Critique : Game of Thrones 7.01

Le 06 août 2017 à 12:16  |  ~ 8 minutes de lecture
Où Ed Sheeran vient tout casser.
Par Koss

Critique : Game of Thrones 7.01

~ 8 minutes de lecture
Où Ed Sheeran vient tout casser.
Par Koss

Sept ans, c'est long. Il y a sept ans, François Fillon était premier ministre et Donald Trump venait tout juste d’ouvrir son compte Twitter. Sept ans d'une vie, c'est suffisant pour apprendre de ses erreurs et mûrir. Pour tout le monde. Sauf pour David Benioff et D. B. Weiss, les deux showrunners de la série (communément appelés ici Chapi et Chapô). Allez, c'est reparti pour une nouvelle année !

 

 

L’exposition de l’exposition

 

Jamais un épisode n'aura été une synthèse aussi parfaite de l'ensemble de leur travail sur la série. À la fois génial et complètement con. Génialement con en somme. Maintenant, la chose est définitivement actée : ce ne sont pas de bons showrunners. Ils ont de bons scénaristes, de très bons réalisateurs, un excellent compositeur (Ramin Djawadi fait encore des merveilles) et de superbes acteurs (même Kit Harington est bon maintenant, c’est fou). En matière de showrunning, de gestion de trames narratives, de constructions et d’agencements d’arc, ils sont un peu à la rue. Pas médiocres. Juste gentiment moyens. Quand on les compare à un Vince Giligan ou à un David Simon, l'écart est vertigineux.

 

Cersei et Jaime

 

C'est, somme toute, un épisode assez feignant, qui se contente de reproduire ce que Chapi et Chapô ont toujours fait depuis le début à chaque ouverture de saison. De l'exposition ? De l'exposition !

Après, ce n’est pas si mal que cela hein, l'exposition. On est là, on est bien. On traîne avec les personnages qu'on aime bien et qu’on connaît depuis fort longtemps et il y a de beaux paysages. Les trente premières minutes sont plutôt bonnes. L’épisode construit, en effet, un parallèle net d'opposition entre Jon/Sansa d’un côté et Cersei/Jaime de l’autre. Dans les deux camps, difficile de voir qui a tort ou raison. Chacun a de bons arguments (même Cersei). Les hommes sont juste garants de la tradition et du patriarcat, tandis que les femmes apportent leur modernité et leurs demandes de changement, avec leur part de roublardise. Le parallèle aurait même pu être poussé plus loin avec une dynamique Dany/Tyrion, qui peut suivre également la même lecture : modernité versus tradition.

 

 

Les Robins des Bois new age, Ed Sheeran et un montage de flatulences

 

À la place, Chapi et Chapô ont préféré passer de très longues minutes avec Clegane et la troupe des Robin des Bois new age. Faire ça en saison 7, c'est aberrant. Il reste moins de quinze épisodes à la série et donc peu de temps pour tout narrer. On se serait presque cru dans un épisode de saison 4 lorsque toutes les trames étaient éclatées dans tous les sens (l’intrigue vient d’ailleurs rappeler un épisode de cette magnifique saison). Passer autant de temps avec le Limier et ses potes n’a pas d’autre intérêt que de souligner l’extrême importance à venir de ce bon Beric Dondarrion (aka l’homme qui ne meurt jamais). C’est vraiment fait avec la subtilité d'un éléphant : si tu n’as pas compris, après ça, son immense rôle à jouer dans le futur, c'est que tu es sourd et aveugle.

Cette totale absence de finesse se retrouve dans la scène d’Arya et d’Ed Sheeran (ce caméo de l'impossible) qui partagent un lapin. Chaque dialogue pèse une tonne et vient surligner le dilemme d'Arya face aux gentils militaires Lannister : « Ma femme vient d'avoir un enfant, tu ne peux pas me tuer. » ou encore « Et moi j'aime bien ma maman, je suis gentil ! ». Merci les gars. Faire comprendre les atermoiements moraux de la jeune Stark n’est pas inintéressant en soi (surtout après s’être tapé son entraînement qui a duré mille ans), mais pas comme ça. Pas avec cette écriture lourdingue de type bourré en soirée.  Après, je suis un peu dur. Cette scène est aussi l’occasion de montrer les conséquences d’une guerre sur le peuple, ce qui a toujours été le fil rouge des aventures d’Arya. Cette fois, on constate que les armées Lannister sont crevées et ont faim, ce qui corrobore ce qu’explique Jaime à Cersei quelques scènes auparavant. Pas si inutile que cela, donc.

