Critique : Injustice 1.01

Le 22 août 2011 à 19:34  |  ~ 6 minutes de lecture
Dans la série "Sephja regarde des trucs bizarres", voici Injustice, un polar torturé à l'anglaise qui mérite le coup d'oeil.
Par sephja

Critique : Injustice 1.01

~ 6 minutes de lecture
Dans la série "Sephja regarde des trucs bizarres", voici Injustice, un polar torturé à l'anglaise qui mérite le coup d'oeil.
Par sephja

Injustice partie 1 

William Travers est un avocat réputé, un défenseur acharné du droit qu'un incident grave a poussé à quitter Londres pour le Suffolk. Emmenant sa famille avec lui, il a contraint sa femme à abandonner son travail pour un nouveau poste à la prison. D'apparence impeccable, cet avocat cache pourtant un sombre secret, celui d'un homme qui a perdu la foi dans la justice.

 

 

Resumé de la critique : 

Un épisode d'installation efficace que l'on peut décrire ainsi : 

  •  un héros torturé appuyé par une narration au rythme surprenant 
  •  un épisode qui met en place des personnages pour montrer les différents visages de la justice 
  •  un visuel remarquable et des comédiens très bons 
  •  beaucoup de secrets qui font qu'il est difficile d'évaluer encore le potentiel du show.

 

 

La justice est un métier 

Série anglaise à l'ambiance sombre et mystérieuse, Injustice raconte l'histoire d'un brillant avocat, William Travers, qui a quitté Londres pour la campagne suite à un traumatisme que personne ne souhaite évoquer. La série nous fait donc découvrir les deux aspects de la vie de cet homme qui fuit visiblement son passé et cache à ses proches la réalité sur son état. Jouant volontairement à nous garder dans l'ignorance le plus total sur les origines de ce trouble, Injustice peut déboussoler par son rythme étrange et la volonté appuyée des auteurs de ne rien expliquer. 

Dans le flou total, le spectateur doit s'adapter, la série nous apportant les pièces d'un puzzle qui devraient occuper les épisodes suivants. Ce pilote d'exposition parvient en tout cas à montrer les deux visages d'un héros très tourmenté, possédant une conception très personnelle de ce qui est juste et de ce qui n'est pas. Pour bien appuyer cette dualité, le script nous introduit à deux autres personnages qui possèdent eux aussi un lien avec le monde de la justice, nous introduisant à la nature très relative de la justice.

 

L'injustice est une fatalité 

Contrairement à Travers qui siège dans les bureaux des tribunaux, sa femme Jane est, de part son métier, directement en contact avec le milieu carcéral. Sa mission consiste à initier les prisonniers les plus jeunes à la lecture afin de faire vivre la bibliothèque de la prison, mais fait surtout d'elle un témoin privilégié de l'efficacité de celle-ci. Son rapport aux prisonniers est délicat, cette storyline parvenant à maintenir l'atmosphère de tension qui règne au sein de cette série. Encore un peu vague, les scénaristes d'Injustice posent les premières briques d'une histoire ambitieuse qui ne se dévoile pas encore, mais lance des pistes intéressantes pour la suite. 

Mark Wenborn est le troisième personnage important de l'intrigue, un détective qui possède une conception forte de la justice, refusant de soutenir son coéquipier pris par Travers en flagrant délit de mensonge. Limier d'une nature assez teigneuse et doté d'un bon instinct, il hérite d'une histoire de meurtre qui permet de l'intégrer dans l'univers sombre de la série. Tout cela pourrait sembler assez mince du point de vue du scénario si les créateurs ne profitaient  pas de ce rythme lent pour donner une vraie épaisseur aux personnages et fournir du matériel à des comédiens inspirés. 

 

Des comédiens justes et efficaces 

Centre d'une histoire tordue et complexe, James Purefoy se retrouve en première ligne et parvient avec subtilité à laisser apparaître les traces de ses traumatismes encore tenus sous silence. Impeccable, il forme avec Dervla Kirwan un  couple d'un naturel confondant, le show ayant la bonne idée de nous épargner les habituels psychodrames familiaux de ce type de série. Charlie Creed-Miles vient clôre ce casting étonnant qui parvient à trouver le ton juste pour exprimer la complexité de leur personnage.

Série judiciaire et criminelle, Injustice abuse de quelques effets un peu balourd pour appuyer une ambiance lourde, mais propose malgré tout un visuel de qualité, avec des images épurées qui permettent de se sentir au plus prés des personnages. Les gros plans et les champs contre-champs donnent une impression d'enfermement, celui d'un homme qui garde caché au fond de lui une souffrance dramatique. Injustice, c'est avant tout l'histoire d'une solitude, d'un homme qui a coupé tout contact avec le réel et qui perd lentement tout contact avec la société qui l'entoure.

 

Entre non-dit et silence, une série singulière

Une fois le pilote achevé par un cliffhanger final troublant et glaçant, difficile de ne pas être à la fois enthousiaste devant le potentiel de cette histoire complexe et circonspect devant le nombre de zones d'ombres du récit. Comme dans le cas de The Shadow Line (on retrouve d'ailleurs l'excellent David Schofield, encore dans un rôle de policier) seuls les épisodes à venir pourront nous permettre de savoir si Injustice est une grande série ou pas. Le potentiel est en tout cas présent, même si l'épisode se limite ici à une simple exposition pour nous permettre de nous familiariser efficacement avec les personnages. 

Un pilote troublant et dérangeant, porté par un James Purefoy impressionnant, mais qui laisse trop de questions en suspens pour convaincre totalement. La curiosité l'emporte pour l'instant devant cet objet étrange et étonnant, ayant l'objectif de pénétrer l'esprit torturé d'un avocat qui a perdu toute notion du bien et du mal. Un voyage dans les ténèbres de cinq épisodes qui a mis la barre assez haute avec ce démarrage glaçant, mais va avoir pour difficile tâche de proposer une intrigue qui soit à la hauteur.

 

J'aime : 

  •  sombre, torturé et dérangeant, porté par un James Purefoy formidable 
  •  un épisode qui pose efficacement les différents personnages 
  •  un visuel asphyxiant et glacial parfaitement dans le ton du scénario 
  •  un final surprenant et prometteur 

 

Je n'aime pas : 

  •  difficile de savoir si la série va pouvoir se maintenir à ce niveau 

 

Note : 14 / 20 

Un pilote de qualité pour une série ambitieuse, offrant une plongée dans l'esprit torturé d'un avocat en pleine crise. Très / trop mystérieux, un premier pas dans un univers étrange qui ne permet pas encore de juger de la qualité de l'ensemble. Fascinant et assez obsédant.

L'auteur

Commentaires

Avatar Dartagnen
Dartagnen
Ça va plus être possible, après The Shadow Line et The Hour, voilà que tu me donnes aussi envie de regarder Injustice... Je le garde au chaud dans un coin quand j'aurai plus de temps !

Avatar sephja
sephja
il n'y a pas encore de sous-titres donc tu peux le mettre en attente. Merci de m'avoir lu.

Avatar Altaïr
Altaïr
Arg une série avec James Purefoy appréciée par Sephja, ça fait au moins deux bonnes raisons d'essayer...

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