Critique : Doctor Who (2005) 7.14

Le 29 mai 2013 à 00:28  |  ~ 11 minutes de lecture
Clap de fin pour la saison 7 de Doctor Who avec un épisode absolument ébouriffant !
Par Koss

Critique : Doctor Who (2005) 7.14

~ 11 minutes de lecture
Clap de fin pour la saison 7 de Doctor Who avec un épisode absolument ébouriffant !
Par Koss

Attention ami lecteur, cette review contient d'énormes spoilers sur l'épisode. Alors si tu ne l'as pas vu, arrête la lecture tout de suite !

 

Doctor Who est vraiment à part dans l'univers des séries. Inspiré des pulps, le show peut quasiment se lire comme une anthologie SF (au même titre de la 4ème dimension). Ce type d'approche laisse donc une surprise totale au spectateur sur la qualité de ce qu'il va voir : on peut passer d'un très mauvais épisode comme la semaine dernière à un très bon épisode comme cette semaine. C'est la loterie de Doctor Who et c'est ce qui fait son charme. Cet ascenseur émotionnel fait en partie la qualité de cet épisode. C'est sans doute parce que Nightmare in Silver a été si mauvais que The Name of The Doctor en ressort grandit. Doctor Who fonctionne d'ailleurs beaucoup sur ce modèle. Des hauts, des bas et de l'émotion : Doctor Who, c'est comme la vie.

Pourtant, il y avait de quoi avoir très peur : Steven Moffat ne s'est absolument pas donné la peine de construire une intrigue dite « fil rouge ». Bref, il n'a pas fait son travail (le seul qu'on lui demandait) et Doctor Who n'a, cette année, que le nom de série. Alors qu'espérer de cet épisode de 44 minutes Moffat va tenter de donner de la logique à son univers qui en a de moins en moins ? De The Wedding of River Song à Let's Kill Hitler, l'écossais nous a déjà démontré sa prodigieuse capacité à multiplier les rideaux de fumée pour finalement botter en touche. Et ici, c'est ce qu'il fait. Enfin, pas tout à fait. Revue d'exercice.

 

 

Clara sauve le Docteur

 

Clara : The Possible Girl

 

À part Donna, je ne porte pas spécialement les compagnes dans mon cœur. Après avoir eu la midinette transit (Rose), le potentiel non-exploité (Martha Jones) et la bonne idée gâchée (Amy), cette année, c’est la compagne-vide qu’on nous sert. Je n’ai rien contre Jenna-Louise Coleman qui est plutôt bonne actrice. Non, c’est plutôt contre son personnage que j’ai des reproches à faire. Treize épisodes qu’elle est apparue et je ne sais rien de Clara Oswin Oswald. Alors oui, elle obéit au Docteur (Cold War), n’est pas aimée du Tardis (The Crimson Horror), garde des enfants (Nightmare in Silver), a une gentille maman (The Ring Of Akhaten) et aime bien les soufflés. Pour tout le reste : néant. Quelles sont ses espérances ? De quoi a-t-elle vraiment peur ? Quels sont ses défauts/qualités ? De tout cela, on est saura rien. Elle est juste « The Impossible Girl ».

Lorsqu’on regarde le processus de création de cette saison 7, on trouve tout de suite une explication logique à cette jolie boite vide. Il se trouve que Steven Moffat n’a absolument pas communiqué à ses scénaristes la façon dont il percevait Clara. Il leur a juste envoyé deux-trois notes sur « comment Clara s’exprimait » et c’est tout. Comment construire alors un personnage dont on ne sait rien ? La solution est toute simple et évidente : on en fait une fille normale qui réagit de façon normale lorsqu’elle est avec le Docteur. On en fait un clone du Docteur. Il n’est pas étonnant que l’épisode de cette saison où elle sonne le plus « juste », c’est The Ring Of Akhaten, premier épisode de Neil Cross, mais en réalité le 2nd tourné (après Hide). C’est pour cela que j’aime bien The Name of Doctor. Car non seulement Moffat donne une explication logique et très peu anticipable à son intrigue, mais il remet à zéro son personnage. Désormais libérée de toutes contraintes scénaristes lourdes et dotée d’un statut spécial (elle est la seule et unique compagne à avoir vu tous les Docteurs), Clara est tout à fait prête à devenir « The Possible Girl ».

 

Le Doctor face à ses ennemis

 

 

Doctor Who : The Possible Lost

 

Si on peut largement porté au crédit de l’écossais d’avoir bien géré l’intrigue de la compagne du Docteur, d’autres failles apparaissent bien vite. Soyons honnête : l’épisode regorge d’idée absolument géniale. Le pré-générique est un pur bonheur de fan. L’idée de la tombe du Docteur, du Tardis qui s’écoule vers l’extérieur et du « vrai corps » du Docteur montrent que Steven Moffat possède plus de très bonnes idées que 90% des autres scénaristes du show.  Sur ce point l’épisode est un délice. On passe par tous les stades émotionnels, scotché que l’on est devant notre écran. Néanmoins – et forcement – à tête reposée, le bât blesse. J’ai longtemps cru qu’à défaut d’harmoniser les épisodes sous sa production, Steven Moffat maitrisait les fils de sa propre intrigue. Cet épisode montre que l’exercice est de plus en plus périlleux. Listons ensemble les quelques anomalies contenues dans l’épisode :

 

  •  The Great Intelligence (et le dernier mot est important) qui se « suicide » sans vérifier que pas moins de quatre compagnons du Docteur sont tout à fait disposer à annuler son action derrière lui.
  •  Qui a construit la fausse tombe de River Song ?
  •  Pourquoi les Whisper Men poursuivent Clara et le Docteur alors qu’ils vont précisément toute pile à l’endroit où ils le souhaitent ?
  •  Que voulait exactement Mme Kovarian et les Moines sans têtes ?
  •  Qui était la voix qui répétait en saison 5 « Silence Wil Fall » en boucle ?
  •  Le Silence et Les Daleks sont-ils complément cons ? (lire le prochain paragraphe sur la musique de Benny Hill)

