Pitch mensonges et conséquences

Un agent de la CIA est retrouvé mort sur le sol américain, créant une vive émotion au sein de l'agence et de ses dirigeants, qui vont vouer toute leur énergie à trouver les responsables. Annie Walker va se retrouver en première ligne, la victime s'avérant être un de ces anciens professeurs en langues, Mark Ramsay. En tant qu'amie de la famille, elle va devoir annoncer à sa femme que son mari était un ancien agent de la CIA afin de pouvoir récupérer tous ses biens personnels pour espérer découvrir les responsables. 

Le poids d'un mensonge 

Retour en grâce pour Covert Affairs avec un épisode assez intéressant qui renoue avec la veine la plus subtile du show, sans pour autant éviter des scènes spectaculaires particulièrement maladroites. La mission donnée à Annie va s'avérer particulièrement difficile, l'obligeant à révéler à la veuve de son mentor la vérité sur son mari et son activité au sein de l'Agence. D'un ton réaliste, plutôt juste, la série peut compter sur un duo d'excellentes comédiennes qui vont donner une vraie crédibilité à cette histoire où la trahison conjugale et le patriotisme du mari se mélangent pour créer la confusion. 

Si l'historique du couple possède tout de la parfaite histoire d'espionnage voire de contre-espionnage, Covert Affairs refuse de s'égarer dans des fausses pistes stériles et joue avant tout la carte de l'émotion. Comme l'histoire d'espionnage est assez moyenne, le show prouve qu'il est encore capable de surprendre en misant sur une approche plus intimiste, même si la conclusion se révèlera bien plus pauvre en terme d'émotion. Annie découvre combien le mensonge d'un espion peut être aussi lu comme un signe de lâcheté, rendant le travail de deuil de ses proches encore plus compliqué. 

La dualité de la condition du métier d'espion parfaitement exposée dans un épisode me réconcilie un peu avec la série, confirmant que Covert Affairs gagne plus à faire preuve de subtilité qu'à jouer la carte de l'action brute. Une intrigue peut être pas particulièrement brillante mais forte d'une idée très intéressante et particulièrement bien exposée. 

Le prix de la vérité 

Pour Annie Walker, ses mensonges envers sa soeur deviennent de plus en plus pénibles, tant elle ne supporte plus de voir Danielle souffrir de ne pouvoir comprendre ses réactions. Au bout de deux saisons, la série explore enfin le potentiel d'une intrigue familiale morose, donnant une vraie place au sein de l'intrigue à Anne Dudek. Les scénaristes se décident enfin à modifier les règles du show, avant de s'enfoncer définitivement dans le plus parfait ridicule avec cette part de son intrigue. Covert Affairs tente d'évoluer au bon moment et dans le bon sens, alors que je m'apprêtais à faire une croix définitive sur un show de moins en moins inspiré. 

Annie connaît le prix de la vérité depuis son aventure avec Ben Mercer et connaît la douleur qu'engendre le mensonge depuis le départ inexpliqué de son amant dans la première saison. Connaître la vérité n'a pas arrangé sa situation, mais lui a permis de se libérer du poids sur sa conscience. Cette évolution et ce besoin de dire la vérité justifie le choix de délaisser la part vouée à la recherche des coupables pour mieux se recentrer sur Annie et son évolution en tant qu'espionne.

A la différence d'Alias où le mensonge était le prix à payer pour pouvoir rester en vie, Covert Affairs considère la vérité comme un bien inestimable, tant le patriotisme d'Annie ne peut plus s'accommoder des mensonges auprès de ses proches. Le prix de la vérité s'avère particulièrement cher, mais permet à Annie de ne pas tomber dans le piège de Ben Mercer, soldat fantomatique dont la vie se limite à n'être qu'un spectre totalement transparent. 

Jai Wilcox et le mensonge comme un jeu 

Même si son apparition se limite au strict minimum, sa courte scène permet de montrer une autre approche du mensonge pour un homme élevé dans un univers fondé sur la manipulation. Son activité en tant qu'espion est emplie de cynisme, celui d'un univers plus en accord avec les premiers films de James Bond, séducteur un rien crapule sachant arriver à ses fins. N'ayant jamais été une victime d'une trahison, Jai emprunte la même voie que Ben Mercer, perdant lentement toute notion d'humanité au profit d'un patriotisme qui ressemble plutôt à une célébration de sa propre vanité.

Loin des épisodes des semaines précédentes, Covert affairs recentrait l'intrigue sur le métier d'espion, laissant Annie faire son choix entre vérité et mensonges. En gardant sa soeur à distance, Annie souffrait d'être une espionne à temps plein, ne plaçant aucune barrière entre sa vie professionnelle et personnelle, toutes deux fondées sur le mensonge. En prenant le parti de la vérité dans sa vie privée, Annie découvre qu'elle est encore capable de se comporter en être humain et de voir la différence entre le bien et le juste. 

J'aime : 

•  une intrigue intelligente 
•  un casting impeccable 
•  le personnage de Anne Dudek qui prend enfin de l'importance 

Je n'aime pas : 

•  une conclusion assez terne 
•  une mythologie particulièrement floue 
•  un rythme pas totalement maîtrisé 

Note : 12/20 

Après s'être égaré sur des épisodes médiocres et peu inspirés, Covert Affairs revient à son point fort, à savoir l'être humain et son rapport complexe ici avec le mensonge. Un épisode assez touchant, qui laisse de côté l'orientation spectaculaire et idiote des épisodes précédents pour revenir à un ton intimiste beaucoup plus réussi. Touchant, sans être renversant.

L'auteur

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sephja