Critique : Burn Notice 5.16

Le 18 décembre 2011 à 13:49  |  ~ 9 minutes de lecture
Un épisode superbe et immanquable qui offre l'occasion d'explorer la relation entre Anson et Michael.
Par sephja

Critique : Burn Notice 5.16

~ 9 minutes de lecture
Un épisode superbe et immanquable qui offre l'occasion d'explorer la relation entre Anson et Michael.
Par sephja

Vérité et mensonge

Anson rentre en contact avec Michael pour lui demander de l'aider à récupérer plusieurs millions de dollars bloqués par plusieurs agences dans un compte en banque aux îles Caïman. Jesse et Fiona se rendent sur place pendant que Sam retrouve Beatriz, une jeune femme rencontrée alors qu'il sauvait un village en Amérique latine. Un espion russe cherche à l'abattre et leur seul moyen de lui venir en aide est de demander le soutien de l'homme que Michael craint le plus au monde : Anson Flutterton.

 

Résumé de la critique 

Un épisode superbe que l'on peut détailler ainsi :

  •  un récit qui mêle dangereusement et adroitement mission et mythologie 
  •  une construction intelligente et très soignée  
  •  une révélation qui donne du sens à cette saison  
  •  deux épisodes pour un final très prometteur 

 

 

Les secrets derrière les apparences 

Pour marquer son importance, l'épisode commence directement par une réunion de famille, Michael révélant à sa mère l'existence d'Anson. La rencontre tourne court, appuyant l'idée que Michael va connaître une situation complexe où il va devoir faire ce qu'il déteste le plus : dire ce qu'il ressent et révéler son fonctionnement à son pire ennemi. Le point de départ de l'épisode reste classique avec Sam qui retrouve une ancienne connaissance du préquel de début de saison "The Fall of Sam Axe" poursuivie par un espion russe qui veut sa mort.

Sam va naturellement jouer les gardes du corps dans une intrigue isolée pendant que Michael doit trouver un soutien pour lui permettre de savoir l'identité de l'homme qui la pourchasse. Les auteurs prennent alors un risque énorme et décisif en intégrant Anson à la mission du jour, celui-ci y voyant une occasion de raffermir sa main mise sur Westen en l'absence de Fiona et Jesse. L'occasion est alors idéale de sortir la série de sa routine, l'ennemi intime demandant l'autorisation de poser des questions sans restriction à Michael en échange de l'identité de l'agent russe.

Justifier la présence de Fullerton va nécessiter de donner une dimension mythologique forte à cette storyline ce que les auteurs vont réussir à merveille avec cette histoire d'espion russe qui dresse un parallèle à sa propre expérience. Isolé et obligé d'agir à distance, Michael va devoir comprendre son ennemi en lui faisant don d'une part de lui-même, celle qui l'a poussé à devenir espion et à joindre l'armée. C'est à ce moment précis qu'Anson apporte une touche supplémentaire, empêchant Michael de brouiller les cartes pour mieux le laisser exprimer la vraie nature de sa motivation.

Excellent, Jeffrey Donovan confesse toute la naïveté de Michael, cette conviction que le monde peut-être guéri pièce par pièce, comme la voiture de son père. L'idéalisme n'a rien de patriotique, il repose sur la conviction qu'un jour viendra où sa bataille s'achèvera et lui laissera le temps de construire sa propre famille dans un monde pacifié. Obligé de se confesser à Anson, troublé par la colère de sa mère, Westen perd le contrôle et comprend qu'il est finalement un utopiste qui sait au fond de lui que sa bataille ne connaîtra jamais de fin.

 

Une mécanique superbe 

Si un épisode devait servir de référence pour construire un concept show, ce serait sans nul doute celui-ci, exemple parfait de la méthode à utiliser pour ce type de série. Le concept à la base de cet épisode est le discours révélateur, Anson servant à faire dire à Michael ce qu'il essayait de tenir sous silence depuis toutes ces années. Pour sauver Sam, il va faire une entorse à son habituel mutisme et laisser s'exprimer ses sentiments dans un dialogue qui relève de la psychanalyse, son ennemi cherchant à lui faire comprendre sa véritable nature et révéler sa faiblesse.

Une fois le concept fixé, il faut une intrigue dramatique pour venir l'appuyer et lui donner du sens, amenant l'idée de l'espion russe dont la destinée se rapproche de celle de Michael. La scène où les deux hommes s'aperçoivent est à ce point de vue décisive, parvenant sans le moindre dialogue à installer ce principe de similarité. Pour installer un drame, il fallait mettre en jeu quelque chose d'important, justifiant le retour de Beatrix, un personnage marquant du préquel, poussant immédiatement Sam à aller jouer les chevaliers blancs.

