Critique : Covert Affairs 2.01

Le 20 juin 2011 à 07:33  |  ~ 6 minutes de lecture
Un épisode de reprise plutôt agréable, posant les bases d'une mythologie ambitieuse au détriment d'une mission du jour assez pauvre. Au programme, le retour d'Annie et Ben au sein de l'Agence, entre lutte de pouvoirs et sauvetage d'un atout.
Par sephja

Critique : Covert Affairs 2.01

~ 6 minutes de lecture
Un épisode de reprise plutôt agréable, posant les bases d'une mythologie ambitieuse au détriment d'une mission du jour assez pauvre. Au programme, le retour d'Annie et Ben au sein de l'Agence, entre lutte de pouvoirs et sauvetage d'un atout.
Par sephja

Pitch Tenniswomen

Alors qu'Annie est au chevet de Ben Mercer, deux assassins surgissent pour les abattre et les forcent à revenir à Langley. Aussitôt de retour, Annie va devoir enquêter sur les agissements d'un homme d'affaire russe en prenant contact avec Anna Levani, une jeune joueuse de tennis qui dit ne rien savoir, mais semble contrainte dans ses agissements. Au même moment, Ben Mercer disparaît de nouveau. 

 

Un nouveau départ

Pour cette seconde saison, Covert Affairs revient avec un épisode très dynamique et une écriture enthousiaste, mais pour un résultat pas totalement convaincant. Il a pourtant le mérite d'essayer de proposer un background plus riche que d'habitude. Moins gamine, Annie Walker semble plus décidée, imposant son opinion contre l'avis de sa hiérarchie sans pour autant agir en solo comme elle avait la mauvaise habitude de la faire. L'héroïne a gagné en maturité et sa relation avec Ben Mercer s'en ressent, même si les deux espions vont vite découvrir que la CIA n'est pas le lieu idéal pour les romances.

Les scènes d'action, l'esthétique sont parfaitement dans la continuité de la saison un, preuve que Covert Affairs veut imposer un visuel qui soit sa marque de fabrique. L'ambition est clairement à la hausse, comme va le prouver les nombreuses storylines lancées dans ce seul épisode, obligeant les auteurs à ne pas perdre de temps. Très dynamique, l'épisode est agréable, mais reste trop superficiel, avec une histoire de joueuse de tennis conçue pour faire du remplissage et prouver la maîtrise technique de de l'Australienne Kate Woods à la réalisation.

L'utilisation plus fréquente d'Auggie en voix off permet d'apporter une lecture différente sur certaines scènes, donnant les clés pour comprendre et voir les signaux que seuls les espions connaissent. Plus dynamique et réaliste, la série semble se placer sur les bons rails pour produire une saison supérieure à la première, profitant toujours d'un duo Annie-Auggie égal à lui-même. Malgré sa nouvelle assurance, Annie commet encore des erreurs de débutante et ne doit son salut qu'à cette chance insolente dont les débutants disposent toujours. Mais celle-ci pourrait bien finir par tourner.

Un prolongement dans la continuité, mais avec une nouvelle ambition pour une seconde saison qui s'annonce plus ambitieuse. 


Une mythologie bien mieux développée

Malgré ses qualités, cet épisode paraît vite assez artificiel, la faute à un scénario qui doit se charger avant tout de présenter les nouveaux rapports de force à l'Agence. Beaucoup de choses ont changé et un petit résumé s'impose : 

  •  Arthur Campbell qui réembauche Ben Mercer pour lui servir d'atout en agent opérant "sous le radar"
  •  Auggie qui cherche les raisons de la tentative d'assassinat d'Annie et Ben. 
  •  Jai Wilcox de plus en plus isolé par le couple Campbell 
  •  la tentative de cambriolage chez la soeur d'Annie 

 

En résumé, l'année passée et sa mythologie famélique semblent bien loin, même si l'absence de Georges Itzin se fait remarquer et constitue mon principal regret sur cet épisode. Plus intéressante, la situation au sein de la CIA occupe une place importante dans l'épisode sans jamais ennuyer une seule seconde, au contraire d'une mission du jour trop superficielle pour convaincre vraiment. Car si la première saison avait bénéficié d'une certaine clémence de la part du spectateur, les créateurs du show semblent avoir compris la nécessité de passer à la vitesse supérieure. 

De ce point de vue, la réalisation est aussi bien plus efficace, la scène sur le terrain de tennis étant étonnamment réaliste, comme un hommage un peu raté au "Strangers on a train" d'Hitchcock. Démonstration technique plus que vraie, intrigue palpitante, cette histoire permet avant tout de redonner une vision de la situation d'Annie au sein de l'Agence en redéfinissant les liens hiérarchiques entre chacun des personnages.

Une Agence plus crédible qui profite du travail de la fin de saison dernière pour s'enrichir d'une lutte de pouvoir prometteuse. Le statut particulier de Jai Wilcox au sein de l'Agence devrait fournir la base à une deuxième saison plus adulte et moins dispersée. 

 


La tentation d'Alias 

Dans les séries d'espionnage, il existe un sommet inaccessible, une référence ultime auquel tous les scénaristes doivent rêver en dormant : la saison deux d'Alias. Nul doute que les scénaristes de Covert Affairs ont l'espoir de produire quelque chose d'équivalent en lançant autant de sous-intrigues en un seul épisode. Forte de son statut de numéro un du câble, la série essaye de se donner les moyens nécessaires pour justifier son rang et atteindre une nouvelle dimension, en renforçant une mythologie jusqu'ici assez pauvre. Le rythme de l'épisode s'en ressent, plus rapide, plus efficace, débarrassé des maladresses qui affaiblissait la saison un. 

La tentation d'Alias consiste à vouloir construire une saison en forme d'entonnoir où des éléments d'apparence disparates finissent par se rejoindre au final pour ne plus former qu'un tout unique et mémorable. Seulement, si un tel désir est agréable à voir et mérite d'être salué, il risque aussi de causer une grande déception si les créateurs du show ne se montre pas à la hauteur de leur ambition. S'éloignant de plus en plus du simple divertissement, le show tente de construire une vraie continuité au sein de sa narration et donne de l'espoir, un objet fragile qu'il va falloir réussir à entretenir. 

Covert Affairs tente de sublimer son seul statut de divertissement en essayant de se donner un style plus adulte et plus sombre. Espérons que les épisodes suivants trouvent mieux l'équilibre entre mission et mythologie.


J'aime :

  •  une série qui a l'ambition d'être plus qu'un simple divertissement 
  •  certaines storylines prometteuses 
  •  l'utilisation d'Auggie en voix off troublante et immersive 
  •  Piper Perabo entre charme et conviction
  •  une maîtrise technique bien supérieure à la saison un

 

Je n'aime pas : 

  •  une mission famélique 
  •  un mauvais équilibre entre mission et mythologie
  •  un épisode qui peine à convaincre totalement

 

Note : 12 / 20 

Un épisode convenable qui s'occupe surtout de poser les prémisses d'une saison deux ambitieuse, produisant une mission plutôt pauvre qui ne sert qu'à prouver la maitrise technique du show. De l'espoir pour la suite, mais avec l'interdiction de décevoir. 

L'auteur

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