La saison 5 de Dr Who avait laissé de nombreuses choses en suspend (le silence, River Song) et s’imprégnait de plus en plus d’une logique feuilletonnante. La décision de Steven Moffat de diffuser une saison 6 séparée en deux dans le but de faire des épisodes de meilleures qualités et d’introduire un cliff de mi-saison ne fait que confirmer cette logique. Ce season premiere ne laisse en effet aucun doute : Doctor Who est en train de changer, mais c’est vraiment du bon, du très bon, du très très bon changement.
Ahhh, ils sont loin les temps de la saison 1 où la réalisation se résumait uniquement à pointer les acteurs d’une caméra, où les effets étaient kitch au possible et où la psychologie des personnages n’était que vaguement suivie d’un épisode à l’autre. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, j’aime cette saison 1 parce qu’elle est fun et remplie de bonnes idées. Mais alors là… Cette année on est quand même passé à autre chose.
Cet épisode commence sur les chapeaux de roue, avec le Docteur qui fait le foufou un peu n’importe où et n’importe quand pour attirer l’attention d’Amy et de Rory. Ces derniers reçoivent un jour une lettre bleue Tardis qui leur indique des coordonnées de rencontre… Au milieu de nulle part. Là, c’est le grand rassemblement, car apparemment même River Song a été invité.
Attention, à partir de là, ça va spoiler sévère, et je vous préviens, il y a de quoi spoiler. Donc continuez à lire seulement si vous avez vu l’épisode, si vous vous en foutez, ou si vous êtes complètement stupide.
Amy, Rory et River sont donc invités à pique niquer par ce cher Docteur… Mais celui-ci se fait tuer sous leurs yeux par un astronaute. Scène coup de poing. L’ambiance jusqu’alors joviale se fait lourde. Qui aurait pu se douter qu’une chose d’une telle ampleur arriverait si tôt, dans un season première ? A partir de là, le scénario va prendre une densité telle qu’on va se poser des tonnes de questions, tout en prenant carrément son pied. A la fin de l’épisode, on n’a plus aucun doute : c’était bien Moffat aux commandes. Entourloupes temporelles, ambiance angoissante, monstres flippants et originaux, tout est là pour faire un épisode d’anthologie comme seul Big M peut les faire.
Sauf qu’en plus la structure du récit est subtilement changée et n’a plus rien à voir avec les épisodes des autres saisons. Si auparavant un monstre arrivait et déclarait vouloir détruire la terre ou tuer le Docteur, on savait d’office que ça allait être réglé à la fin de l’épisode. Si le Docteur faisait une petite allusion à son côté sombre, il ne faisait aucun doute que la chose allait être éclipsée à l’épisode suivant. Maintenant c’est fini, plus d’astuces de la sorte. L’épisode est écrit de telle manière qu’on sait que la moindre chose aura une conséquence et sera déterminante pour la suite, ce qui stimule notre implication, je dois dire.
Résultat, les personnages sont cent fois plus creusés. Dans la saison 5 on a vu le Docteur s’entourer de plus en plus de personnes, et force est de constater que la dynamique de groupe est foutrement efficace. Que ce soit dans les moments comiques ou dans les moments dramatiques, c’est la première fois que les personnages sont aussi bien écrits. Ils ont vraiment une véritable consistance (on est loin de Mickey ou de Martha), et, forcément, ça devient tout de suite plus noir.
Le Docteur n’a jamais été aussi nuancé, il arrête définitivement de vanner à tour de bras pour masquer ses faiblesses et commence à parler ouvertement. River Song ne se cache plus derrière un voile de mystère, elle se confie même à Rory qui n’est d’ailleurs plus du tout confiné au rôle de boulet de service. Amy reste Amy, mais elle sait pleurer, pour sûr. Cela peut donner lieu à des scènes lourdes et tendues comme celle dans le Tardis, où le Docteur hésite à aller au point de rendez-vous et où il dit clairement qu’il ne fait pas confiance à River, mais aussi des scènes hilarantes comme… ben, beaucoup de scènes. On voit d’ailleurs que les acteurs sont beaucoup plus à l’aise dans leur rôle qu’auparavant, et cela se ressent fortement.
Tiens, en fait en parlant des acteurs, on peut voir l’apparition du mec qui joue l’avocat aveugle dans BSG. Il m’insupportait dans Battlestar, mais là il est plutôt charismatique je dois dire et assez bien introduit.
L’idée de commencer par un épisode en deux parties apparaît forcément logique, si Moffat veut habituer le téléspectateur à suivre sa série comme un feuilleton dans lequel les personnages évoluent et où les situations ne sont pas « rebootées » à chaque début d’épisode. Cette saison 6 sera donc celle de tous les changements, et ce n’est franchement pas un mal, surtout quand on voit le talent incroyable de Steven Moffat pour tisser des intrigues et poser des personnages, cela sublimé par une réalisation impeccable et des effets spéciaux de plus en plus réussis.
En espérant que ça continue dans ce sens là, je tire mon chapeau à l’une des séries qui est certainement en train de devenir l’un des meilleurs divertissements télévisuels actuel.
J'ai aimé :
- La photo, de plus en plus belle.
- L'alchimie du groupe.
- Le scénario, on ne peut plus Moffatien.
Je n'ai pas aimé :
- Euh...
- .. Ahem.
15/20