Pitch Lamborghini
Brett Herrison est un hacker, un spécialiste du piratage qui utilise ses compétences pour s'offrir depuis des années des bourses étudiantes et des diplômes gratuits. Jusqu'au jour où il se fait repérer par l'équipe de Contra Security, une entreprise spécialisée dans la vente de système de sécurité et dirigé par un mystérieux Oz.
Un scénario trop flou pour pouvoir convaincre
Difficile de trouver une série qui commence plus mal que Breaking In, tant le scénario va se montrer horriblement maladroit, les auteurs ayant visiblement en tête de convaincre vite en jetant beaucoup de poudre aux yeux. Hélas, si certains points fonctionnent particulièrement bien, la majorité du show va paraître déséquilibrée, hachée mais dotée malgré tout d'un charme assez malsain mais indéniable.
Pour résumer, Breaking In est un croisement de The Office pour la vie de bureau, Leverage pour la partie vol et Reaper pour le formidable Bret Harrison qui va s'avérer être un des principaux points forts de ce pilote. Seulement le mélange entre trois shows aussi différents ne fonctionnent clairement pas, et les auteurs ne donnent à aucun moment l'impression de maîtriser le récit. L'important ici repose sur le fun, proposer un show à la fois excitant et drôle pour tous les jeunes qui fantasment de jouer aux hackers et d'être payés pour ça.
Breaking In vise la tranche 16/25 du public et compte le faire en jouant beaucoup sur la nostalgie d'une série : Reaper, mais sur un format de 22 minutes. En effet, l'épisode se compose d'un principe simple : Oz (Christian Slater, premier plan sur la photo, pas convaincant) propose une mission à Cameron (Bret Harrison, point positif de la série). Mission qu'il va devoir accomplir en utilisant les compétences de ses collègues : voler un objet à un client dans le but de lui vendre des systèmes de sécurité.
Seulement au lieu de vendre son concept, la série préfère jouer la carte de la surenchère hystérique, proposant des personnages trop clichés pour être attachants. Bien mal parti, le pilote va en définitive se montrer plus drôle que prévu grâce aux trois collègues de Cameron qui vont faire de sa vie un véritable enfer.
Bret Harrison, l'atout charme du show
Tous les anciens amateurs de "Reaper" reconnaîtront Bret Harrison, le Sam de la défunte série de la CW (je prépare un focus dessus), retrouvant ici un rôle qu'il connaît bien, celui de la victime embarquée dans un piège infernal et qui n'a pas d'autre choix que de donner au diable ce qu'il demande. Il incarne ici Cameron Price, un parasite de faculté, dont la vie se limite à fournir aux étudiants les mots de passe des enseignants moyennant finance. Pas très sympathique sur le principe (un jeune glandeur qui détourne des fonds publics à son avantage, fournissant des diplômes à ceux qui en ont les moyens), ce personnage aurait suffi pour moi à considérer ce show comme à jeter aux oubliettes si Bret Harrison n'avait pas le talent singulier pour rendre sympathique même le fils du diable.
Dès lors, une fois franchi l'introduction déplaisante, il faut avouer que le voir se faire maltraiter par ses collègues va s'avérer assez jouissif et vraiment drôle. Calvin Sparks (Alphonso Mc Auley, très convaincant) va clairement remporter la palme du collègue le plus casse-pied par sa capacité à provoquer chez Cameron les catastrophes les plus surréalistes. Son apport à la partie comédie de l'épisode est indéniable, même si la construction de son personnage se limite à sa seule interaction comique.
Une comédie à la limite de l'hystérie
Devant le rythme imposé par une intrigue clairement en surrégime vient s'ajouter le problème d'un Christian Slater qui ne semble pas vraiment à l'aise dans cette série. Car s'il figure comme tête d'affiche de la série, le moins que l'on puisse dire est qu'il ne tient pas son rang, se faisant rapidement manger la vedette par un Bret Harrison beaucoup plus crédible et humain. Mal à l'aise, l'acteur abuse de cabotinages particulièrement déplaisant et semble incapable de porter la série comme il est normalement censé le faire.
Loin de chercher à poser un univers ou une identité en prenant le risque d'un premier épisode plutôt lent, Breaking In compte sur sa forme à la limite de l'hystérie pour masquer un fond assez irresponsable, voir à la limite du cynisme. Car si l'épisode propose une vision assez fun et décomplexée de ces marchands de sécurité, la vérité finit finalement par réapparaître lors d'un final pathétique plutôt bien pensé.
Vendre de la sécurité en privant les gens de leur bien personnel est une pratique mafieuse assez courante, la protection n'étant qu'un moyen de faire payer des "victimes" que l'on crée de toutes pièces.
La véritable nature de Breaking In
Le vrai problème de cette série est enfin posé car derrière son apparente innocence et son apparence décomplexée se cache l'histoire d'une nouvelle mafia technologique, profitant des faiblesses des citoyens pour vendre de l'abonnement. Cameron est un jeune idiot de ne pas s'apercevoir du mal qu'il est en train d'accomplir, et il serait intéressant que la série creuse cet aspect de son histoire, afin de donner à Oz un aspect plus maléfique.
Au final, Sam... pardon Cameron a de nouveau signé un pacte avec le diable et ne semble pas encore se rendre compte de la gravité de ses actes. Profitant de la faiblesse humaine, il accomplit ses basses oeuvres en permettant à son patron de continuer à se faire de l'argent. Breaking In n'est finalement que l'enfant direct de Reaper, il ne reste plus maintenant qu'à se montrer digne de son prédécesseur.
Un pilote qui dispose d'un certain potentiel
L'impression qui ressort du pilote est très mitigée tant la série se montre beaucoup trop hystérique et inconsciente de sa propre identité. Les épisodes suivants seront indispensables pour savoir si elle saura tirer parti de sa nature ambigüe ou si elle s'acharnera à mentir tout en alignant les gags pour masquer sa vraie nature. La scène finale de la brique me laisse espérer une progression dans la bonne direction, car malgré les apparences, voir Cameron se conduire comme un simple voleur n'est que le révélateur de sa véritable nature.
Par contre, si la série joue uniquement la carte "fun" en gardant masqués les véritables enjeux moraux de leur activité, une telle irresponsabilité serait parfaitement inexcusable. Il en résulte une certaine curiosité morbide car Breaking In a le potentiel d'une très bonne série, mais aussi celui d'une très mauvaise.
Bon, je m'arrête là, je viens de recevoir mon vaisseau et j'ai une âme à aller capturer. (Hommage à Reaper, série trop méconnue sur ce site)
J'aime :
- Reaper, donc le plaisir de retrouver un Bret Harrison en bonne forme
- l'autosuggestion selon Josh
- quelques gags amusants
Je n'ai pas aimé :
- ... d'autres franchement balourd
- Christian Slater complètement hors du coup
- le rythme saccadé et très mal maîtrisé
- un concept irresponsable qui doit assumer sa noirceur
- où est Sock ? (pour les fans de Reaper)
Note : 10 / 20
(52)