Critique : Burn Notice 5.18

Le 16 décembre 2011 à 20:48  |  ~ 11 minutes de lecture
Un season final réussi et surprenant, qui vient clore en beauté une année mouvementée sans échapper aux défauts récurrents de cette saison.
Par sephja

Critique : Burn Notice 5.18

~ 11 minutes de lecture
Un season final réussi et surprenant, qui vient clore en beauté une année mouvementée sans échapper aux défauts récurrents de cette saison.
Par sephja

Burn Notice season final 5 

Michael décide d'affronter Anson pour lui faire avouer ses plans, chargeant Fiona de l'abattre en cas de refus de sa part de coopérer. Au même moment, l'agent Pearce apporte sa première importante mission à Michael, lui présentant au passage l'équipe qui va devoir travailler avec lui. Seulement, Fullerton laisse enfin apparaître la vraie nature de son plan, lui accordant le choix entre Pierce et Fiona, sans lui laisser le moindre échappatoire. 


Résumé de la critique

Un season final très réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  une mission d'espionnage qui sort totalement de l'ordinaire
  •  un épisode de confrontation où le temps devient un ennemi
  •  le refus du sacrifice
  •  un bilan de saison

 

 

Affronter l'inconnu

Pour ce final attendu, Matt Nix aurait pu opter pour un affrontement frontal entre Anson et Michael, mais cela se serait fait trop au dépend de l'agent Pearce qui n'aurait plus eu sa place au sein de l'intrigue. L'épisode va donc proposer une mise en place longue et complexe, avec un rythme soutenu porté par une mise en scène qui se donne beaucoup de mal pour donner une vraie clarté à un scénario très compliqué. Promu à la tête de sa propre équipe, Michael hérite d'une mission délicate, capturer Reed, un homme spécialisé dans le recrutement d'espion délaissé par le gouvernement.

Pour marquer l'épisode, Jeffrey Donovan est accompagné par l'ancien Superman Dean Cain et l'ex-Terminator Kirstanna Loken, composant une équipe qui sera malheureusement à peine exploitée par la suite. Le scénario va se concentrer sur la relation entre Westen et Pearce, celle-ci se révélant être une des cibles d'Anson qui cherche à recruter des anciens espions grillés. C'est Michael qu'il va charger de faire tomber cette équipe pour lui, lui offrant une occasion en or de trouver des alliés pour pouvoir reconstruire son organisation.

Les enjeux sont forts et clairs, le récit se focalisant sur Pearce et Fiona et le choix difficile pour Michael devant son incapacité à trouver la solution permettant de n'en sacrifier aucune. C'est sur cette base que l'épisode va pouvoir enfin démarrer, tandis que le plan de Michael s'effrite peu à peu, le plaçant devant une situation périlleuse, perdant la maîtrise de sa première mission d'importance pour la CIA. Très conciliante, l'Agent Pearce montre qu'un respect mutuel s'est installé entre ces deux personnages et contraint Michael à aller contre sa nature en la sacrifiant au profit de Fiona.

C'est sur cette base que Matt Nix va construire un épisode très intense, poussant Michael à découvrir l'horreur d'être impuissant tout en contraignant Fiona à reprendre son destin en main. La mythologie et la mission se mélangent, puis se superposent pour créer de nouveaux dilemmes, le contraignant à agir sans filet, ni préparation. Une conclusion un peu décevante dans son premier acte, mais tellement intense et spectaculaire que la mise en place un rien poussive est vite oubliée.

 

Lutter contre le temps qui passe 

En affrontant Anson, Michael cherche surtout à trouver la faille, le point faible qui lui permettra de prendre l'avantage sur cet homme qui le connaît malheureusement trop bien. Incapable de trouver une troisième voie pour Fiona et Pearce, Michael voit le temps devenir son ennemi, l'obligeant à sortir de son calme habituel pour découvrir la rage de l'impuissance. La situation lui échappe alors totalement, reliant cet épisode avec la mythologie autour du père et du refus de Michael d'accepter son impuissance à accepter l'inéluctable.

