Elle craint un peu cette saison 7, non ? Avouez-le, à part peut-être la prise de Highgarden et le méchoui de Lannister de l'épisode 4, on n'a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n'est une avalanche d'inepties digne des telenovelas les plus douteuses (avec en point d'orgue cet épisode 5 tout droit sorti des antichambres des Enfers). C'est donc d'un pas plus que nonchalant que votre serviteur se chargeait d'endurer ce sixième épisode, censé occuper le poste de pseudo-épisode 9 dans cette saison qui aura au moins eu le bon goût de ne pas s'étirer en longueur. Malgré ces réticences, la magie opéra-t-elle pour ce sombre impie de rédacteur, qui avait cessé de croire en Game of Thrones et ne guettait plus ses nouveautés que d'un œil épuisé et indifférent ? La réponse tout de suite dans votre site d'investigation sérielle préféré !
Bon ben, quand faut y aller...
Dracarys ex Machina
Autant tuer le suspense dans l'œuf : non, l'écriture ne s'est pas franchement améliorée depuis le cataclysme de la semaine dernière, et c'est avec un mélange de consternation et d'amusement que nous retrouvons notre joyeuse troupe de compères partir à l'aventure dans un maelstrom de plot holes et autres facilités scénaristiques. Si l'idée même de l'expédition des sept mercenaires au grand cœur était un monument de bêtise, son exécution n'est en effet pas en reste : ainsi, à une enfilade de dialogues fan service fleurant bon l'artificialité, succède un enchaînement de scènes d'action au suspense galvaudé où ne meurent que les figurants (et Thoros de Myr... bon, c'est pareil), et où les autres trouvent leur salut grâce à un festival de deus ex machina que n'aurait pas renié Michael Bay (mention spéciale à Oncle Benjen, alias le Chevalier aux Bolas de l'Enfer). Seule la fin de l'épisode parvient à surprendre et à enthousiasmer, constituant une belle promesse pour la saison finale du show (tout en infligeant un coup probablement fatal à la théorie qui ferait de Tyrion un Targaryen : pas de dragon, pas de spéculation à la con !).
"Que je trépasse si je ne sauve pas un personnage majeur d'une mort certaine à la dernière minute une fois par saison !"
Pas de consolation à trouver non plus du côté de Winterfell, capitale des drama queens chargées de faire gonfler artificiellement la durée et l'intérêt de la saison. Si la réunion improbable des Stark avait de quoi séduire et intriguer il y a encore quelques épisodes de cela, la plaisanterie va trop loin lorsqu'elle tente d'opposer les deux sœurs sur des mobiles bien fragiles, au détriment de l'écriture du personnage d'Arya, aussi subtile qu'une adaptation d'Uwe Boll. Sans doute conscients de la perte critique de profondeur de leur série depuis son affranchissement du support d'origine, nos deux showrunners favoris semblent vouloir compenser en renforçant l'ambiguïté de leurs personnages fétiches : pour Arya, c'est donc raté. En revanche, le procédé s'avère un peu plus engageant dans le cas de Daenerys, dont l'impulsivité et l'inflexibilité sont depuis quelques épisodes remises en question, et confrontées de surcroît avec la realpolitik teintée d'humanisme (sic) de Tyrion (lequel connaît d'ailleurs ses propres échecs). Nullement étonnant dans ce contexte que leurs échanges constituent aisément les séquences les mieux écrites de l'épisode (plus convaincantes en tout cas que le babillage incestueux qu'on nous sert en fin d'épisode...).
"Libérééééée ! Délivrééééée ! Jon s'est enfin agenouillééééé !"
Panem et Circenses
Rien donc, dans cette écriture paresseuse et bon marché, ne semblait pouvoir faire de Beyond the Wall un moment phare de la série (ce qu'il n'est d'ailleurs assurément pas). Et pourtant, il se pourrait bien qu'on tienne là le meilleur épisode d'une saison 7 au demeurant médiocre. Le mérite en revient grandement à un homme. Son nom ? Alan Taylor, obscur yes-man ayant signé quelques rares films oubliables (dont cette bousasse interstellaire de Terminator Genisys), mais s'étant illustré dans une carrière télévisuelle aussi dense qu'inégale, où se côtoient le pire (The Playboy Club) et le meilleur (Homicide, Les Soprano...) : le gaillard n'est d'ailleurs pas un inconnu de la maison, puisqu'il avait chapeauté quelques belles livrées de Game of Thrones (notamment le tristement célèbre épisode 9 de la saison 1, Baelor). Toujours est-il qu'au travers d'une mise en scène efficace, parfois intelligente (le très beau double travelling qui ouvre l'épisode entre une Daenerys se projetant virtuellement sur son continent et la destinée sinistre qui l'attend au nord du Mur) et même poétique (le ballet sous-marin macabre des morts sous la glace), Taylor parvient à sublimer un script qui ne brillait ni par son originalité, ni par sa profondeur.
