Critique : Burn Notice 5.07

Le 13 août 2011 à 12:48  |  ~ 8 minutes de lecture
Premier volet de ma journée dédiée à Burn Notice, cet épisode va s'avérer ne servir qu'à remplir un espace vide dans la saison tout en proposant un point de vue assez lourd sur la paternité. Au programme, une victime innocente, des paramilitaires d'extrême-droites et un changement de look inapproprié pour Michael.
Par sephja

Critique : Burn Notice 5.07

~ 8 minutes de lecture
Premier volet de ma journée dédiée à Burn Notice, cet épisode va s'avérer ne servir qu'à remplir un espace vide dans la saison tout en proposant un point de vue assez lourd sur la paternité. Au programme, une victime innocente, des paramilitaires d'extrême-droites et un changement de look inapproprié pour Michael.
Par sephja

Pitch paternité et patriotisme 

Sam et Fiona mettent la main sur Jacob, l'homme qui se fait passer pour Michael, et qui va se révéler n'être qu'un simple larbin, prêt à accepter n'importe quel travail sur Internet. Pendant ce temps, Axe reçoit une demande d'aide pour Denise O'Leary, une jeune mère récemment divorcée, à qui son ex-mari refuse de rendre son fils. Si la mission semble à priori simple, elle va vite se compliquer lorsque l'équipe va découvrir que le dit époux appartient à un groupe paramilitaire d'extrême-droite. 

 

 

Un compte à régler avec une certaine idéologie

Difficile d'aborder cet épisode sans constater la mauvaise tournure qu'a pris la saison malgré un départ particulièrement excitant, surtout avec la révélation de la vraie nature du double de Michael. Loin d'être intéressant, Jacob s'avère n'être qu'un pantin, entraînant une vraie déception au vu du potentiel de l'idée et de l'habituelle aptitude de la série à proposer des méchants de qualité (Brennen reste inoubliable). Entre le changement de look de Michael et la disparition de toute référence à la CIA, Burn Notice semble proposer un retour en arrière inquiétant avec cet épisode mal rythmé et sans grand suspense. 

Pourtant, l'idée de penser que la série fait table rase du début de saison est une erreur car le thème de la paternité est toujours au centre de cet épisode, tout comme celui plus personnel d'une certaine fascination pour le self-defense. En fait, Burn Notice essaie ici de tordre le cou à ses propres démons, à savoir l'impression laissée par le show montrant des civils faire le boulot des policiers ou des agents de l'Etat fédéral. Se faire justice seule, par la voie des armes et en se méfiant du gouvernement avant tout, rappelle à l'Amerique l'existence en son sein de mouvements extrémistes, dont l'expression visible se retrouve chez les politiques du "Tea Party".

L'obsession du père et du besoin de protection mène à ce type d'orientation politique contre-nature, où l'allégeance est plus une marque d'absence de volonté et un désir inconscient d'être prisonnier. Dès lors, il s'agit pour les héros de ridiculiser leurs ennemis personnels et de tordre le coup à l'image de "vendetta" qui colle à Burn Notice depuis son commencement. Pamphlet politique déplaisant, ce type de discours orienté et légèrement autiste n'a absolument pas sa place dans un divertissement, aussi noble que soit la cause défendue.

Un récit écrit dans la colère ne donne jamais un bon récit (une critique non plus d'ailleurs) et bien que la volonté des auteurs de tordre le cou à leur mauvaise réputation soit compréhensible, elle ne justifie pas la médiocrité de cet épisode. Burn Notice ne parle pas de politique et lorsqu'elle s'égare sur ce sujet, propose une histoire de bons et de méchants sans grand intérêt. 

 

Le père, la mère et le fils

Seul point intéressant de cet épisode, la relation père-fils va être explorée sous un angle nouveau, Tommy disposant de deux parents qui l'aiment inconditionnellement. Si le personnage de la mère va venir faire écho à celui de Madeline, le père va se montrer plus protecteur et moins violent que celui de Michael. Pas assez subtile, la narration sort ses gros sabots contrairement à un début de saison mieux inspiré, en confrontant Michael à l'image d'un père totalement différent du sien. C'est ici que la série commet sa plus grave erreur, ratant une occasion en or de proposer à Westen un renvoi à sa propre enfance et à son rapport à la violence.

