, un Dragibus euh Soma pour aller mieux... Ah ben comme dans notre monde, en fait !

 

Petite parenthèse : l’héroïne d’un livre paru en 1932 s’appelle Lenina... Aurait-elle des origines russes ?

 

Les Sauvages et les Epsilons ! Ces malheureux de l’ancien monde et du nouveau

 

Nous avons ensuite le droit à une publicité bien particulière pour... The Savage Lands ! Ce parc d’attraction où les New Londoniens peuvent voir le mode de vie des Sauvages, ces gens de l’ancien monde qui ne sont pas heureux, qui s’aiment et qui se disputent. Les employés du parc sont de vrais Sauvages, enfermés dans cette réserve par New London via une barrière.

Le visuel et la bande annonce, sont vraiment bien faits. J’ai envie d’y aller, alors que j’y vis déjà.

 

Vu du parc The SavageLands.

En plus, on y va en fusée... Je le prends où mon billet ?

 

En parallèle, dans le nouveau monde, Bernard arrive sur les lieux d’un bien étrange accident. Tout porte à croire que la personne s’est suicidée, mais ça n’existe pas ici. Cette scène nous permet de retrouver Joseph Morgan (qui avait disparu depuis l’arrêt de The Originals) dans le rôle d’un autre Epsilon, identique à celui qui est mort, CJack60.

Ce mystère, qui perturbe fortement Bernard, arrive bien trop vite à mon goût. C’est dommage de montrer tout de suite les failles du système. J’aurais apprécié un pilote plus centré sur ce nouveau monde et son fonctionnement "normal". C’est ce que je reproche un peu aux séries qui parlent d’un univers qui est différent du nôtre. Dès le premier épisode, ils mettent un élément perturbateur dans leur histoire. Alors que le simple fait de nous faire découvrir leur monde pourrait prendre quelques épisodes et attirer le spectateur. Si c’est bien écrit et bien joué, pas besoin d’un dysfonctionnement tout de suite. Parce que ça prend de la place et ça gêne la découverte de cet univers.

 

Le jardin des plaisirs et celui des horreurs

 

La série illustre le côté "Everyone belongs to everyone else" via un petit passage par le jardin des plaisirs. Lenina décide de suivre les règles en participant à une orgie avec un autre homme que son Alpha habituel, qui y est avec une de ses amies. Elle constate que Bernard est bien hypocrite de lui avoir fait la leçon, parce qu’il est présent, mais qu’il n’y participe pas. Pour lui, ce n’est pas "réel".

Pour contraster avec les joies de la luxure, nous entrons ensuite dans The Savage Lands. Le personnage masculin introduit ici, John alias Young Han Solo, est un outsider, méprisé par ses pairs. On le voit se faire un peu brutaliser, puis on le suit dans son univers dans lequel il montre une certaine sensibilité à la musique (il n’a pas forcément bon goût, mais je ne vais pas déjà le juger pour ça, si ?). John est donc bien malheureux, avec une mère alcoolique (méconnaissable Demi Moore !).

 
Spoiler

Étant le troisième personnage de l’affiche principale de la série, je n’ai qu’une chose à dire : coucou l’inévitable triangle amoureux ! Je n’aime pas être spoilée par des théories, mais ça ce n’est pas un spoiler, c’est une règle des séries.

 

La série montre clairement le contraste entre le nouveau monde beau, propre et riche, et l’ancien monde moche, sale et pauvre. C’est très tranché, mais je pense que c’est le but. Chaque monde montrera ses fissures dans la suite.

 

Affiche de la série avec les 3 personnages principaux : Bernard, John et Lenina.

Il a l'air plus propre sur l'affiche, John...

 

De manière générale, je trouve que la série est assez efficace sur la présentation de ses personnages : on ne perd pas de temps en longueurs et les scènes montrent à qui on a affaire. Par contre, ils sont assez creux pour le moment : peu de présence/charisme, peu d’intérêt à mes yeux et donc peu d’attachement qui me donnerait plus envie de continuer.

 

La rébellion est en marche

 

Dans The Savage Lands, il y a aussi un mystère, avec un groupe de rebelles de l’ancien monde. Ils cherchent à rallier John, via son "crush" (?) Madysun. J’ai du mal à être intriguée, car ça fait beaucoup en un seul épisode. Une série rythmée, c’est agréable, mais là ça devient fatiguant.

À cela s’ajoute une remise en question de CJack60, alors que les Epsilons sont considérés comme des humains simplets qui ne sont là que pour accomplir leurs tâches et ne ressentent que les besoins les plus basiques. Tout cet univers n’est basé que sur des préjugés.

Idem pour Bernard et Lenina qui devraient simplement être heureux et mettre leurs pensées au service de la société. Leur discussion dans le final montre clairement qu’ils ne se sentent pas à leur place et que leur malaise se perçoit de plus en plus par les autres. Et quand le Soma ne fonctionne pas, la solution c’est : des vacances à The Savage Lands ! Voilà comment nos personnages vont entrer en collision dans le prochain épisode.

 

En conclusion, je suis assez mitigée sur ce premier épisode. L’univers et les intrigues lancées me donnent envie de voir la suite. Mais ce pilote a bien plus donné sur la forme que sur le fond. Si ça devait continuer ainsi, je perdrais tout intérêt, donc j’espère que la série va se reprendre et creuser plus son univers et ses personnages. J’attends aussi qu’elle ralentisse un peu le rythme et nous dévoile ses secrets de manière plus digeste.

 

J'ai aimé :

  • L'univers de New London versus celui de The Savage Lands.
  • Le visuel de la série : les lieux, les personnages, la technologie.
  • La présentation sans fioriture des personnages.
  • Les intrigues lancées.

Je n'ai pas aimé :

  • La précipitation avec laquelle ont été lancées les anomalies de cet univers.
  • La personnalité assez creuse des personnages principaux.

Ma note : 12/20

L'auteur

Commentaires

Avatar chevrere
chevrere

Merci pour ta critique, j'avais prévu de regarder cette série plus tard car je ne voyais pas en quoi le livre d'Huxley pouvait servir de point de départ à une série.

Ton article m'a convaincu de passer mon chemin pour l'instant. 

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Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak

Et bé, que l 'affiche est moche. Ça ne donne pas envie.

Très bonne critique, néanmoins. Bravo.

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