Pitch passage de témoin
Alors que la CIA ouvre une investigation sur le meurtre de Max, Michael Westen fait la connaissance de l'agent Pearce, une enquêtrice tenace qui a bien l'intention d'aller au bout de l'affaire. Au même moment, une jeune recrue à la CIA, Ethan Reed, vient demander ses services pour retrouver l'homme qui a battu sa soeur à mort, un certain Brad Ramsey spécialisé dans l'arnaque à grande échelle.
Un épisode sur la transmission
Si cet épisode semble, à première vue, marquer un retour en arrière vers la structure habituelle de la série, cela s'avèrera rapidement faux, les scénaristes ayant la bonne idée de s'inscrire dans la continuité du thème de ce début de saison. Le centre de l'intrigue est donc dans la relation entre Michael et Ethan, jeune espion débutant hésitant encore concernant son engagement à la CIA. En effet, l'agression brutale de sa soeur a empli l'esprit d'un jeune apprenti espion d'une colère telle qu'il a perdu de vue le vrai sens du mot vengeance.
Evidemment, cette histoire est du pain béni pour la série, permettant de replacer chacun des membres du quatuor, en particulier Jesse beaucoup plus présent qu'en début de saison. Les scénaristes vont verser dans le classicisme, tout en montrant comment Michael a su faire de sa rage un atout en apprenant à la dominer, faisant de ses faiblesses sa principale force. C'est d'ailleurs l'arme favorite de Westen, transformant les forces des autres en faiblesses, l'amitié en colère, la confiance en méfiance.
Le seul problème est que le spectateur sait déjà tout cela et que les auteurs n'attendent que la fin de l'épisode et l'arrivée de Madeline pour donner un peu plus d'épaisseur à ce point de l'intrigue. Il en résulte un épisode très classique, plutôt prévisible mais qui permet de renouer avec plaisir avec l'identité première du show, tout en poursuivant le thème de Michael et les fantômes de son passé. Car le final, surprenant et diablement excitant, va apporter un nouvel éclairage à la thématique de cette saison, confirmant le sérieux remarquable du travail des scénaristes cette année
Comme un des derniers signes des changements à venir, Michael passe le témoin, laissant la place à Matt Lauria (The Chicago Code) le plaisirs de découvrir l'espionnage à la Westen. Si l'épisode semble assez banal en apparence, la révélation finale apporte un autre regard à une histoire finalement bien plus intéressante qu'il n'y parait.
Variation sur un même thème
Conceptual show par nature, Burn Notice s'inscrit dans la lignée de séries comme Mac Gyver ou Le Caméléon où un héros solitaire est victime de son grand coeur. Ici, il s'agit d'une femme battue, argument qui suffit à impliquer naturellement Fiona, mais auquel les scénaristes ont la bonne idée de rajouter un processus d'identification fort entre Michael et son client. En prenant la place de Jeffrey Donovan, Matt Lauria permet aux scénaristes d'appuyer le fait que Westen est lentement en train de passer à autre chose.
La série apparaît comme une mécanique bien huilée, l'usage de la voix off se faisant particulièrement présente pour appuyer l'importance qu'a toujours eu la transmission pour Michael. Sans toucher à son décor, ni à sa structure, Burn Notice surprend par sa capacité à générer de petites variations qui leur permettent de donner l'illusion de l'originalité. Mécanique parfaitement huilée, elle atteint ici son maximum et donc ses limites pour une série qui continue de se rénover lentement, alignant les bonnes idées avec une régularité surprenante.
L'importance de donner les informations dans le bon tempo
Avec l'arrivée de l'agent Pearce (Lauren Stamile vu dans The Good Guys), Michael découvre un nouvel agent de liaison qui semble prêt à tout pour trouver la vérité. Leur relation entre coopération et mensonge rappelle beaucoup l'arc de Jesse la saison dernière, en espérant que les auteurs sauront mettre en valeur leur relation particulièrement ambigüe. Si l'ensemble donne une impression de répétition, le final confirmera la belle ambition du show en fermant brutalement la jolie porte de sortie que les scénaristes avaient construites pour Westen.
L'un des points forts de Burn Notice est d'avoir toujours réussi à ne jamais égarer les spectateurs dans les méandres d'une mythologie complexe en distillant les informations de manière précise, comme les pièces d'un puzzle simple qui s'assemblent peu à peu. Jamais perdu ou dépassé, le spectateur découvre avec Michael l'ampleur du piège qui s'est refermé sur lui, donnant un sens nouveau au thème de l'identité de ce début de saison. Le dernier ennemi de Michael est finalement bien lui-même, la série mettant ici en avant l'influence du "Caméléon" comme source d'inspiration par le biais de la vengeance finale.
Une façon subtile de confirmer que cette saison a bien l'ambition de sortir du cadre rigide du show et de se préparer pour la nouvelle évolution. Confronté à l'apparence surprenante de son nouvel ennemi, Westen va être obligé de tout bouleverser et de surprendre, car son identité est devenu sa principale faiblesse.
J'aime :
- du bon divertissement parfaitement maîtrisé
- un thématique qui prend son sens dans un final surprenant
- à la fois réaliste et délicieusement invraisemblable
- une relation maître - apprenti intéressante ...
Je n'aime pas :
- ... mais pas assez développée
- Madeline qui sert trop de couteau suisse narratif
- assez prévisible à l'exception du final
Note : 13 / 20
Un épisode très intéressant du point de vue de la structure et de la mythologie, mais un peu pauvre du point de vue contenu concernant la mission du jour. Le final surprenant donne une dimension supplémentaire au thème sur l'identité de Michael Westen développé depuis ce début de saison. Intéressant.
PS: Je ne saurais que conseiller de voir le faux documentaire de Bruce Campbell sur le tournage du préquel de Burn Notice. Hilarant, surtout vu la façon dont il s'en prend à Jeffrey Donovan (si vous ne pouvez pas le voir, il est sur dans le coffret DVD qui vient de sortir aux USA).