Pitch Auggie Anderson
En voyage à un festival de Jazz à Istanbul, Auggie fait la connaissance d'une hôtesse de l'air nommée Franka et réalise un enregistrement des différents concerts sur place. Seulement, dans l'un d'eux, il reconnaît la voix d'un homme qu'il avait pourchassé du temps de la guerre en Irak et qui est en partie responsable de sa cécité. Aussitôt, il demande à Annie à Langley de chercher à en découvrir plus sur cet homme qu'il pensait mort.
Un épisode d'inversion
Après avoir beaucoup déçu ces dernières semaines, Covert Affairs nous propose un pitch alléchant avec cet épisode centré sur Auggie Anderson qui va retrouver un instant les plaisirs du terrain, laissant Annie à Langley s'occuper de la récupération d'information. En inversant son concept et en choisissant le décor superbe de la Turquie, la série avait l'occasion parfaite de fournir un épisode de qualité, mais qui va malheureusement rater totalement son objectif. Seulement, avant de détailler sur les motifs de l'échec de cet épisode, commençons par parler des bonnes choses car tout n'est pas à jeter.
Christopher Gorham est par exemple très bon et son duo avec son hôtesse de l'air jouée par Rebecca Mader (Lost) fonctionne assez bien. Le parallèle avec la mission en Irak est plutôt intéressant, révélant une partie de la vie d'Auggie qui aurait du être particulièrement captivante. La réalisation propose une reconstitution assez crédible, avec un certain soin de la mise en scène dans son premier acte, les images tournés en Turquie évitant le piège de la carte postale ou des incrustations.
Seulement, le scénario va se perdre une série de mauvaises idées, alignant les clichés pour aboutir à un final risible, ce qui fait mal au coeur vu les efforts de Christopher Gorham et la direction artistique pour assurer un divertissement efficace.
Un scénario aberrant
Pour cet épisode centré sur Auggie Anderson, les auteurs devait faire face à une difficulté de taille : la cécité du héros qui ne lui permet pas une grande liberté d'action sans entraîner un vrai soucis de crédibilité. En l'associant avec une simple hôtesse de l'air que les scénaristes utilisent comme un vulgaire couteau suisse, la série montre les signes d'un manque de sérieux et de travail qui va aller croissant. Rebecca Mader aurait mérité bien plus que n'être qu'une simple hôtesse de l'air et le fait que leur rencontre ne soit que le fruit du hasard donne à toute cette histoire un caractère circonstanciel très déplaisant.
Dans les séquences en Irak, les scénaristes multiplient les clichés, piochant à droite à gauche, donnant lieu à une série de saynètes horriblement kitsch et sans grand intérêt. Sans aucun background, cette mission s'encombre d'une séquence de football inintéressante et d'une histoire de bombe inutile pour combler un manque d'idée flagrant. Abandonnant définitivement l'histoire d'espionnage, malgré un début intrigant rappelant le "Blow Out" de Brian De Palma, la série verse dans le film de vengeance le plus crétin, avec gentil soldat américain contre méchant terroriste étranger.
Dès lors, le script s'enfonce dans le ridicule, la scénariste Julia Ruchman ne maitrisant aucun des aspects de son scénario incroyablement passable. Gâcher ainsi une histoire avec un tel potentiel et proposer une intrigue à ce point contre nature prouve que, cette année, Covert Affairs est tranquillement en train de toucher le fond.
Aux portes de la catastrophe
Série d'espionnage sympathique, Covert Affairs m'a toujours plu car elle piochait ses références dans les romans d'espionnage classique et les films hitchcockiens où le héros n'est jamais en position de force. Ici, les influences ont changé pour celle du nanar d'action ridicule et le scénario verse vite dans la facilité en enchaînant les situations sans le moindre soucis de cohérence. Sans mythologie et avec une image de plus en plus égratignée par des épisodes médiocres, les scénaristes de Covert Affairs creuse lentement un trou dont la série risque de ne jamais pouvoir remonter.
D'un naturel patient, j'attends le prochain épisode et le retour (enfin !) de Georges Itzin pour condamner définitivement cette série dont les scénarios marquent de plus en plus un flagrant mépris pour leur audience. Loin du final de la saison un, cette seconde saison aura renoué avec les défauts de la première sans donner l'apparence de vouloir construire quoi que ce soit. Le pire épisode de la série sans le moindre doute, malgré un début troublant et séduisant, preuve d'un désintérêt des auteurs pour leurs personnages et leurs univers particulièrement agaçant.
J'aime :
- le commencement qui fait écho au très bon Blow Out (et au chef d'oeuvre Blow Up d'Antonioni)
- Christopher Gorham plutôt bon
- la réalisation assez séduisante
Je n'aime pas :
- un scénario idiot
- des clichés insupportables qui masque un manque de travail flagrant
- des dialogues très moyens
- un final totalement stupide
Note : 07 / 20
Episode totalement raté, la faute à une équipe de scénaristes fainéants qui a pondu un ersatz de script sans idées directrices, gâchant ce qui aurait du être un épisode important. De plus en plus fumiste, l'équipe créative de Covert Affairs donne de plus en plus l'impression de ne plus croire du tout en leur série. L'épisode de la semaine prochaine s'avèrera décisif pour voir si je poursuis l'aventure avec Annie Walker ou pas.