Nier la passion ou exprimer ses sentiments
Rodney Cain a électrocuté un des gardiens alors qu'il était chargé du nettoyage des douches, volant au passage son uniforme pour fuir sa prison et retrouver celle qui lui écrit des lettres d'amour depuis son arrivée en prison. L'équipe se lance alors à sa poursuite, mais doit faire face à la concurrence de Brad Kelley, un ancien flic pourri devenu entre temps chasseur de primes. Pendant ce temps, Lowery demande des conseils romantiques à Shea qui lui ordonne de rester froid et distant envers Julianne.
Résumé de la critique
Un épisode divertissant que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue du jour plutôt originale
- un chasseur de primes qui amène de la concurrence
- une série qui gagne en finesse
- une annonce pour le season finale
Un évadé pas comme les autres
Après deux épisodes assez médiocres, Breakout Kings retrouve une part de la qualité du début de saison grâce à une intrigue de départ plutôt originale où les apparences vont s'avérer trompeuses. Loin de correspondre au profil du criminel endurci, la proie du jour jouée par Josh Zuckerman est avant tout la victime de ses sentiments, amoureux d'une jeune femme dont il a tué le père alors qu'il se mettait en travers de son chemin. Aussitôt, l'épisode inquiète en proposant une intrigue assez semblable à la semaine passée, laissant craindre un schéma à la "Bonnie and Clyde" peu engageant.
Seulement, l'épisode va alors avoir la bonne idée de nous prendre à revers, Lowery servant à changer le point de vue du spectateur, laissant apparaître une autre vérité assez inattendue. Plutôt que de conserver cette révélation pour le final, les scénaristes choisissent un format dynamique en la plaçant à la mi-épisode pour maintenir la pression, évitant ainsi la faute commise durant l'épisode cinq. Avec une intrigue en flux tendu, les auteurs font le bon choix au final en sacrifiant la volonté d'opter pour un happy-end invraisemblable au profit d'une conclusion plus simple misant avant tout sur l'efficacité.
Le final peut sembler décevant, mais il se place totalement dans cette thématique sur la difficulté de croire suffisamment en soi et en l'autre pour dire réellement ce que l'on ressent. Le prix du silence va être symbolisé par les séquences entre Brad et Ray, offrant l'occasion idéale pour les scénaristes d'explorer le passé trouble de Zancanelli. Alors que la première saison avait installé une barrière claire entre les Marshall et les consultants, cet épisode est le premier à troubler les lignes, montrant combien le langage des sentiments possède des nuances dépassant le cadre simple du bien et du mal.
Un chasseur de primes qui amène de la concurrence
Pour pimenter cette chasse à l'homme, les scénaristes ont la bonne idée d'intégrer un chasseur de primes à l'enquête, celui-ci envisageant de gagner la récompense pour l'évadé du jour. Une concurrence pas suffisamment bien exploitée, mais qui va se révéler très saine, obligeant l'histoire à avancer en évitant les baisses de régime. Plus nerveux et dynamique, l'intrigue se repose sur un scénario solide durant lequel Ray se montre peu expansif, encaissant les trahisons de son ami avant de montrer que les attitudes peuvent être un vrai vecteur pour des sentiments comme la colère et le mépris.
Certes, l'épisode est loin d'être parfait, entre quelques fautes de raccord et le fait que Brad trouve avec autant de facilité la jeune femme dans le final, servant de mauvaise excuse aux auteurs pour accélérer le rythme. Malgré tout, Breakout Kings nous offre un scénario plus subtil que prévu, montrant une volonté de délaisser son image de show viril en proposant un fuyard du jour au but particulièrement noble. En déjouant la spirale de la violence, les scénaristes nous offrent un épisode intelligent et divertissant, le tout sans se reposer sur un Lowery plus en retrait.