 

Pour cette dernière question, je crois qu’il est utile de reprendre le fil de l’histoire : le Docteur meurt donc à Trenzalore et laisse derrière lui une tombe. The Great Intelligence qui veut se venger - car le Docteur lui a déjà, et par deux fois, foutu une raclée - cherche à accéder à cette tombe (protégée par un mot de passe : le vrai nom du Docteur) pour corrompre la ligne temporelle du Docteur. Sauf que si le Docteur meurt, l’univers disparait. De là, nait une prophétie : « Si le nom du Docteur est prononcé, alors l’univers disparait ». Cette prophétie se répand (comment ?) dans l’univers. Le Silence est un ordre créé pour empêcher cela et qui fédère plusieurs groupes dont des humains, des moines sans têtes (pourquoi pas après tout) et Mme Kovarian (qui passait par là et qui s’ennuyait).

Comme le Docteur est le seul à connaitre son nom, le Silence cherche par tous les moyens à l’abattre. Ils s’emparent donc du Tardis (comment ?) ce qui provoquent la fin de l’univers. Donc oui, les Silences sont super cons. Du coup, les autres ennemis traditionnels (Daleks, Cybermen, Sontariens, etc) sont très jaloux et pour empêcher cette seconde destruction de l’univers, décident de s’unirent et d’enfermer le Docteur. Du coup, cela efface l’univers. Donc oui, les autres ennemis du Docteur sont aussi complètement cons. Cela ne m’étonne pas que le Docteur gagne toujours à la fin maintenant…

J’avoue qu’il m’est assez difficile de relire ce paragraphe sans sourire tout du long. Alors oui, le scénario déployé par Steven Moffat depuis trois saisons se tient, si on ne s’attarde pas sur les détails. Rien que dans mon résumé, on peut compter trois interrogations qui ne risquent jamais de trouver de réponse (peu probable qu’on revoit l’Ordre du Silence dans le show). Dans un jeu de rôle lorsqu’il devient compliqué de fournir une explication rationnelle, on utilise alors une phrase qui résout tous les problèmes : « Ta gueule, c’est magique ! ». Doctor Who, c’est devenu cela. On est condamné à accepter tous les gros Deux Ex Machina qu’on nous sort pour apprécier l’émotion. Comme je le craignais depuis la fin de la saison cinq, Doctor Who se Lost-ise doucement et on revient à écrire des longs paragraphes indigestes pour expliquer ce qui se passe devant l’écran. Embêtant.

Je ne pense pas non plus que Steven Moffat répondra à ces questions lors de sa dernière saison sur la série. Car oui, l’écossais a encore laissé pleins d’autres interrogations en suspens : de l’allusion de River sur le lien entre elle et Clara aux ennemis que le Docteur combat à Trenzalore en passant par l’identité de John Hurt, de gros morceaux de scénario restent encore à éclaircir.

 

John Hurt is the 9th Doctor ?

 

 

John Hurt : The Possible Doctor

 

La fin de l’épisode est effectivement assez stupéfiante. Et il fallait vraiment avoir trainé du côté des rumeurs des forums anglais pour l’avoir vu venir. De nombreuses théories sont possibles et abondement débattues un peu partout sur l’Internet. La plus intéressante serait que John Hurt est un Docteur mort dans la Guerre du Temps et « oublié » volontairement par le Docteur numéro 9. À mon humble avis, la chose la plus probante qui accrédite cette théorie, c’est Steven Moffat lui-même. Depuis qu’il a repris la série, The Moff semble vouloir marquer de toute son empreinte l’Histoire de la série. Non content de refuser de partager le personnage de River Song dont il boucle toute l’intrigue seul, il montre à la fois et dans cet épisode, le début de l’aventure de la série classique  (le moment le 1er Docteur vole le Tardis), mais aussi sa fin possible (la bataille de Trenzalore). Alors franchement, revenir sur ce qui est le point de départ de la série en 2005 (la Guerre du Temps), je ne pense pas que cela lui fasse peur. Je plains vraiment le prochain showrunner qui devra passer après l’écossais qui ne lui laisse – pour l’instant - que des miettes. Après Moffat, le déluge.

 

 

The Name of Doctor conclue de la meilleure façon une saison en dessous de tout. Il reste très exactement une quinzaine d’épisodes à Steven Moffat pour boucler son histoire d’amour avec Doctor Who. En fait, je ne demande que deux choses : que l’écossais continue de nous écrire des histoires captivantes et touchantes et surtout qu’il consente enfin à déléguer son pouvoir à ceux qui l’entoure. Car au fond, c’est cela qui ressort de l’histoire de la série depuis le début : Doctor Who, c’est un travail d’équipe. Steven Moffat, avant l’épisode des cinquante ans de la série, ferait peut-être bien de s’en rappeler.

 

J’ai aimé :

  • Les minutes pré-générique, rêve absolu de fan
  • River Song. En 10 secondes montre en main, on passe de l’émotion la plus pure (merci Alex Kingston) au rire le plus joyeux. Goodbye Sweetie !
  • John Hurt is The Doctor.
  • Jenny, Strax et Madame Vastra need a spin-off !

 

Je n’ai pas aimé :

  • Les Whisper Men, encore des ennemis en carton.
  • Des facilités scénaristes abondantes qui remettent en cause le talent de Steven Moffat à maitriser son histoire sur la longueur.
  • Un aspect « tourné dans un studio de la banlieue nord de Londres » assez dérangeant.

 

Ma note : 18/20.

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