Waiting Shellburne
Joe White est de retour à Hawaii, l'arrestation de Wo Fat lui offrant l'opportunité de mener Mc Garrett jusqu'à Shellburne qu'il tient toujours sous sa protection. Seulement, au même moment, le détective Fryer est abattu de sang-froid après avoir reçu un appel sur sa radio le menant tout droit dans un piège. Le Five-O se rend sur les lieux en urgence, mais c'est alors Max qui est victime d'un second coup de feu, le tueur visant visiblement des membres du HPD.
Résumé de la critique
Un épisode frénétique et un rien désordonné que l'on peut détailler ainsi :
- quinze minutes de grand spectacle
- une scène entre Steve et Danny irrésistible
- un final trop chargé sans être mauvais
- un bilan de cette saison deux
Un démarrage explosif
En proposant dès la première scène l'arrivée de Joe White, l'épisode ne lésine pas sur les moyens pour installer une tension assez forte, celle d'un premier quart d'heure qui multiplie les séquences explosives. Le meurtre de Fryer pose d'entrée les enjeux, suivi du coup de feu sur Max qui place l'équipe de Mc Garrett face à un ennemi inconnu qui a clairement un compte à régler avec la police d'Hawaii. Par le biais d'une réalisation impressionnante, les auteurs nous offrent un scénario tendu et palpitant qui ne fait pas dans la finesse, renouant avec le dynamisme et l'enthousiasme du début de saison.
L'énergie débridée de ce démarrage va évidemment retomber par la suite, la faute au manque de développement de la mythologie autour de Frank Delano. L'absence de contexte de l'enquête du jour va empêcher de construire une intrigue digne de ce nom, les révélations reposant essentiellement sur Max. La seconde partie de l'épisode va alors s'efforcer de fournir une conclusion convaincante à une histoire assez superficielle, symptomatique d'une écriture dans l'urgence après les nombreuses incertitudes qui ont dû perturber la construction de cet ultime épisode.
L'occasion de saluer l'effort et l'efficacité d'une introduction qui amène un vrai souffle de panique au sein de la police de Hawaii et de l'équipe de Mc Garrett. Certes, la conclusion reste légèrement maladroite, mais le divertissement est assuré par une réalisation impressionnante, retrouvant avec plaisir un héros plutôt en forme, prêt à prendre tout les risques. Délaissé pendant un bon moment, le duo Williams - Mc Garrett se reforme lors d'une scène de voiture hilarante, occasion parfaite pour les scénaristes de reprendre leurs marques.
L'affrontement de deux tempéraments
Une fois la folie des quinze premières minutes passées, les auteurs marquent une rupture forte en insérant une séquence Steve - Danny qui casse le rythme, mais fournit l'une des passages les plus drôles de la saison. Le rythme des échanges est impeccable, offrant une intégration rapide et convaincante de l'arc concernant la demande de Rachel pour avoir la garde totale de Grace. A la fois drôle et touchant, Scott Caan est un acteur particulièrement empathique et convaincant, offrant l'occasion aux auteurs de se dépêtrer de la chute de la mauvaise inspiration de la saison dernière concernant le départ de sa famille.
Si l'intrigue de Danny est réussie, la grande ambition de cet épisode était avant tout d'en finir une bonne fois pour toute avec Shellburne, justifiant le retour d'un Joe White dont la disparition avait marqué le début d'une crise forte de l'équipe créative. Porté comme un fardeau, ce secret aura failli couter cher à la série, les auteurs ayant même essayé de se débarrasser en cours de route de cette fausse bonne idée. Plutôt bon lors de ses confrontations avec Mc Garrett, Terry O'Quinn va réhabiliter cette storyline en portant le poids de cette tentative d'avortement narrative, donnant une dimension tragique à l'épisode même si son personnage peine une nouvelle fois à trouver vraiment sa place.
Les confrontations sont nombreuses dans cet épisode et semble vouloir être sur le thème de la saison trois à venir maintenant que l'identité de Shellburne est connue. Une révélation qui porte la patte d'Alex Kurtzman et Roberto Orci, donnant à ce final un petit parfum évoquant l'âge d'or de la série Alias. Tâche difficile, mais indispensable, cette découverte parvient à surprendre tout en restant cohérent, n'entraînant pas de rupture dans la continuité du show, point positif d'un season final hélas pas exempt de reproches.
Un final très brouillon
Très attendu, cette fin de saison réussit parfaitement la révélation concernant Shellburne, mais se prend malheureusement les pieds dans le tapis concernant la conclusion de l'intrigue du jour. L'enquête parait pour le moins bâclée et la scène finale concernant Chin très mal amenée, pièce rapportée qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Le problème de sa confrontation avec Franck Delano vient de sa mauvaise mise en valeur, souffrant d'un problème de timing flagrant dû sans nul doute à l'absence de certitude concernant la présence d'Alex O'Loughlin que les auteurs ont anticipé, causant une rupture flagrante dans le déroulement de l'intrigue.
