Pitch chute du Niagara
Mise à l'écart des opérations de la CIA durant un certain temps, Annie Walker est embarquée de force par sa soeur Danielle aux chutes du Niagara. Walker profite de ses vacances avant qu'un représentant iranien en fuite n'appelle la CIA. Son but : gagner son billet d'entrée aux USA contre certaines informations sur le programme nucléaire de son pays.
Une partie comique très réussie
Après avoir tenté avec peu de réussite de bâtir une histoire plus ambitieuse et plus sombre, Covert Affairs revient à ce qu'elle fait le mieux : du divertissement dépaysant, au bord des chutes du Niagara. Parfait dans son rôle de délégué iranien totalement à l'ouest, Mousa Kraish est épatant de naturel, incarnant un personnage invraisemblable pas du tout à sa place dans une histoire d'espionnage. Loin de partir dans des considérations politiques qui ne leur réussissent pas, les créateurs de Covert Affairs jouent la carte de l'humour et trouve la distance adéquate pour ne pas sombrer dans le ridicule.
Le scénario joue à fond la carte du décalage, ce qui permet d'oublier un temps l'intrigue Ben Mercer et nous offre une récréation agréable dans une intrigue fil rouge à la dérive. L'escapade d'Annie permet à la série de s'expatrier, ce qui lui réussit toujours bien, et de donner plus d'espace à Anne Dudek qui bénéficie d'un peu plus d'exposition que d'habitude. Sa scène avec Rahimi est sur ce point assez réussie, car elle permet de proposer quelques minutes de dépaysement plutôt bienvenues. Pendant quelques instants, Covert Affairs cherche à retrouver l'enthousiasme des premiers épisodes et y parvient... A ma grande surprise.
La série s'offre même une scène finale assez spectaculaire et ambitieuse qui va, hélas, pâtir d'une réalisation pataude qui se cherche encore. L'ensemble ne relève pas du chef d'oeuvre, mais s'avère assez sympathique à suivre, dans la parfaite lignée des séries de la chaîne USA Network. Moins sombre que dans l'épisode précédent, Piper Perabo s'avère plus à l'aise dans un registre plus léger, tout comme les auteurs, qui m'ont offert avec la scène de la thérapie de couple quelques bonnes secondes de fou rire.
Certes, tout ceci n'est pas très ambitieux, mais la série s'affirme beaucoup plus dans ce type de registre que dans celui du complot ou du drame. On regrettera que les nombreux flashs concernant Ben Mercer viennent ralentir l'intrigue, en essayant d'épaissir une mythologie toujours aussi famélique.
Une partie sentimentale balourde
Pour conserver la mythologie vivante, le réalisateur Vincent Misiano intègre de petites plages de flashbacks portant sur l'amourette entre Ben Mercer et Annie Walker. Bien que mieux construites que les flashbacks du pilote, ces séquences sont si déconnectées du reste du récit qu'elles laissent l'impression désagréable de ne servir qu'à redistribuer les cartes à toute vitesse en vue du final à venir. Trop mièvres pour être efficace, ces séquences auraient eu plus d'utilité lors de l'épisode précédent, tant elles coupent fréquemment l'intrigue sans l'enrichir le moins du monde.
Je tiens d'ailleurs à m'insurger contre l'abus de CGI hideux lors de la scène de la plongée de Ben Mercer ou celle où il rejoint Jai. Non seulement leur présence ne se justifie pas vraiment, mais la découverte de la présence du fils Wilcox au Sri Lanka est trop parachutée, tant et si bien qu'il semble impossible de pouvoir y croire sincèrement. Encore une fois, l'histoire avec Ben Mercer est clairement le handicap principal d'une série qui s'est construite sur une base de départ très peu inspirée.
Une mythologie qui peine à s'installer
Plombés par une histoire d'amour qui ne mène à rien, les auteurs choisissent avec sagesse de réorienter l'intrigue sur la fuite au sein de l'agence et la position délicate d'Auggie par rapport à Liza. Sa discussion avec Peter Gallagher apporte une intensité qui manquait cruellement au show, et oriente la fin de saison vers la recherche d'une taupe visiblement bien installée au sein de l'agence.
Comme tout le monde s'en aperçoit vite, il s'agit avant tout de finir cette saison tout en préparant une refonte de la mythologie du show. Il est agréable de voir l'équipe créative s'apercevoir de son erreur plutôt que d'insister bêtement dans une direction totalement stérile. Les ficelles sont grosses, mais s'avèrent être un mal nécessaire pour sortir de l'impasse dans laquelle le show avait fini par se mettre. On regrettera quand même que l'intrigue entre Auggie et Liza soit si vite expédiée, tant un traitement mieux réparti sur la saison aurait permis de donner plus d'épaisseur à cette storyline.
Le syndrome USA Network
Pour ceux qui l'ignorent, USA Network est une chaîne américaine spécialisée dans les séries estivales comme Burn Notice, Royal Pains... et Covert Affairs évidemment. Défenseur du slogan "Characters welcome", cette chaîne s'est faite une spécialité de produire tout un ensemble de séries centrées avant tout sur des personnages forts. Covert Affairs ne déroge pas à cette règle, l'être humain figurant comme l'élément central de la série au travers du personnage d'Annie Walker.
Seulement cette année, on voit apparaître une maladie qui semble gangréner la plupart des séries estampillées USA Network, soit une fâcheuse tendance à produire des mythologies désastreuses (exception faite de Burn Notice). Très axée divertissement, la chaîne se montre de moins en moins ambitieuse concernant les intrigues fils rouges et le développement de leur série. Si la palme de la mythologie ratée revient facilement cette année à White Collar, Covert Affairs semble aussi incapable d'échapper à cette épidémie.
Avant de regarder le double épisode final, un constat particulièrement triste s'impose : la série n'a pas de mythologie valable et ne sera jamais qu'un divertissement correct, voire sympathique qui sait tirer profit de sa situation géographique. Et rien de plus, pour l'instant.
J'aime :
- un ton léger assez réjouissant
- un duo Piper Perabo - Mousa Kraich très bon
- une série qui s'expatrie très bien
Je n'aime pas :
- des flashbacks lourds bourrés d'effets spéciaux mal fichus
- une mythologie qui rame
- des scènes d'actions finales décevantes
Note : 12 / 20
Après un épisode mythologique totalement raté, Covert Affairs propose un divertissement léger plutôt réussi, profitant parfaitement d'un décor superbe. Essayant de se remettre sur les bons rails, le scénario ne fait pas dans la dentelle, expédiant certaines sous-intrigues de manière particulièrement brutale.