L'étrange alchimie du désir
Orpheline élevée en famille d'accueil, Emily Sharp est surtout une meurtrière de sang froid, condamnée pour avoir brulé vif un homme à une peine de vingt ans de prison. Après avoir agressée une enseignante au sein de la prison, elle profite d'une pause forcée aux toilettes d'une station service pour s'enfuir grâce à un colis laissé là à son intention par son complice. Pendant ce temps, Lowery reçoit une carte de Damien Fontleroy qui semble vouloir le mettre sur la voie de son prochain méfait.
Résumé de la critique
Un épisode moyen que l'on peut détailler ainsi :
- une cavale sans surprise, ni véritable enjeu
- une intrigue avec Damian qui fait du remplissage
- une pause dans la saison inquiétante
- une alchimie qui ne prend pas
Une escapade sans lendemain
Alors que la mi-saison approche, Breakout Kings montre les signes d'un réel signe d'essoufflement, malgré les tentatives des scénaristes pour relancer une saison qui peine à profiter du retour de Damien. Bien loin des premiers signes encourageants du début de la saison, les auteurs ne semblent ne pas trop savoir comment prendre cette intrigue qui va vite se scinder en deux histoires indépendantes sans jamais parvenir à trouver l'équilibre. Un sentiment de bascule qui va ruiner les tentatives pour installer une dynamique interne dans l'épisode, le passage d'une histoire à l'autre entrainant un fort sentiment de rupture.
L'évadée du jour est une femme qui a trouvé une complice chez une des enseignantes venant bénévolement à la prison, les similitudes dans leur expérience personnelle ayant crée une attraction physique entre elle. Cette évasion est donc avant tout motivée par une soif de liberté, de vivre une passion naissante et d'échapper à un milieu carcéral asphyxiant pour l'une et à un mari brutal et volage pour l'autre. Cela donnerait une histoire sympathique si les auteurs prenaient le temps d'exposer tranquillement la situation de ces deux jeunes femmes, soit tout le contraire de ce que propose l'épisode.
Si la volonté de varier les profils des évadés est appréciable, le manque de mise en valeur de l'histoire d'Emily Sharp entraine une difficulté à se passionner pour cette histoire qui va perdurer durant tout l'épisode. Heureusement, le trio se montre assez actif, donnant la dose de scènes d'action attendue, mais gâchées par un manque d'enjeu plutôt gênant. Totalement inutile, Shea se retrouve vite sur la touche, enfermé dans des séquences comiques pathétiques, pendant que la progression de l'histoire repose sur un duo Lloyd - Erica efficace.
Un tour pour rien
Pour combler les blancs nombreux de cette histoire d'évasion et donner un second souffle à la saison, les auteurs ramènent Damien Fontleroy par le biais d'une carte postale adressée directement à Lloyd. Le meurtrier s'en prend alors à une jeune femme, créant une certaine tension pendant que Lowery essaie de décrypter son message. Seulement, l'illusion d'une progression de la mythologie ne va pas durer longtemps, cette histoire n'aboutissant qu'à souligner le manque d'idées de cette seconde partie de saison qui s'interdit le moindre développement des arcs du début de saison.
Très vite, le spectateur essaie de trouver les raisons derrière le choix de cette victime, tant les scénaristes aurait du logiquement la lier avec un des membres de l'équipe de Zancanelli. Seulement, l'évasion du jour aurait alors perdu son statut d'intrigue principale, donnant à l'épisode des ambitions mythologiques qu'il n'a pas, poussant les auteurs à opter pour la pire des solutions avec une conclusion bâclée, reposant essentiellement sur Lowery. Moins délirant que d'habitude, Jimmy Simpson est moins délirant que d'habitude, appuyant la sensation d'un script peu soigné qui ne tire pas profit de son potentiel.
Pur remplissage narratif, le retour de Damien ne vaut que pour ce court instant où le psychopathe sort le badge de Duchamp pour se présenter comme un Marshall. Une usurpation d'identité très bien inspirée, seule bonne idée d'une storyline avec quelques répliques d'un Lloyd trop sage pour amener la dose de folie attendue, donnant un divertissement médiocre et décevant, sans véritable fil directeur.
Panne sèche
Si les premiers épisodes avaient engendré un certain enthousiasme, l'approche de la mi-saison ressemble à une douche froide avec une incapacité des scénaristes à tirer profit des changements au sein de la série. Cet épisode, écrit par des auteurs visiblement peu inspirés, est mal équilibré, désordonné et propose des idées saugrenues comme les séquences comiques de Shea particulièrement consternantes. Sans ambition particulière, cet épisode vient rompre la bonne dynamique du début de saison, confirmant la sensation persistante d'une série en panne créative.
Pourtant, il y a de bonnes choses, mais le choix de couper l'équipe en deux entre l'évadée du jour et la recherche de Damien ne fonctionne pas vraiment. Le final vient enfin corriger cette faute, marquant une rupture nécessaire en poussant l'équipe à travailler collectivement sur l'affaire Fontleroy, seule solution pour retrouver le dynamisme du début de saison. Abandonnant la formule de cop show autour d'une intrigue fermée pour une structure plus proche des concepts shows comme Burn Notice, Breakout Kings commence ici une évolution importante qu'on espère voir concrétiser la semaine prochaine.
Le but est de briser l'unité de temps d'un groupe limité jusqu'ici à enquêter sur des intervalles précis, empêchant la construction d'une vraie progression sur la durée de la recherche de Fontleroy. La bonne nouvelle reste que ce final semble indiquer une volonté d'améliorer un show qui ne parvient plus à se montrer à la hauteur de ses ambitions, montrant une capacité intéressante à se remettre en cause.
Un collectif qui ne prend pas
Un point particulier gênant de cette mi-saison de Breakout Kings concerne l'insistance avec lequel les scénaristes donnent à plusieurs reprises la sensation d'un collectif qui ne fonctionne pas vraiment. Les mésententes volontaires entre Ray et le reste du groupe donnent la sensation d'une équipe qui peine à se mettre en place, le trio de prisonniers travaillant la plupart du temps en solo. Pas assez fluide et dynamique, le show a perdu le grain de folie des épisodes deux et trois, évolution regrettable surtout à l'heure où la possibilité d'un renouvellement semble de plus en plus compromise.
En conclusion, un épisode faible, la faute à un scénario assez creux qui utilise Damien pour combler une évasion ennuyeuse. La conclusion de ces deux storylines va s'avérer plus que discutable, soulignant le manque de maîtrise d'une intrigue mal rythmée qui marque clairement un temps d'arrêt dans la progression du show. Heureusement, la dernière scène vient marquer une rupture dans les habitudes de la série, soulignant le besoin de l'équipe créative de poursuivre les modifications formelles entamées en début de saison.
J'aime :
- la dernière scène bien pensée
- certaines répliques de Lowery
- la scène où Damien exhibe le badge de Duchamp
Je n'aime pas :
- l'intrigue principale trop pauvre
- la conclusion décevante pour Damien
- l'absence inexplicable de scène entre Julianne et Lowery
- les séquences comiques de Shay
Note : 11 / 20
Un épisode décevant qui, malgré quelques bonnes répliques et des idées intéressantes, ne parvient pas à masquer une intrigue principale très faible en contenu. La storyline de Damien est particulièrement ratée, la conclusion soulignant le manque d'ambition d'une mythologie totalement à l'arrêt.