Pourtant, toute la dernière partie va montrer un héros pris de vitesse par une intrigue menée tambour battant par un Matt Nix qui montre une belle ambition, concluant cette saison de la plus élégante des manières. La perte de contrôle, l'incapacité à se maîtriser pousse Michael dans ses derniers retranchements, avec une harmonie superbe entre l'intensité des évènements et des scènes d'action plutôt bien exécutées. Malgré tout, la mission s'achève un peu trop facilement, les auteurs se faisant eux-mêmes débordés par une histoire qui aurait gagné à être préparée en amont.

Si l'épisode est une vraie réussite dans sa globalité, il va souffrir des défaillances d'une saison qui n'aura pas réussi à proposer le changement attendu, se heurtant à une difficulté à intégrer la CIA au sein du récit. Trop confuse, la série va peiner à s'installer, ne trouvant sa force qu'une fois l'histoire lancée, masquant aussitôt les défaillances d'une saison en demi-teinte. Le temps devient un élément essentiel et précieux, impossible à contrôler et à maîtriser, tout comme le passé qui n'a de cesse de le hanter.

Lorsque le temps finit par s'écouler vient le moment du sacrifice, étape obligatoire qui fait basculer la série dans le dramatique, faisant perdre au héros le contrôle de sa destinée. Un constat d'échec qui va pousser Westen à laisser apparaître ses sentiments, ouvrant la porte à une saison six prometteuse.

 

 

Le sacrifice et ses conséquences 

Au premier abord, Burn Notice n'aborde que rarement le thème du sacrifice, les missions de l'agent Westen s'achevant habituellement sur une pirouette scénaristique plus ou moins adroite, évitant de recourir à une telle extrémité. L'épisode de la semaine dernière avait servi à montrer la réaction conflictuelle de Michael par rapport à ce type de conclusion, voyant dans cet achèvement une défaite du cerveau contre la fatalité. Toujours dans le contrôle, Michael se retrouve confronté à une situation du même type et tente de garder le contrôle sur Fiona lors d'une scène superbe entre les deux comédiens. 

En utilisant Fiona comme moyen de pression, Anson a appuyé au bon endroit, ramenant à la surface le souvenir d'un passé où il apaisait la souffrance liée à l'absence de sa famille par le biais d'un anonymat volontaire. Si les autres n'ont pas le droit de se sacrifier, Michael n'hésite pas pour sa part à donner de son temps, à mettre en marge sa propre vie au profit de son besoin de corriger les choses. Refusant avec acharnement que quelqu'un se sacrifie pour lui ou d'être redevable des autres, Westen est un solitaire par choix, refusant de donner un ton trop personnel à sa croisade. 

En conclusion, un season final qui tient toutes ses promesses, malgré une mise en place assez lourde et maladroite, la faute à un univers au sein de la CIA toujours aussi peu clair. La confrontation entre Anson et Michael est très intense, obligeant l'agent Westen à faire un choix terrible entre Pearce et Fiona, l'intégrité contre les sentiments. Une intrigue qui pousse son héros à la limite, plaçant les bases d'une saison à venir qui s'annonce particulièrement intense, contraignant Michael à accepter ses propres faiblesses. 

 

Bilan saison 5 : He used to be a spy, but why ? 

Difficile pour moi de parler de Burn Notice sans faire dans la longueur, mon lien avec cette série étant des plus particuliers. Après le final de la saison quatre, le retour de Michael au sein de la CIA lui offrait l'occasion de trouver les responsables de sa "Burn Notice" mais aussi de regagner une légitimité et une identité qu'il avait perdue durant le pilot. La saison avait donc la dure tâche d'évoquer sans rupture l'espion qu'il fut auparavant, d'explorer son passé et de trouver les origines pour mieux comprendre sa construction personnelle. 

