Quand j'ai vu ce pilot, je peux l'avouer maintenant, j'ai été inquiet, très inquiet… Pour moi, Game of Thrones courait droit à l’annulation, c’était certain.
Pourquoi ? Parce que Game of Thrones, ce n’est pas True Blood et ce n’est pas The Walking Dead. Il n’y a pas d’étalage de violence, de sexe, de moments purement bourrins. Game of Thrones c’est un récit complexe, qui prend le temps de se poser, de présenter ses personnages, ses lieux et ses intrigues. Comme beaucoup de séries d’HBO. Le problème là-dedans, c’est que celle-ci ne peut pas se le permettre. C'est la série la plus ambitieuse de la chaîne, avec un budget de 10 millions de dollars pour chaque épisode (rien que ça). Elle ne peut pas se permettre de perdre des spectateurs en route, comme elle l’a fait avec The Wire. Elle ne peut pas se permettre une histoire aussi complexe avec autant de moyens.
J'aime HBO
Et c’est là que je me dis que j’adore vraiment cette chaîne. Oser un truc pareil, avec le budget d’un blockbuster, c’est complètement fou. Fuck les audiences, j’ai pris mon pied comme jamais devant ce pilote. Je suis tellement content qu’HBO n’ait pas choisi la voie de la facilité, qu’elle ait décidé de conserver une structure un peu romanesque (la série est l’adaptation de la saga du Trône de Fer, de George R. R. Martin) sans prendre le spectateur pour un con.
Si comparaison il devait y avoir, je crois que je rapprocherais la série d’un The Wire fantastique (vous pourrez m’insulter à la fin pour la comparaison foireuse), dans le sens où il y a des dizaines d’intrigues différentes, toutes plus ou moins liées les unes aux autres, et vouées à se resserrer de plus en plus. C’est une série à ramifications. Alors au début, c’est dur de s’y retrouver, on a l’impression que tout le monde est le frère ou la sœur ou le père ou l’oncle de quelqu’un (vive l’inceste !), mais les scénaristes ont quand même bien essayé de clarifier tout ça et on prend ses repères assez vite.
Donc l’intrigue avance pour le moment sur trois plans. Le premier, c’est celui présenté lors de la première scène, c'est-à-dire le retour des monstres morts vivants, qui avaient disparu depuis des millénaires. Un retour dont personne n’est pour le moment au courant étant donné que le seigneur du Nord décapite celui qui sait. Le deuxième, c’est les magouilles politiques entre le seigneur de Winterfell (Boromir) et le souverain du royaume des Sept-Couronnes, qui sont, je dois dire, assez intéressantes pour le moment. Et le troisième c’est encore des magouilles politiques, mais sur un autre continent, avec un frère qui force sa sœur à se marier contre son gré avec le chef d’une tribu de sauvages. Cette histoire me passionne moins pour le moment, mais a quand même carrément capté mon intérêt sur la fin. Les deux magouilles politiques n’ont pour l’instant aucun lien, mais gageons qu’elles vont se croiser tôt ou tard.
Camelot peut aller se rhabiller
Tout ce petit monde évolue dans un univers de fantasy assez réussi, digne d’un LSDA ou d’un Assassin royal. HBO oblige, c’est un monde noir, où on dit "fuck", où on décapite et où on baise. Mais c’est aussi un monde très vieux, et le poids des âges semble peser sur le moindre décor, décors sublimés par le boulot de taré qu’ont fait les décorateurs et les infographistes (il n’y a qu’à voir le mur de glace au début, c’est hallucinant). C’est magnifique, ça je pense qu’il n’est pas nécessaire de le préciser, mais c’est surtout doté d’une âme. Il y a derrière chaque brique, chaque arme, chaque échoppe un travail minutieux pour rendre la chose le plus réaliste possible (on est très loin des décors propres et scintillants de Camelot). Bref on sent vraiment toute l’histoire qu’il y a derrière les lieux, les costumes et les accessoires ayant bénéficié du même soin.
Ensuite, j’ignore comment les scénaristes s’y sont pris, mais où qu’on soit, on sent vraiment la présence d’une magie oubliée, sans qu’elle ait été évoquée une seule fois dans l’épisode.
Concernant le casting, c’est impeccable. Les personnages sont on ne peut plus crédibles (même si Boromir a pris un peu de poids) et les acteurs sont franchement à l’aise dans leur rôle. Je n’ai remarqué aucune fausse note dans le jeu, voire même j'ai été surpris par la justesse et la non-conformité des acteurs. A noter que les deux gamins sont vraiment excellents pour leur âge. La seule qui m’a un peu gêné c’est la blonde sur l’autre continent qui tire constamment la gueule en regardant le ciel. Bon je me dis que ça peut s’améliorer… C’est vrai que les circonstances ne se prêtaient pas tellement à ce qu’elle éclate de rire.
Il n’y a pas grand-chose de plus à dire de ce pilote, car presque rien ne se passe au final. C’était surtout un énorme épisode d’exposition, absolument nécessaire vu le nombre incroyable de protagonistes qu’il y a (auxquels d'autres vont s'ajouter, à n’en pas douter). Ce que je retiendrai surtout de la série à l’heure actuelle, c’est son incroyable potentiel au niveau des intrigues, qui ne demande qu’à être libéré dans les épisodes suivants.
En plus le cliff de fin est cool.
J'aime :
- Les acteurs, juste incroyables.
- Les décors, juste sublimes.
- L'épisode, juste époustouflant.
Je n'aime pas :
- La blonde qui tire la gueule.
- Ne pas savoir comment on fait les petites flèches marrantes pour lister ce qu'on a aimé et pas aimé. (MAJ : c'est la liste à puce comme dans Word !)
15/20