Malgré la qualité du premier acte, les auteurs n'ont pas réussi à masquer les nombreuses incertitudes qui ont perturbé le processus de fabrication de cet épisode. Difficile donc de ne pas être indulgent avec ce petit accroc, l'amateur de H5O que je suis préférant apprécier la sensation d'une certaine cohérence dans la construction de la saison. Les espoirs porteront sur le premier épisode de la saison trois qui se chargera d'apporter un peu de clarté à dix dernières minutes, challenge difficile dont les scénaristes auraient peut-être mieux fait de se passer.
En conclusion, un bon season final grâce à un premier quart d'heure explosif, offrant un déluge d'action et de cascades en tout genre. Se remémorant leur travail sur Alias, les scénaristes nous offrent un épisode plutôt réussi et résolvent avec succès le problème Shellburne, même si cela se fait au détriment d'un final maladroit. Dynamique et plaisant, une conclusion satisfaisante pour une saison globalement inconstante qui aura clairement connu de gros problèmes dans le second acte.
Le refus de la trahison du père
Point de départ de la saison, le père de Mc Garrett aura joué un rôle important dans la mythologie de cette année, ses liens avec Wo Fat et le gouverneur plaçant Steve en plein doute. La saison avait donc comme but de donner une justification à cette trahison pendant que le héros retrouvait lentement ses repères et sa capacité à faire confiance aux autres. Seulement, cette refondation de la série qui avait si bien commencé durant la première moitié de saison va se heurter au problème Shellburne, un mystère qui va entrainer la série dans le chaos, s'ajoutant aux nombreux problèmes externes regrettables subis par la série.
Inégal, la saison le fut clairement, ne parvenant pas à se sortir d'un twist raté concernant l'inspecteur Williams et sa famille. Le vrai problème concernant Danny réside dans la construction de ce personnage, un flic du New-Jersey venu à Hawaii pour rejoindre sa fille qui n'avait donc aucune raison de rester sans elle en dehors de son amitié avec Mc Garrett. Incapable de se sortir de leurs mauvaises inspirations, les scénaristes ont choisi la solution la plus juste en ramenant la série à ses bases le temps de résoudre les problèmes structurels du show, sacrifiant au passage le personnage pourtant réussi de Lorie Weston.
Moins ambitieuse, cette seconde moitié de saison se sera appuyé sur la qualité du jeu de Scott Caan, sur une réalisation remarquable et quelques intrigues plaisantes. En vieux routier des séries télévisées, Freeman, Kurtzman et Orci ont réussi à mener à bien une saison difficile, offrant une fin encourageante pour la suite. S'appuyant sur un bon mélange entre action et investigation, H5O nous laissera cette saison le souvenir de trois épisodes majeurs, le 2x01, 2x05 et 2x10 qui auront montré tout le potentiel d'une série chaleureuse et spectaculaire.
Conclusion honnête et plaisante, ce season final retrouve une certaine ambition, mais se heurte au manque de contenu et de développement de la mythologie concernant Frank Delano. Inégal, cet épisode a au moins le mérite de donner les réponses que Mc Garrett cherchaient, justifiant la trahison d'un père en remettant au centre de la série la famille comme une valeur indiscutable. Après s'être battu contre un fantôme, Steve hérite désormais d'une mission claire et précise qui devrait permettre de donner une base suffisamment solide à une saison trois moins chaotique pour l'équipe créative.
J'aime :
- quinze premières minutes remarquables
- une scène entre Scott Cann et Alex O'Loughlin hilarante
- la révélation concernant Shellburne
- la direction artistique impeccable
Je n'aime pas :
- la conclusion concernant Chin beaucoup trop confuse
- des grosses cassures dans le rythme de l'épisode
Note : 13 / 20
Un season final réussi qui nous offre un démarrage explosif et impressionnant grâce à une qualité dans les scènes d'action et les cascades dignes d'un production cinématographique. Hélas, légèrement confuse, la conclusion ne parvient pas à fonctionner pleinement, même si la révélation concernant Shellburne a le mérite de relancer efficacement la mythologie de la série.
Ainsi s'achève la saison deux d'Hawaii-Five-O. Je remercie évidemment Serie-All, nos formidables correcteurs et plus personnellement Samy et Amélie pour les nombreux coups de main durant toute cette année et les deux coffrets de NCIS LA. A bientôt en octobre pour la saison trois.