Pitch Caracas
Annie Walker est chargée d'approcher Diego Suarez, jeune étudiant en médecine, et de l'utiliser dans le but d'entrer en contact avec sa soeur Julia. La CIA désire l'utiliser pour en apprendre plus sur son petit ami Victor, un homme aux activités plus que douteuses.
Le danger du premier stand alone
Après deux épisodes de mise en place, Covert Affairs se risque enfin au grand saut, sans filet : produire une histoire indépendante de quarante minutes, totalement coupée de l'intrigue fil rouge de la série. Portée par une Piper Perabo toujours aussi convaincante, l'épisode va nous transporter en Amérique latine, prouvant sa capacité à franchir sans trop de difficultés les frontières. L'histoire, simple mais efficace, est menée tambour battant, avec pour seul objectif la production d'un épisode référence pour les auteurs, à la fois divertissant et doté du charme particulier des films d'espionnage des années 1980.
La mise en scène est soignée, surtout dans une scène automobile vraiment réussie qui n'est pas sans rappeler un passage de La main au collet d'Hitchcock (même si, d'accord, le contexte n'est pas comparable, c'est le principe qui est équivalent). Le montage bien pensé apporte au scénario un rythme trépidant, masquant le manque de réalisme d'une histoire un peu trop superficielle.
Mais c'est bien là le défi du stand alone : produire une histoire simple, avec suffisamment d'efficacité pour pouvoir masquer un manque de profondeur inhérent à ce type de programme.
Trois femmes pour une intrigue
Un point vraiment intéressant dans cet épisode, et particulier à Covert Affairs, concerne la place tenue par les personnages féminins au sein de l'intrigue. On note pas moins de trois personnages que l'on peut facilement étudier en parallèle :
- Annie Walker, l'héroïne du show, jeune espionne qui débute avec un filet de sécurité assez conséquent (deux espions qui l'aident dans ses déplacements) preuve que la série tente de faire preuve d'un minimum de réalisme. Annie s'appuie toujours sur Auggie pour prendre les décisions les plus graves, sans pour autant éviter des erreurs de débutantes. A travers le mélange de froideur et de tendresse dont elle fait preuve avec Diego, on sent qu'elle peine à séparer ses sentiments de son travail.
- Julia Suarez (Lana Parilla, plutôt crédible) est la victime, celle qui croit encore naïvement en l'amour de Victor. Personnage au fort caractère, elle est aussi incapable de mettre la distance nécessaire entre son travail et son affection pour Victor. Cette absence de barrière fait d'elle une proie facile, mais lui donne une totale liberté d'agir comme elle le désire.
- Joan Campbell (Kari Matchett impeccable) incarne quant à elle une femme qui a appris à compartimenter, assumant séparement vie professionnelle et sentimentale. Elle possède la rigueur et l'intelligence nécessaires pour accomplir les choix les plus stratégiques, sans avoir pour autant la liberté de faire tout ce qu'elle désire.
Trois portraits vraiment intéressants, et une manière pour les auteurs de nous prouver que les personnages font l'objet d'un soin tout à fait particulier. Loin de céder aux sirènes du spectaculaire, Covert Affairs se crée lentement une identité bien à elle, préférant l'élément humain à l'artifice du gadget.
Episode satisfaisant, mais pas encore parfait
Si l'on ne peut que se féliciter de la construction et de la réalisation, la conclusion finale de l'épisode s'avèrera bien plus discutable, comme une pièce rajoutée au dernier moment pour fournir un climax peu satisfaisant. Ce petit moment gâche un épisode plutôt malin, en voulant à tout prix sauver un personnage qui ne pouvait décemment pas l'être. Difficile de savoir si Julia aurait du mourir ou pas, mais cette ultime séquence, clairement bâclée, laisse un sale goût dans la bouche. Covert Affairs est une série qui possède le potentiel pour produire de très bons épisodes, mais n'a pas encore le cran de faire des choix plus sombres. Un peu comme son héroïne d'ailleurs.
Mais il serait injuste d'oublier les trente-cinq minutes bien réussies, preuve s'il en est la série possède de l'ambition, ainsi que la capacité de fournir un divertissement intelligent de bonne qualité.
J'ai aimé :
- un épisode bien rythmé
- le duo Annie - Auggie toujours aussi efficace
- trois portraits de femme bien construits
- une réalisation vraiment soignée dans la forme
- un décor bien choisi
Je n'aime pas :
- une scène finale ratée
- le récit trop superficiel dans le fond
Note : 14 / 20