Affronter le père sous une forme symbolique
Michael et sa mère sont embauchés par Jesse pour l'aider à infiltrer et surveiller un groupe de spécialistes de l'espionnage industriel qui cherchent à dérober des informations à Richard Gronbach, un millionnaire qui arrive par avion à Miami. Seulement, une fois sur place, Michael va s'apercevoir que les soi-disant criminels inoffensifs en col blanc s'avère être des preneurs d'otages et mercenaires disposant d'un puissant arsenal.
Résumé de la critique
Un épisode correct qui alterne le bon et le médiocre et que l'on peut décrire comme suit :
- un épisode qui s'inscrit dans la mythologie du père et de la famille, mais sous une forme symbolique
- une récit efficace qui réserve quelques moments particulièrement bien sentis ...
- ... gâchés par un manque de culot particulièrement regrettable et des scénaristes qui semblent baisser les bras
- une mythologie qui manque cruellement de contenu et reste horriblement vague
Jarod vs Westen
Evidemment, ce titre n'est que symbolique, mais la série choisit de poursuivre son hommage appuyé à The Pretender en offrant le rôle du vilain à l'ancienne vedette du show, le toujours impeccable Michael Weiss. Pourtant, l'épisode du jour va servir entre autres à marquer les différences notables entre les deux shows, celle-ci se jouant sur le terrain du conflit entre la planification et l'improvisation. Dès la première scène, Burn Notice marque la différence envers l'univers hyper maîtrisé du Caméléon en montrant un Michael Westen qui improvise, s'adapte et se montre beaucoup plus joueur que son mentor Jarod.
Très inspiré, les deux comédiens proposent une opposition remarquable, même si le scénario va se montrer pas suffisamment inspiré pour se montrer à la hauteur de l'idée de départ. Le but est de placer Michael sur la brèche, surtout que sa mère est parmi les otages, le plaçant dans une situation qui évoque Die Hard. Seulement, Michael ne pouvant pas jouer à cache comme un John Mc Lane, il va créer une menace de toutes pièces en générant l'illusion du chaos comme seul Westen sait le faire. Les plans tombent à l'eau, laissant l'occasion à Michael de prendre le contrôle des évènements, sachant qu'il ne peut cette fois ci compter sur ses alliés habituels.
De ce point de vue, un épisode intéressant, offrant l'occasion d'un duel épique, reprenant au passage le principe de l'excellent épisode 2.13 où Michael se retrouvait dans le rôle de l'otage. La confrontation de Westen avec son "père" symbolique apportera une bonne dose de divertissement, mais va malheureusement s'avérer bien plus décevante que prévu en ne créant pas de liens entre la violence du vrai père de Michael et celle du personnage de Michael Weiss.
Un casting impeccable
Même si la mission de Michael occupe une place centrale dans le récit, les autres personnages vont bénéficier de quelques scènes intéressantes qui vont les mettre parfaitement en valeur. Madeline va se montrer une excellente allié pour Michael, gérant parfaitement le problème des otages qui vont ainsi éviter d'alourdir le récit. Jesse va hériter d'une scène très amusante permettant à Coby Bell de nous faire un numéro réjouissant en se faisant passer pour un agent du FBI très autoritaire.
Fiona et Sam vont partir à la recherche d'un informaticien pour étudier l'ordinateur partiellement détruit de l'homme derrière l'assassinat de Max. Plutôt sympathique, cette courte histoire amène quelques moments de comédie plutôt réussis grâce au style inimitable du duo et leur capacité à faire preuve d'un culot assez remarquable. Par contre, les scénaristes vont proposer une ellipse massive désagréable qui va avoir comme effet de nous tenir à l'écart d'une storyline pourtant assez intéressante.
L'abandon n'est pas une solution
L'épisode avait donc pour produire du bon Burn Notice, voire même du très bon grâce à l'opposition entre les deux vedettes, mais le problème va venir de la nature même du script. En optant pour l'improvisation, en opposition avec la structure hyper-formaté et terriblement efficace de The Pretender, la série se retrouve face à une difficulté que Le Caméléon parvenait toujours à éviter, à savoir la nécessité de trouver l'idée qui va permettre de sortir Michael de ses ennuis. Si le principe consistant à créer un ennemi invisible fonctionne plutôt bien, elle joue un peu trop sur la naïveté des vilains qui finissent à force de répétition par passer pour des idiots.
A force d'improvisation, le scénario s'épuise, hésitant à plusieurs reprises de faire capoter le plan de Michael pour donner une envergure à l'épisode qui ne viendra pas. Loin d'obtenir la confrontation rêvée, les scénaristes peinent à trouver une conclusion correcte à cette histoire et finisse par baisser les bras lors d'un final particulièrement ridicule. Un aveu d'impuissance des auteurs qui ont échoué à produire un épisode de haute volée, en manque d'inspiration tout comme leur héros, contraint à passer en force en offrant une conclusion décevante.
Pour paraphraser Michael T. Weiss dans cet épisode : " You got to be kidding me" serait la phrase qui m'est venue à l'esprit en voyant le superbe gâchis de ce scénario qui aurait dû être grandiose.
L'espionnage est une affaire de contexte
Durant ces vacances, Burn Notice marquait un virage important en faisant réintégrer Michael au sein de la CIA, offrant l'occasion de développer de vraies histoires d'espionnage et de s'éloigner lentement de Miami et d'un concept de moins en moins efficace. Seulement, pour créer une histoire d'espionnage, il faut avant tout prendre en considération le monde extérieur et donner une dimension géopolitique à son intrigue, celle-ci définissant la tonalité de votre série. Les éléments politiques et géographiques sont une donnée indispensable à toute histoire d'espionnage, pouvant aller d'un sérieux remarquable avec The Ghost Writer de Polanski au côté plus exotique et léger des premiers James Bond.
Seulement, dans Burn Notice, cette notion de géopolitique n'existe tout simplement pas, les scénaristes se limitant dans le cas du meurtre de Max à chercher uniquement le coupable sans en donner les causes profondes. Dès lors, la partie espionnage souffre énormément de ce manque, se limitant à n'apporter qu'un divertissement passager dans un univers en train de s'effriter. Le virage de la série de francs-tireurs vers un show d'espionnage plus classique n'est en tout cas pas du tout gagné et l'épisode s'achève sur la conviction que le renouveau de la série est loin d'être acquis.
En conclusion, un épisode qui a tout pour plaire, du casting irréprochable à la direction artistique remarquable, mais rate totalement son objectif en faisant preuve d'un manque inquiétant de culot et de prise de risque. Le final approche et Max n'est plus qu'un fantôme sans importance, le show n'ayant pas réussi à donner le moindre contenu à l'ancien agent de la CIA. Il ne reste plus qu'à espérer que le final parvienne à redonner un peu d'intérêt à une mythologie faible qui met la série dans une position difficile.
J'aime :
- la présence de Michael T. Weiss toujours aussi charismatique
- la storyline de Fiona et Sam plutôt drôle
- la direction artistique impeccable
- l'idée de départ de la prise d'otages plutôt bonne ...
Je n'aime pas :
- ... qui va malheureusement s'effondrer dans un final pathétique
- un scénario mal structuré
- l'absence de background du meurtre de Max pour une mythologie vraiment décevante
Note : 12 / 20
Un bon démarrage, une excellente idée de casting laissait espérer le meilleur pour un épisode qui s'effondre, hélas, dans son dernier acte. Regrettable, tant la série avait ici l'occasion d'offrir plus qu'un simple divertissement. Sympathique malgré tout.