Pitch générosité
Carter Lang est un ancien patron voyou qui a laissé de nombreux petits porteurs sur la touche en liquidant ses actions juste avant que celles-ci ne dégringolent. Il se présente dans les bureaux de Franklin and Bash pour annoncer, son médecin ne lui laissant que deux mois à vivre, qu'il désire se racheter ses fautes en reversant une partie de son argent à ses victimes. Pendant ce temps, Damien Karp et Hanna tentent de gagner à leur cause Pindar pour parvenir à convaincre une cliente indienne de choisir le cabinet Infeld.
La finance et la morale
Confronté à un patron voyou (campé par le formidable Jason Alexander de Seinfeld), Franklin et Bash vont travailler ensemble et se poser des questions de morale, montrant les limites d'une série peu encline habituellement à ce type de considérations. Car leurs problèmes de conscience sonnent aussi faux que les remords de leur client et l'épisode s'avère incapable de donner la moindre crédibilité à ce repentir. La valse des hypocrites prend heureusement dans le second acte une tonalité comique assez bien inspirée, l'ancien Georges Costanza de Seinfeld jouant ici sur du velours.
Malgré tout, peu de choses sont à sauver hormis les numéros des deux compères au tribunal. L'absence de personnalisation des victimes amène un côté très artificiel à cette histoire. A force de jouer les playboy inconscients ou les adulescents immatures, les deux héros peinent à convaincre et se montrent même assez réactionnaires face au client du jour. Au final, la morale semble sauve mais subit le trait volontairement forcé et la charge contre Wall Street particulièrement désagréable, appuyant le cynisme d'une série de plus en plus méprisante.
Pris dans une impasse de héros immatures et cyniques, Franklin and Bash s'essouffle peu à peu, résistant encore grâce à quelques bonnes scènes sauvées par un casting de haut niveau particulièrement mal exploité. Un épisode cynique, méchant qui ne parvient pas à arracher un sourire, surtout que la seconde storyline en parallèle ne va faire qu'ajouter du vide à l'ennui.
Pindar et la storyline ethnique
Il était une fois, ami lecteurs courageux, l'histoire merveilleuse d'une équipe de scénaristes qui se dit qu'il faudrait vraiment intégrer leurs personnages préférés, Pindar, à l'intérieur de l'intrigue. Soit me dites-vous, il n' y a plus qu'à trouver une bonne excuse pour l'intégrer au scénario, quelque chose de dynamique, qui lui permette de justifier sa présence. Oui, mais voilà que les fées du scénario ont attribué au jeune personnage ce trait bien particulier : personne ne sait à quoi Pindar peut bien servir.
Ni drôle, ni vraiment intelligent, Pindar sert de caution ethnique, indien geek complexé sans véritable compétence, les auteurs ne semblant pas pouvoir justifier sa présence en soutien de Damien Karp et Hanna Linden. Jusqu'à ce qu'un beau jour, l'un d'entre eux ait une idée magique : et si notre cliente était indienne comme notre chouchou, cela expliquerait qu'il s'intègre à cette histoire. Comme les poissons n'aiment que des poissons, les Indiens ne s'entendent qu'entre eux permettant de fonder toute une histoire sur la familiarité ethnique, avec des rebondissements idiots et un final pathétique.
Franchement, comme storyline idiote et passablement réactionnaire, difficile de faire mieux que ce cauchemar sans intérêt et à la limite du supportable. Creux et inutile, la série tient avec ce jeune Indien le plus mauvais personnage de cet été, écrit par une andouille sans cervelle qui croit visiblement que les chats ne s'entendent qu'avec les chats. Libre à vous de croire au conte de fées du personnage crapaud devenu prince, la vérité est que Pindar reste le boulet de la série, malgré les efforts désespérés du comédien pour lui donner un certain style.
Le fantôme de Malcolm Mac Dowell
Maintenant qu'il est dit combien cet épisode est mauvais et déplaisant, je voudrais faire une parenthèse un peu personnelle pour le grand Malcolm ; acteur brillantissime des films anglais du début des années quatre-vingts. Doté d'une palette de jeu incroyable et d'un sens de l'humour fascinant, Mc Dowell a toujours été un de mes acteurs favoris, me poussant à attendre fébrilement la moindre de ses apparitions. Mais hélas, je ne peux que constater que les créateurs du show, s'ils restent fascinés par Pindar, ne partagent pas vraiment ma fascination pour ce comédien unique.
Qualifier le traitement de son personnage d'humiliant serait un peu fort, mais pas très loin de la vérité, son rôle se cantonnant à des intervalles comiques jouant sur son excentricité. Si les premiers épisodes tentèrent de créer un lien entre Infeld et le duo, leur conversation se limite trop souvent à des réflexions désobligeantes sur la santé mentale du ténor du barreau. Pourtant, voir une dernière fois Malcolm Mc Dowell à la barre, jouant les avocats avec ce style et ce talent unique qui est le sien suffirait à mon bonheur.
Voilà la seule raison qui me fait poursuivre Franklin and Bash, série totalement sur la mauvaise pente, l'espoir que dans un moment futur, Infeld connaisse un traitement digne allant au delà de la seule blague potache. L'espoir fait vivre.
J'aime :
- Peter Bash et Jared Franklin avec leur style unique de plaidoirie
- Jason Alexander en duo avec Patrick Fischler clairement sous-employé
- peu de fêtes à domicile dans cet épisode
Je n'aime pas :
- le thème de la moralité qui ne convient vraiment pas au show
- Pindar qui hérite d'une intrigue nulle une fois de plus
- un récit ennuyeux et mollasson
- pas d'intrigue fil rouge
- un sentiment de fumisterie particulièrement désagréable
Note : 08 / 20
Franklin and Bash se font les gardiens de la moralité ce qui prête à sourire au vu de l'historique des deux héros, jouant ici à humilier leur client. Un épisode ennuyeux, inutilement bavard et qui porte grâce à Pindar une des sous-intrigues les plus idiotes de l'année. Reste quelques apparitions fantomatiques et peu gratifiantes d'un Malcolm Mc Dowell sous-employé, comme le reste d'un casting pourtant de qualité. Agaçant.