Aussitôt, l'image du père s'est imposée comme un élément central de la saison, comme cette voiture qu'il s'est acharnée à reconstruire, symbole de son besoin de réparer les choses. Sa relation avec sa mère devint alors un des éléments majeurs pour comprendre Michael Westen, avec en particulier l'épisode 5x02 et cette scène extraordinaire où le souvenir de son père rejaillissait à travers lui contraint de menacer sa mère. Les scènes entre Jason Donovan et Sharon Gless sont de loin les meilleures de la saison, les auteurs créant une vraie intimité entre les deux. 

L'autre élément majeur de cette saison va concerner la tentative de changement dans la construction des épisodes, la série tentant de s'extraire de son schéma habituel pour une structure se rapprochant des séries d'espionnages. S'éloignant de Sam et Jesse, le show tente de quitter Miami pour l'Amérique centrale, offrant quelques épisodes intéressants à un agent Pearce de plus en plus convaincante. Hélas, cette mutation va entraîner une perte de repère, offrant quelques scénarios maladroits à l'approche du summer finale, poussant Matt Nix à tout reprendre en main.

Fini les voyages exotiques, la série revient aux bases et trouve en Anson Fullerton une nouvelle source d'inspiration, connectant ainsi le cas du père de Michael et la storyline de son couple avec Fiona. Plus proche de Michael cette saison, elle parvient elle aussi à voir le vrai visage de Michael, surtout lors de la scène superbe du repas avec sa mère dans le 5x08, moment étonnant où les comédiens montrent une vraie complémentarité. Le duo romantique est très crédible, entraînant la réaction disproportionnée de Fi lors du summer finale où elle se condamne en fournissant un moyen de pression à un vrai vilain particulièrement manipulateur. 

La porte était donc ouverte pour Anson, personnage mythologique cristallisant toutes les angoisses de Michael, l'obligeant à perdre sa maîtrise et à montrer des vrais signes d'inquiétude. Concentré sur son ennemi, Westen laisse le premier plan au personnage secondaire, avec un Sam égal à lui-même et un Jesse assez convaincant dans le second acte. Seul Pearce se retrouve sur la touche, point noir d'une saison qui aura échoué dans son second quart avant d'offrir un final particulièrement intéressant du point de vue mythologique. 

En explorant sous l'angle de la psychanalyse les relations entre Michael et son père, les auteurs permettent de mieux comprendre la mentalité du héros et de mieux partager son désarroi lors de cet épisode. Plus familier et attachant, Michael a perdu cette carapace qui le protégeait, nous permettant de mieux comprendre la nature exacte de sa motivation. Réparer les choses, refuser la disparition ou le sacrifice des autres, voilà le leitmotiv de l'agent Westen, aux termes d'une saison passionnante, à l'exception d'une baisse de régime regrettable.

Je m'arrête là, mais il y aurait encore bien des choses à dire sur la relation entre Michael et son père, sur sa peur du sentiment de culpabilité, mais je l'évoquerais à un autre moment.

 

J'aime :

  •  la seconde moitié très intense 
  •  le final riche en potentiel et fort du point de vue émotionnel 
  •  les comédiens, Jeffrey Donovan en tête 
  •  voir Michael perdre enfin le contrôle 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'introduction à l'équipe trop rapide et accessoire 

 

Note : 15 / 20 

Pour ce dernier épisode, Matt Nix nous offre un season final digne de ce nom, malgré un démarrage poussif et quelques maladresses du point de vue du scénario. Poignante et très intense dans sa deuxième partie, une conclusion intelligente à une saison inégale, ouvrant la page d'une saison six qui s'annonce passionnante. 

Merci à SerieAll pour m'avoir laissé critiquer une série qui m'est très chère et nos super correcteurs pour leur travail considérable. On se retrouve au mois de juillet pour la saison 6. 

L'auteur

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