Jimmi Simpson a beau servir à lancer l'histoire par le biais de son expertise, son rôle va vite se limiter à gérer la partie mythologique de l'intrigue au travers de sa relation avec Julianne, offrant pour l'occasion une scène finale à la fois imprévue et réussie. Une accélération bienvenue pour une histoire touchante d'un fugitif en quête de vérité, donnant une vraie signification à un scénario qui dépasse enfin le cadre du simple jeu du chat et de la souris.
Prison et sentiment
Après avoir délaissé la relation Julianne - Lloyd la semaine dernière, les auteurs en font cette fois-ci l'un des axes principaux de cet intrigue, occasion pour Lowery d'exprimer son inexpérience dans le domaine de la romance. A la différence du prisonnier du jour qui s'évade dans le but de répondre aux lettres d'amour qu'il reçoit, l'ancien psychologue fait le choix du silence, le plus difficile pour ce personnage habituellement loquace. L'occasion pour Brooke Nevin de profiter d'un peu plus d'exposition, offrant pour le coup une scène finale absolument brillante, d'une finesse nouvelle et inattendue dans Breakout Kings.
Ce changement dans le ton et cette volonté de casser son image, c'est finalement cela qui fait le charme de cette saison deux, essayant de retrouver ce mélange singulier qui avait fait le succès de la saison un de Prison Break. Fini les évadés laissant derrière eux une piste de morts ou les scènes de violence servant à masquer les blancs du scénario, les auteurs cherchent désormais à donner du sens à leur histoire, rejoignant sur ce point la démarche de l'épisode 1x03 avec l'évasion de T-Bag. La scène du stylo est l'exemple parfait de l'ambition des auteurs, offrant l'occasion de saisir toute la complexité du personnage de Julianne en montrant la distance existant encore entre les deux personnages.
L'idée de cette saison est donc de pousser le trio à vouloir construire autre chose, les mois qu'ils perdent leur permettant d'envisager une reconversion et de se voir utile de nouveau à la société. Il s'agit alors de vouloir que Lloyd, Shea et Erica se reconstruisent autour de cette nouvelle activité comme des citoyens respectables, avec des espoirs et des désillusions, retrouvant ainsi une place dans le système. Un optimisme que certains qualifieront d'angélisme, mais qui donnent tout son charme à une série qui est sans conteste plus généreuse et plus divertissante.
Faire monter la pression
J'ignore totalement s'il existe d'autres fans de Breakout Kings qui lisent ces critiques et, s'il y en a, je les en remercie, mais je ne pouvais pas passer sous silence l'information suivante. Les scénaristes viennent d'annoncer que le final sera un double épisode, l'occasion de clôturer en beauté cette saison et de se transformer en series finale, la série se trouvant en difficulté du point de vue des audiences. Lloyd Lowery sera pour l'occasion en première ligne face à Fontleroy et l'ambiance risque d'être nerveuse, en espérant que les scénaristes sauront se montrer à la hauteur de nos attentes.
En conclusion, un épisode nerveux, dynamique, mais aussi touchant grâce à une histoire plus complexe et intelligente qui relance la saison après la baisse qualitative des deux derniers épisodes. Plutôt intelligente, l'intrigue du jour réserve son lot de surprise, offrant une finesse d'écriture dans certaines scènes qui confirment la mutation de la série vers une forme plus aboutie. Très amusante, la séquence du stylo est une vraie surprise, confirmant l'ambition des scénaristes de sortir la série de son cadre de départ en affichant de nouvelles ambitions.
J'aime :
- l'intrigue bien écrite
- l'ajout du chasseur de primes
- la scène finale entre Lloyd et Julianne
Je n'aime pas :
- le démarrage assez poussif
- un final légèrement tiré par les cheveux
Note : 13 / 20
Un bon divertissement, qui renoue avec le niveau de qualité du début de saison et offre une scène finale très réussie entre Lloyd et Julianne. Une intrigue plus subtile au démarrage assez poussif sur la complexité des sentiments, entre déception, obsession et rédemption.
sephja