Le père est ici vu comme une image protectrice, mais il y a une frontière entre la sécurité et l'emprisonnement qui dépend de la nature de cette relation paternelle. Car si l'amour d'un père permet de construire la confiance en soi, le culte du "chef" est conçu sur le principe de la domination et de l'écrasement de toute tentative de rébellion. L'autorité est un acte de foi dans la justice, non l'expression d'une quelconque peur face à une répression qui ne peut aboutir qu'à une destruction de l'individu dans sa richesse. 

Michael s'est construit seul, loin de la prison paternelle d'un homme qui fondait son autorité sur la peur, celle d'un fils qui apprend à ne plus croire dans la sincérité des autres, et celle d'un père qui refuse de voir ses propres faiblesses. Dès lors, l'univers de Westen n'a pu se construire que sur la confrontation et la mise à l'épreuve perpétuelle des autres, tandis qu'il limitait tout accès à son intimité en plaçant à l'écart ceux qui voulaient se rapprocher de lui. Finalement, Burn Notice est une série qui nous parle beaucoup de la paternité et de ses enjeux, même si elle le fait ici  d'une manière particulièrement maladroite. 

 

Le retournement de mi-épisode et ses limites 

L'épisode n'étant pas très réjouissant, j'ai choisis, de parler un peu structure ce qui est l'un des points les plus importants dans un conceptual show comme Burn Notice. Hormis le fait que l'absence d'intérêt de Jacob ruine en partie la mythologie construite lentement sur l'image du père, le show s'acharne à proposer des coups de théâtre de mi-épisode de plus en plus grossier, servant ici essentiellement à apporter l'occasion à Michael de mettre fin à l'intrigue. Pour ceux qui ne connaissent pas, j'explique le principe très simple et classique en proposant un descriptif de la scène en question. 

Michael a créé une faille dans la forteresse imprenable et veut utiliser la technique d'Ulysse pour faire pénétrer Fiona au sein du camp des paramilitaires. Le seul problème est que la gestion du personnage dans le camp de Fiona posera rapidement de grosses difficultés aux scénaristes du point de vue de la vraisemblance, les obligeant assez logiquement à abandonner l'idée. Le but est ici de recourir à la méthode la plus simple et de vendre l'idée que les méchants quittent tous la base pour venir jouer à Fort Alamo dans ce qu'ils pensent être le camp retranché de Michaël. 

Conscient que cette idée ne passera pas, tout comme celle du cheval de Troie, les scénaristes vont créer un écran de fumée en faisant capoter l'un des deux plans pour mieux installer le second en douce. Sachant qu'il est scientifiquement prouvé que l'attention et la capacité d'analyse se relâchent après une dose d'adrénaline, les auteurs insèrent une scène d'action pétaradante dont le seul objectif est de faire passer le plan initial. Les scénaristes appliquent alors ce plan à la lettre, si ce n'est qu'ils commettent une erreur de timing en proposant une mise en place trop longue du piège.

Au bout de quelques secondes, les ficelles énormes deviennent apparentes et donnent un final pathétique qui ne fonctionne absolument pas. Par contre, il est intéressant de se pencher sur d'autres épisodes de Burn Notice pour voir combien cette méthode du renversement narratif peut être parfaitement utilisé et constitue un élément central de ce show.

 

J'aime :

  •  la thématique du père et son lien avec les fantasmes d'extrême-droite 
  •  des comédiens plutôt bons 
  •  une direction artistique impeccable 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'épisode des occasions manquées 
  •  une mythologie mal exploitée 
  •  un scénario mal rythmé
  •  une volonté un peu trop marquée de cibler une certaine idéologie

 

Note : 10 / 20 

Un épisode assez moyen, la faute à une volonté discutable de faire passer un massage contre une certaine idéologie des milices d'extrême-droite et du Tea Party. Le personnage de Jacob s'avère être particulièrement inutile et décevant, pendant que la belle mécanique du show peine à vraiment fonctionner. Décevant. 

L'auteur

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