 

Daenerys et sa troupe de joyeux lurons

 

Il y a enfin chez David Benioff et D. B. Weiss cette régularité, depuis le début, de faire plaisir aux fans. Par tous les moyens. Dans cet épisode, ça se traduit dans l’ordre par : une apparition badass et express de Lyanna Mormont (adorée des fans), un clin d’œil à la relation Brienne et Tormund (couple largement fantasmé par les fans), Ed Sheeran donc (après Sigur Ros, Snow Patrol ou encore Coldplay) et… Et des pets. Parce que des prouts, c’est rigolo. Ça fait rire les gens. Chaque saison a eu ses deux-trois vannes là-dessus. Cette année, ils se sont surpassés avec ce montage sur Samwell Tarly, qui frise la performance d’art contemporain (chapeau au type qui a dû monter ça au passage). J’ai hâte d’être l’année prochaine.

 

Au final, on obtient un épisode baroque, brinquebalant et tiraillé entre tous les bons et mauvais côtés du show. Il y avait mille et une manières de faire débuter cette saison. Chapi et Chapô ont clairement choisi la voie la plus facile. Et au bout du compte, lorsque viendra le bilan de leur travail de showrunners, c'est bel et bien ce qu'on risque de retenir. Pour sept ans, ce n’est pas cher payé. Qu'on soit François Fillon ou pas.

 

J’ai aimé :

 

  • L’apparition d’Ed Sheeran qui fait la promo de sa "nouvelle chanson" ouvre grand la porte à un futur caméo de Taylor Swift. On y croit !
  • Pilou Asbæk, l'interprète d'Euron Greyjoy, qui a radicalement changé son (ridicule) jeu de l’an dernier.
  • La musique de Ramin Djawadi, notamment sur l’arrivée à Peyredragon, en fin d’épisode.
  • Cette apparition inattendue de Jorah Mormont (qui va être sans doute guéri par le verredragon de l’épée du père de Sam. Jorah devrait ensuite conduire Sam voir Dany).
  • On se dirige tout droit vers une Stark réunion.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • L’intégralité des scènes avec Clegane et la Fraternité sans bannière.
  • Les deux scènes avec Arya : la première, too much et la seconde, inutile.
  • Le semi foutage de gueule méta de la dernière réplique de Daenerys : "Allez cette fois, on s’y met !".

 

Ma note : 13/20.

 


Le Coin du Fan :

 

Cette année encore, le Coin du Fan est de retour ! On tente de vous décrypter pendant sept épisodes et critiques, les clins d’œil, teasings et références du show. Hey ho, let’s go :

 

  • La maison où s’arrête le Limier et la joyeuse compagnie des Robins des Bois est bien la même qui avait accueilli Clegane et Arya en saison 4. Le Limier annonce en sortant à Arya que le vieil homme et sa fille vont sûrement mourir, l’hiver arrivant.

 

Clegane en saison 4 et les paysans

 

  • Cette petite maison apparaît d'ailleurs pour la première fois dans le générique :

 

La petite auberge à la croisée des chemins

 

  • Peyredragon (Dragonstone en VO) serait donc la clef de tout. L’endroit où se trouve le verredragon, dans une mine devant laquelle passe justement Daenerys :

 

La mine de Dragonstone

La mine de verredragon sur la carte

 

  • Le lion Lannister remplace l'étoile de la Foi des Sept au-dessus du Trône de Fer :

 

Le lion remplace l'étoile à sept branches

 

  • Les leçons de Ned bien apprises par Benjen et Jon :

 

Oncle Benjen

« Benjen : Tu sais ce que m'a dit mon frère une fois ? Que rien de ce que dit quelqu'un avant le mot "mais" ne compte vraiment.

Jon : Tu sais ce que père disait souvent ? Tout ce qui est avant le mot "mais" est de la merde. »

 

 

  • Un p’tit malin s’est amusé à retranscrire tout ce qui apparaissait à l’écran des livres interdits. Cela semble confirmer que le verredragon est la clef pour guérir la maladie de Jorah.

 

  • L’épée de la famille Umber (rien à voir avec Uber) se transmet de père en fils :

 

Jon Umber aka Greatjon

Jon "Greatjon" Umber (en saison 1)

Jon Umber aka Smalljon

Jon "Smalljon" Umber (en saison 6)

Ned Umber

Ned Umber (en saison 7)

 

 

Bonus :

 

Cersei et Jaime jouent

 

À la semaine prochaine avec la critique de Puck !

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