Souvenez-vous : Game of Thrones a été une bonne série. Mais ça, c'était avant. Bienvenue dans le premier vrai épisode de cette saison 4 de Game Of Thrones.
De la cohérence !
Enfin. Combien de fois l'ai-je réclamé ? Combien de fois ai-je souhaité que la série forme un tout global et que les actions des personnages, non seulement se répondent, mais aussi convergent vers un objectif ? J'en étais réduit à brûler des cierges à Notre-Dame quand George R. R. Martin est descendu de son nuage pour nous écrire le premier bon épisode depuis ... pfiou, je ne sais même plus quand ... Ce qui est intéressant, c'est qu'à part l'épisode de Blackwater en saison 2, l'ami George n'avait pas exactement pondu les meilleurs épisodes de la série. Je repense ici avec effroi à l'épisode 7 de la saison 3 et ce vieux passage soft-porn italien digne années 70 avec Théon et son plan à trois.
Théon justement. Théon a toujours été pour moi le dernier atout dans ma manche. A tous ceux qui vantaient les mérites de la série, je leur sortais toujours un p'tit « Ouais mais, et Théon ? » de derrière les fagots qui faisait à chaque fois son petit effet. Echec et Mat. Mais là, j'avoue que je suis emmerdé. Car si la série continue sur cette lancée, je ne vais bientôt plus pouvoir le faire.
On a beaucoup reproché aux scènes de Théon d'être précisément ce à quoi elles étaient destinées : justifier le salaire annuel de Alfie Allen. Ici, la donne change grâce au retour de Lord Bolton à Winterfell. Ce personnage a pour effet de créer du lien entre les différents événements. La (belle) scène de rasage lie les éléments entre eux pour donner à Game of Thrones un background solide : la fausse mort des enfants Stark, le « Red Wedding » et Moate Calin. C'est exactement ça qui était absent de la série depuis trop longtemps.
Le fait d'avoir pris le temps (parfois beaucoup trop) pour creuser les personnages trouve son aboutissement dans cet épisode. A la limite, il aurait pu marquer la fin de la saison 3. Non, je corrige ce que je viens de dire : il aurait dû marquer la fin de la saison 3. Chaque storyline de la saison précédente trouve une fin dans ce second épisode de cette saison : la relation Brienne-Jaime, la relation Shae-Tyrion, la vraie nature de la relation entre la Sorcière Rouge, Stannis et sa femme, Bran et ses visions et bien sûr Théon et sa saucisse.
*Petit aparté au passage : Toi, le monteur qui a eu l'idée de ce raccord saucisse, tu es un génie. Je t'aime. Voilà, c'est dit.
Le fait de voir évoluer les personnages au sein d'un même lieu et espace temps est directement profitable au show et permet même de voir de nouvelles associations lolilol (Jaime et Loras qui répond à Cersei – Brienne). Quand Game of Thrones prend le temps de se poser, de laisser le temps à ses personnages de s'exprimer, il gagne à la fois en pertinence et en profondeur. Ce qui est fou, c'est que cette amélioration, en plus d'être souhaité par pas mal de monde, est facile à mettre en place. On a l'impression que les scénaristes cherchent tellement à coller au déroulé du livre, qu'ils avancent petits pas par petits pas au lieu de prendre de vrais risques sans doute plus intéressants. Je ne crois donc pas malheureusement qu'on se dirige vers la fin des mini-scènettes de cinq minutes.
Et du sang !
Il m'avait été quasi impossible de passer à côté de la mort de Joffrey pendant le tournage de cette saison 4. Il faut dire que la production de la série ne m'avait été d'aucun secours. Entre la communication de la série sur les réseaux sociaux très axée #TakeTheThrone et la statue géante du Roi renversée en Nouvelle-Zélande, en passant par Jake Gleeson annonçant sa retraite en tant qu'acteur, rien ne m'avait été épargné. Du coup, j'ai abordé l'épisode avec un recul inédit pour moi : être celui qui sait. Je dois avouer que cela dispose d'un certain charme. Chaque réplique, mouvement d'épaule ou de sourcils de n'importe quel personnage prend alors une saveur particulière. Et ce, pendant près de vingt-cinq minutes.
J'avoue être totalement fan de cette image.
L'épisode se transforme en « Who dunnit » ultime. En effet, à part Cersei et Jaime (et peut-être Tywin ?) tout le monde a intérêt à voir Joffrey disparaître de la Terre. La scène des nains est assez parfaite pour cela. Je me suis repassé les quelques minutes précédent la mort du Roi image par image (c'est la première fois que je faisais ça pour GOT) cherchant qui avait touché le flacon de vin. J'en suis arrivé à deux conclusions :
- Seuls Cersei et « Petit cousin Lannister blond » avaient accès à la bouteille qui était posée devant eux.
- Tyrion et Sansa sont les deux à avoir touchés le verre que Tyrion sert à son neveu.
Je ne sais pas vous, mais moi, je mise sur Sansa. Ou alors, c'est le gâteau qui était empoisonné. Ou alors, c'est son collier. Raaah, je sais plus ... CSI : King's Landing.
Joffrey est sans doute le personnage le plus détesté de la série (de l'Histoire des séries ?). Chacune de ses scènes donnent envie de lui filer une paire de baffe. Ce qui est terrible, c'est que Joffrey est plus une victime qu'autre chose. L'univers de Game Of Thrones pullulent de personnages cent fois plus cruels / méchants que le Roi : son grand-père Tywin qui plannifie le « Red Wedding », Lord Walder Frey qui l'aide à cette tâche, Cersei qui fait empoisonner son mari et qui menace à peu près toutes les personnes qui se trouvent en travers de son chemin, Ramsay l'amateur de saucisse, etc.
En vérité, Joffrey est une double victime : à la fois de la génétique et d'enjeux politiques qui le dépassent. C'est précisément là où l'épisode est très réussi : on éprouve de la tristesse pour la mort de ce personnage. Vraiment. Je n''aurais jamais cru cela possible. Cet empoisonnement n'a absolument rien de cathartique. On en sort même assez triste. Arriver à me faire reconsidérer ma position sur un personnage à l'heure de sa disparition est un exercice d'écriture assez ardu. Well done George. Well done.
Game of Thrones bouscule sa tradition pour la première fois en posant un évenement majeur dès l'épisode 2. Reste à voir si cela va permettre de relancer la série vers un mieux qualitif. J'avoue que – pour l'instant – je reste sur ma réserve.
J'ai aimé :
- La scène d'introduction, paisible bleuette d'enfants courants dans les bois virant au cauchemar et annonçant très bien l'épisode.
- Théon intéressant. This is a fucking miracle !
- Jaime, le personnage qui fonctionne dans tous ces duo. Après Brienne, Bronn is the new sidekick.
- Bran qui continue à être le seul à faire avancer l'intrigue.
Je n'ai pas aimé :
- Bran qui subit un montage hasardeux de ses visions.
- Le jeu d'acteur tout aussi hasardeux de Sibel Kekilli.
- Des liaisons entre les scènes qui continuent à être poussives.
Ma note : 16/20
Bonus par Altair :
Chanson écoutée pendant l'écriture de cette critique : Sigur Ros ... Nan j'déconne ! Ca va pas la tête oh !