C'est kitch mais c'est cool ! (part one)
Au final, on se (sur)prend à vibrer devant les mésaventures des sept gladiateurs de l'arène hivernale, au détour de séquences rythmées et filmées avec soin (la charge des morts est à ce titre particulièrement réussie). À frissonner devant l'envol de Daenerys et son arrivée ardente sur le champ de bataille. À jubiler devant la réincarnation de Viserion en dragon zombie qui promet de péter des fondements en saison 8. On en vient presque à pardonner les innombrables absurdités et incohérences qui émaillent le show non seulement dans cet épisode, mais depuis plusieurs saisons déjà. Tout cela parce que Beyond the Wall nous offre à la perfection la seule chose qui reste à Game of Thrones depuis la perte cruelle de son réalisme froid et de sa complexité psychologique et géopolitique : l'épique. Ça, et rien d'autre.
C'est kitch mais c'est cool ! (part two)
Game of Thrones est morte. Depuis un petit moment déjà. On l'a nié au début, pensant que l'œuvre de George R. R. Martin était suffisamment porteuse pour que la série parvienne malgré tout à s'achever avec les honneurs. Puis vint la colère, sentiment légitime devant le gâchis qui s'opérait sous nos yeux, avec en terne climax cette infâme saison 5. Sa successeuse initia le temps du marchandage : on pouvait bien passer outre quelques maladresses, en échange de moments de grâce rappelant la gloire des temps anciens (The Door, Battle of the Bastards). Hélas, la dépression ne tarda pas à se manifester avec ce début de saison 7 des plus navrants : non, Game of Thrones ne serait plus jamais la belle série qu'elle a été autrefois. Il convient aujourd'hui de l'accepter, et quoi de mieux qu'un bon gros blockbuster comme ce Beyond the Wall pour faire passer la pilule ? Game of Thrones est morte. Vive Game of Thrones !
J'ai aimé :
- Pour la première fois de la saison, une réalisation à la hauteur (non les amis, la bataille de l'épisode 4, c'était cheum, cherchez pas).
- Épique épique et colegram.
- Un bon dragon est un dragon mort.
Je n'ai pas aimé :
- Pour la énième fois de la saison, une écriture débile.
- Winterfell, c'était quand même plus drôle avec Ramsay.
Ma note : 14/20.
Le Coin du Fan :
- C’est la question la plus importante de la semaine : le corbeau supersonique et Gendry Bolt, est-ce possible ? Selon un utilisateur de reddit, oui :
- Pour ce qui est de Gendry, on peut estimer son retour au mur à 4 heures.
- La distance de Castle Black à Winterfell est de 600 miles (soit 965 km). Un corbeau va à la vitesse moyenne de 24 miles par heure (soit 38 km/h), et peut donc faire le trajet en 25 heures.
- La distance de Winterfell à King’s Landing est d’une centaine de miles (soit environ 160 km). La distance de King’s Landing à Dragonstone fait le même nombre de km/miles. Un corbeau va donc mettre 8 heures pour faire ce trajet.
- Pour ce qui est des dragons, l’auteur du post estime qu’ils se déplacent à 175 miles par heure (soit 285 km/h). Cependant, dans le célèbre jeu de rôle "Donjons et Dragons", ils sont censés voler à une vitesse d’environ 80 miles par heure (soit 128 km/h), ce qui me semble plus raisonnable. Le trajet Dragonstone jusqu’à Jon et sa bande est d’environ 11 heures.
Au total : Gendry + le corbeau (à supposer qu’il ne s’arrête jamais) + le dragon = 4 + 25 + 8 + 11 = 48 heures, soit deux jours complets. On peut ajouter une demi-journée de plus avec les pauses. Donc, deux jours et demi.
Maintenant, concernant Jon : une eau gelée doit faire environ 10 cm d’épaisseur pour supporter plus d'une tonne (voir graphique ci-dessous). L’auteur du post estime que la température est d’environ -10 degrés Celsius (et je suis assez d’accord avec lui là-dessus). Une eau qui gèle à cette température prend environ 4 cm par jour. Donc pour arriver à 10 cm, il faut deux jours et demi.
Au final, les premiers zombis peuvent s’aventurer sur la glace et Dany peut arriver juste après. Cela suppose cependant pour Jon et sa bande de rester par -10 degrés, plus de deux jours complets, sans manger et en rationnant leur eau.
- L’épée de Jon "revient à la vie" quand il sort de l’eau :
Avant / Après
- La mémoire défaillante d’Arya :
Arya : « Je me souviens de toi, debout sur la plateforme. »
Sansa : « Arrêtez-le ! Arrêtez ! »
Bonus :
À la semaine prochaine pour le grand final, avec la critique de Gizmo !