L'intrigue dramatique en place, l'épisode doit gérer la montée en puissance de l'épisode en intégrant dans le premier acte une intrigue classique divertissante afin que le spectateur reste en terrain connu. La mission va donc occuper Jesse et Fiona et se révéler plutôt plaisante, exemple parfait du savoir-faire des auteurs, permettant de graduer la montée en puissance du récit. Pour marquer la rupture entre cette partie divertissement et la seconde plus mythologique, les auteurs installent une scène avec Madeline assez forte, permettant de préparer le terrain à une révélation finale absolument brillante.

Une construction admirable, du travail d'orfèvre qui donne la parfait mélange entre drame et humour dans les deux premiers actes tout en opérant une montée en puissance parfaitement graduée. Une mécanique superbe, qui nous offre en point d'orgue une révélation très intelligente, fruit d'un travail très soigné et surprenant.

 

 

Une rencontre n'est jamais le fruit du hasard (ALERTE SPOILERS)

Evidemment, cette part de la critique va concerner la ligne directrice de la saison, à savoir la relation de Michael avec le fantôme de son père brutal et alcoolique. La scène médiane entre lui et Madeline est intéressante, car elle laisse apparaître la vraie teneur de la relation entre Michael et son père, celui-ci s'étant convaincu qu'il avait rejoint la CIA pour le fuir alors qu'il essayait juste d'échapper à son affection pour lui. En effet, il a aimé son père et l'éloignement lui a seulement servi à estomper ce sentiment devenu ingérable, en conflit avec son affection pour sa mère.

Partir loin et faire taire cet élan involontaire et irrépressible, maîtriser sa relation avec les autres pour pouvoir ne jamais se retrouver en conflit avec soi, voilà les véritables raisons de sa fuite. Une fois mort, l'éloignement a pris une autre nature, plus facile à gérer, mais cette faiblesse est toujours là, à l'intérieur de lui. C'est sur ce point qu'appuie finalement Anson, cette faiblesse d'un garçon qui n'a pas su faire face à l'homme qu'il craint le plus au monde, celui qui incarne la vraie raison de son besoin de modifier le monde en profondeur.

Rien n'est pire que de comprendre que son père ait pu souffrir de son geste, de découvrir que ce qu'il cherche à réparer depuis toutes ces années est le souvenir d'un homme qu'il aurait aimé voir heureux. La vraie bataille de Westen consiste à résoudre les problèmes des autres pour mieux masquer son impuissance à résoudre son principal dilemme : comment accepter l'amour pour une personne qui est devenue l'incarnation d'une vision personnelle du mal. L'arrivée d'Anson vient à point pour obliger Michael à se poser la question des raisons de son arrivée à la CIA, car on ne devient pas espion par nécessité ou devoir, mais bien par besoin.

Une rencontre n'est pas le fruit du hasard tant l'importance que l'on accorde à l'autre est liée à ce qu'il cristallise comme souvenir du passé. En incarnant l'image du père à ses yeux, Fullerton devient invincible pour Michael, incarnant une figure mythologique qu'il va devoir abattre. Son arrivée permet de donner un sens profond à son désir de retour au sein de l'Agence et lui offre l'occasion de payer sa dette pour la mort d'un père dont il est en partie responsable.

 

Une reprise en main admirable 

Si le final de mi-saison laissait l'impression d'essoufflement, l'ambition et la qualité de cet épisode permet d'espérer un final particulièrement ambitieux, à l'image de la performance remarquable de Jere Burns. En cherchant à exposer les motivations profondes de son héros, la série nous offre un épisode dense, efficace, très intense qui prouve que le show a encore de beaux jours devant lui. Espérons que le final entre Westen et Fullerton se montre à la hauteur des habitudes de Burn Notice, tant cette histoire a mis la barre vraiment très haut.

En conclusion, un épisode parfait dans son genre, d'une intensité inattendue, qui fournit un éclairage passionnant sur le fonctionnement de Michael. L'agilité avec laquelle Anson pointe du doigt le point faible du héros confirme que l'affrontement sera rude et nécessitera de la part de Michael de savoir faire face à son propre passé. Du travail soigné pour un épisode qui nous réserve un choc final particulièrement malin, donnant une dimension mythologique supplémentaire à Fullerton assez inattendue.

 

J'aime : 

  •  le scénario impeccable 
  •  les scènes entre Michael et Anson 
  •  l'intrigue de Jesse et Fiona très amusante 
  •  le potentiel incroyable des deux épisodes à venir 
  •  l'intensité du final 

 

Je n'aime pas : 

  •  rien 

 

Note : 16 / 20 

Du grand Burn Notice avec une association entre Michael et Anson passionnante qui sort le show de sa routine, tout en fournissant son lot de révélations. Un épisode étonnant qui permet de dresser un portrait assez fin de Michael comme un être profondément idéaliste tout en assurant un divertissement très agréable.

L'auteur

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